Liberia : Jewel Howard Taylor, ex-femme de dictateur devenue bras droit de George Weah

George Weah a été élu président du Liberia à l'issue du second tour de la présidentielle libérienne. Il a remporté 61,5% des voix, contre 38,5% pour M. Boakai, 73 ans, selon des résultats officiels portant sur plus de 98% des suffrages, annoncés jeudi 28 décembre. Il dirigera le pays avec Jewel Howard Taylor, l'ex-femme du dictateur Charles Taylor.

Sans elle, il n'aurait sans doute pas pu être élu. Ce jeudi 28 décembre, l'ancien joueur de football George Weah a été désigné nouveau président du Liberia avec plus de 60% des voix, selon des résultats quasi définitifs. Elu sur de nombreux espoirs placés en sa personne, l'ancienne gloire du foot va devoir diriger un pays meurtri par la guerre et récemment victime d'une épidémie d'Ebola.

Pour l'épauler dans cette tache, il sera accompagné d'une femme de 54 ans, Jewel Howard Taylor, l'ex-femme du dictateur Charles Taylor. Condamné par la justice internationale à 50 ans de prison, celui-ci purge actuellement sa peine en Grande-Bretagne pour crimes contre l'Humanité et crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine.

Après des études aux Etats-Unis, Jewel Taylor était rentrée au Liberia au milieu des années 90. Epouse de Charles Taylor, et économiste de formation, elle a occupé des postes à responsabilités, notamment au sein de la Banque nationale du Liberia alors qu'elle était Première dame. Mais la carrière politique de Jewel Howard-Taylor commence réellement en 2005, lorsqu'elle est élue sénatrice du comté de Bong, la troisième province la plus peuplée du pays avec le NPP, le parti national patriotique créé à la fin des années 90 pour permettre à Charles Taylor de se présenter à la présidentielle.

C'est la même année qu'elle demande le divorce d'avec Charles Taylor. Au Sénat, elle se construit une image de travailleuse acharnée et écoutée au point qu'en 2012, elle rate d'une voix le poste de présidente de la chambre.

Un ex-mari embarrassant ?

Dans l'ombre de cette élection présidentielle, un nom : celui de Charles Taylor. Le sanguinaire président du Liberia est aujourd'hui emprisonné au Royaume-Uni, après avoir été condamné en 2012 à 50 ans de prison pour crimes contre l'Humanité et crimes de guerre en Sierra Leone voisine. C'est en 1997 que Jewel Howard Taylor devient la femme de ce chef de guerre condamné par la justice internationale. Elle le restera durant six ans. Pour autant, ce dernier est-il vraiment embarrassant pour le duo Weah-Howard Taylor ? Du côté du nouveau président élu, le discours est pour le moins ambigu.

S'il affirme ne pas être en contact avec l'ex-chef de guerre emprisonné et démentait en octobre dernier toute collusion avec ce dernier, il reconnaissait toutefois qu'ils s'étaient entretenus au téléphone : "une conversation de simple courtoisie". "Je ne suis pas en contact avec Charles Taylor. Je le répète, je ne suis pas en contact avec lui", déclarait-il. Quant à Jewel Howard Taylor, elle indique avoir pris ses distances avec son ex-mari et père de ses deux enfants, tout en reconnaissant ne pas avoir coupé tous les liens. Lors de cette élection, le comté de Bong, d'où est orginaire Charles Taylor, a voté à plus de 40% pour le duo Weah-Howard Taylor.

Ses prises de positions politiques

En 2012, Jewel Taylor avait présenté un projet de loi criminalisant l'homosexualité, rappelle Slate Afrique. En cas d'adoption, les homosexuels étaient passibles de peine de mort. Elle indiquait dans ce projet que "deux personnes de même sexe ne peuvent pas avoir des relations sexuelles. Toute violation de cette disposition sera considérée comme criminelle".

Ce projet de loi visait également à interdire les mariages homosexuels et toute personne contrevenante était passible d’une peine de prison allant de 10 ans ferme à la perpétuité. Finalement, les sénateurs libériens avaient voté à l'unanimité un amendement à la Constitution interdisant le mariage entre personnes du même sexe. Quant à la peine de mort pour les homosexuels, l'initiative de Jewel Howard Taylor avait échoué.

 

 

Source : lci.fr