Isabelle Anoh : "le teint clair n’est pas forcément signe de beauté"

A l’occasion de la 10ème édition de l’évènement annuel de la mode africaine, Afrik Fashion Show, l’initiatrice Isabelle Anoh a accepté d’échanger avec le site afriquefemme.com sur l’organisation de l’évènement qui se déroulera du 11 juin au 13 juin 2015. Notre animatrice n’a pas hésité à donner son avis sur certains sujets et au passage nous révèle ses secrets de beauté et sur sa vie de femme.

Nous sommes à deux jours de Africk Fashion Show, comment se passe l’organisation?

Beaucoup de stress, mais tout est en train de bien se ficeler, on espère que ça sera une belle fête, aussi bien, déjà pour le grand public qui va se déplacer, pour tous les acteurs de la mode et également pour nous aussi. On espère que les choses vont bien se passer.

D’où est venue cette idée d’organiser ce type d’évènement?

L’idée part déjà de l’émission télé tendance et de cette envie de faire de la côte d’ivoire une plaque incontournable de la mode africaine. Comme on le dit souvent Abidjan fut peut être la capitale de la mode africaine mais elle fut très vite rattraper. Donc il était question d’organiser quelque chose, de mettre en tout cas sur un même podium aussi bien des stylistes nationaux qu’étrangers.

Au début comme vous l’aviez dit c’était tendance, pourquoi avoir changé pour Afrik Fashion Show?

Bon, je pouvais l’appeler Abidjan Fashion Show, mais j’hésitais beaucoup entre Afrik Fashion et Abidjan Fashion. Et après pourquoi Afrik Fashion Show? Comme c’est toute l’Afrique qui se retrouve et qu’on devait montrer une autre image de ce beau continent. Il était important pour nous de rassembler toute l’Afrique en Côte d’Ivoire.

Y a-t-il quelque chose de particulier cette année?

Bon déjà on était sur quatre jours avant, après on a décidé de faire l’événement sur une seule soirée. Pour cette 10ème édition, on a décidé de faire sur 3 jours l’événement du 11 juin au 13 juin. Chaque jour a sa spécificité en fait. On va débuter cette édition avec un défilé de la relève créative, une véritable conférence pour nous permettre d’échanger véritablement sur la contrefaçon qui touche vraiment le domaine de la mode, en Côte d’Ivoire et partout ailleurs. Ensuite, il y aura la grande soirée que tout le mode connait, le 13 juin au palais des congrès du Sofitel Hôtel Ivoire avec une quinzaine de créateurs.

Sur quels critères vous vous basez pour choisir vos participants, stylistes et invités?

Quant on arrivait, il existait surement des évènements de mode. Donc il fallait des créateurs confirmés. On leur donne un espace pour s’exprimer. Aujourd’hui pour participer à la grande soirée, on a un petit comité interne qui choisir le nombre de stylistes. La liste est souvent très longue donc il faut la réduire pour des questions de timing, pour ne pas que la soirée soit trop longue et ennuyeuse.

Quels sont les invités de cette année ?   

Cette année, pour ne pas citer de noms, il y aura l’Haïti. Oui, on me dira que l’Haïti n’est pas un pays africain mais nous allons toujours sur la base de l’échange culturel. Il y aura le Cameroun, le Sénégal, le Mali, le Burkina, le Bénin, la RDC qui n’a jamais participé et la Côte d’Ivoire.

Y a-t-il de grands noms?

Oui, nous avons la styliste malienne Maïmouna, Pepita’D du Benin, le Sénégalais Mike Sylla qui vit en Europe, Marcel Tapolo, Zacometi. Des noms de la mode qui viennent en Côte d’Ivoire pour échanger avec leurs frères d’ici.

Durant toutes ces années, quelle est l’édition qui vous a le plus marqué?

(Avec beaucoup d’émotion), l’édition qui m’a le plus marqué est celle de l’année dernière. Ah oui, l’édition 9, J’ai beaucoup aimé.

Pourquoi?

C’était une belle soirée. C’était une soirée qui pour moi était pleine d’émotion. Je ne m’attendais pas à beaucoup de choses, mais j’ai été surprise par la qualité de cette soirée, il y a des délégations qui sont venues participer à cet événement. Chaque année quand on fait Afrik Fashion, on reçoit des délégations de certains pays, pour cette année nous avons reçu déjà la délégation du Cameroun. L’année dernière nous avons reçu plusieurs groupes. J’ai été surpris du rendu au fait (toujours avec cette émotion). Souvent vous vous posez des questions sur ce que vous faites, si ça va réussir, si les objectifs que vous vous êtes fixés seront atteints. Donc vous imaginez quand vos efforts portent leurs fruits, vous êtes satisfait, toute cette émotions que vous ressentez. J’ai beaucoup apprécié.

Ce qui veut dire que pour cette année la barre est placée très haute?

Oui mais on espère que ça va donner les mêmes effets et même plus, donc on espère.

Depuis 10 ans que vous travaillez sur Afrik Fashion, vous avez rencontrez des moments difficiles?

Il y a toujours des moments difficiles. Même l’année dernière, on a vécu des moments difficiles. Je me souviens que y’a eu des moments où j’ai pleuré, pleuré…je sais même plus pour quelles raisons. Il y a toujours quelque chose qui vient avant événement, qui vous met mal, toujours des imprévus mais avec la foi on avance.

Beaucoup croyante…?

Oui, c’est important. Même si je ne vais pas à l’église tous les dimanches, ma mère me reproche cela. Je crois dur comme fer qu’il y’a quelqu’un là haut, qui veille sur nous.

D’où est venue cette passion pour la mode?

Ça part de rien. À l’origine je n’étais pas dans la mode et même maintenant je suis a moitié dans la mode. Je voulais être juge, après j’ai voulu faire des études de droit, j’ai abandonné. Ma mère m’a dit de ne pas faire des études de droit mais plutôt des études de communication. Donc quand j’ai fini mes études, il fallait trouver quelque chose à faire car à l’époque on disait que ce n’est pas dans l’administration que tu vas avoir de l’argent, donc il fallait chercher du boulot. Il fallait que je mène une activité parallèle qui me permet de m’en sortir car je viens d’un milieu très modeste. On n’a pas le choix de ce qu’on a trouvé mais on a le choix de ce qu’on veut devenir plus tard. Donc il faut se poser la question de ce qu’on veut devenir plus tard. Il faut se fixer des objectifs. Et voilà je me dire qu’il faut bien que j’ai les moyens pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. C’est à partir de ce moment que je me suis lancée dans la mode.

Vous vous en sortez bien alors?

Oui en partie, on ne se plaint pas et il ne faut pas trop se plaindre

Comment prenez vous soin de votre corps?

J’ai le teint de ma mère et je vous assure. Voici ce que je fais et j’y tiens, je me démaquille matin et soir. Au fait, on a pas l’habitude de se démaquiller et on estime que c’est parce qu’on se maquille que l’on doit se démaquiller. Mais, non il faut se démaquiller à tout moment car on est agressé par la poussière et beaucoup d’autres choses. Moi, je me démaquille aussi bien le matin que le soir. Ensuite, pour mon corps, il n’y a rien de spéciale, je mets du lait hydratant le jour et le soir de l’huile après chaque douche. C’est bizarre mais je fais rien de spéciale.

On peut dire que c’est un don de la nature…

(Rires) oui, c’est ça vous avez tout dit.

Quels sont les produits de beauté dont vous ne pouvez vous passer?

Mes crèmes de visages et de corps. Crème de visage jour et crème de visage nuit. Les crèmes qu’on utilise le jour on ne doit pas les utiliser le soir. Le jour, il fait beaucoup chaud donc on met seulement les crèmes et lait hydratants et le soir comme il fait moins chaud on met les huiles, pour bien nourrir la peau, en tout cas c’est ma compréhension des choses.

Quelle est votre tenue idéale pour une soirée en amoureux ?  

 Hum, amoureux…une petite robe.

Sexy, droite, volante?

Pas trop sexy, descente, une petite robe chic.

Votre couleur préférée ?

C’est le rouge, (rire)

Selon vous, une femme a telle besoin d’être mariée pour être heureuse et épanouie?

Le mariage contribue à l’épanouissement et au bonheur de la femme. Maintenant ça dépend, est ce qu’il faut être marié à la mairie pour dire qu’on est marié? Je ne peux pas donner ma position sur ce sujet mais le plus important est de savoir qu’une femme ne peut pas rester seule. Il faut qu’elle ait quelqu’un dans sa vie.

Parlant de cela, Isabelle Anoh est-elle mariée ?

(Rires) no comment…je suis en couple, voilà je ne suis pas un cœur à prendre. J’ai quelqu’un dans ma vie.

Le gouvernement a récemment pris des mesures sur la vente des produits éclaircissants, Qu’en pensezvous?

Bon le gouvernement a surement ses raisons. Vous savez il y’a certains pays où il est interdit de faire la publicité des produits éclaircissants. Je ne suis pas contre cette loi et surtout qu’ils ont donné un degré. Bien au contraire je sais qu’il y’a des femmes qui ont perdu leur vie parce que tout simplement leur peau était trop fragile et trop faible à cause des produits qu’elles utilisaient. Elles n’ont pas survécu à des opérations car l’épiderme était faible. Ce n’est pas tous les produits éclaircissants qui sont interdit mais seulement ceux qui éclaircissent la peau d’une rapidité sans pareil. Au risque de me faire agresser, je pense que la beauté n’est pas dans la couleur de la peau. Vous êtes noir mais vous êtes une très belle femme. J’ai ma petite sœur qui est noire, elle a un beau teint et c’est une très belle femme. C’est pas parce qu’on est clair qu’on est forcement belle. Il faut dire aussi qu’il y’a des hommes qui poussent les femmes à utiliser les produits éclaircissants. Il faut le dire. Je préfère avoir un beau teint noir et naturel que avoir un teint clair avec des vergetures, des taches avec plein de problèmes de peau, non. Donc, franchement, attention aux produits qu’on utilise.

Avez vous un conseil à donner aux femmes?

(D’un air sérieux) Personne ne viendra nous tirer pour nous amener de l’avant. On a besoin de se motiver soi même. Moi, dans ma tête j’ai dix mille projets. Je vous assure et souvent je sais pas par où commencer au point où il y’a des projets qui meurent avant même de voir le jour. A tout moment j’ai des idées, peut-être que ci, peut-être que ça …voila, je peux pas tout réaliser mais ce qui est sûr c’est que j’ai plein de choses dans la tête. Je dirais que la femme africaine doit se lever, prendre son destin en main et qu’elle se dise, je peux y arriver. Il ne faut pas attendre, même avec un rien on peut y arriver. Vous savez, les hommes sont méchants, oui ils sont méchants, ils sont près à tout quand c’est au début et quand c’est nouveau, quand vous êtes jeunes mais après ils n’hésiteront pas à vous laissez tomber pour une plus jeune. Vous ne faites rien, quant il part au boulot le matin vous êtes là, le soir il rentre vous êtes encore là. Il va se lasser de s’occuper de vous. Comme on le dit tout nouveau tout beau, c’est pour cela que même si c’est pour une toute petite activité, il faut se battre pour la mener à bien. Une femme ne doit pas dépendre à 100% d’un homme.

   

 

Mam Dieng