Les femmes pourront bientôt prendre un congé menstruel

Les règles douloureuses, sujet moins tabou qu'avant ? Il semblerait que ce soit le cas, du moins en Italie. En effet, le Parlement italien vient d'examiner un texte qui pourrait changer la vie d'un grand nombre de femmes...

Dans ce domaine, l'Italie pourrait devenir pionnière. Un projet de loi propose d'instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Ceci consisterait à accorder trois jours de congés payés par mois à une femme victime de dysménorrhée, les douleurs dues aux menstruations. L'arrêt devra être certifié par un médecin spécialiste, et le certificat devra être renouvelé chaque année. Pour rappel, ces douleurs abdominales qui précèdent, suivent et accompagnent les règles, peuvent aller jusqu'à entrainer des maux de dos et des maux de tête, rendant le quotidien difficile. Si cette loi a été proposée, c'est parce qu'en Italie, le nombre de femmes connaissant ces douleurs est estimé entre 60 et 90%, selon Marie Claire Italia. En France, entre 30 et 50% des femmes seraient touchées.

Un projet de loi porté par des femmes

À l'origine de cette proposition de loi : des députées du parti démocrate italien, dont Romina Mura, Daniela Sbrollini, Maria Iacono ou encore Simonetta Rubinato. Ces dernières ont longuement débattu à la Chambre des députés, soulignant que la loi existe déjà dans d'autres pays, comme le Japon en 1947 avec la « seirikyuuka » (le congé physiologique) , l'Indonésie et plus récemment la Corée du Sud (en 2001). Elles n'ont pas non plus manqué de préciser que certaines entreprises l'appliquent déjà en Italie et qu'il faut l'étendre à toutes.

Congé menstruel : fin du tabou ou début des problèmes ?

Selon le magazine Marie Claire Italia, cette loi ferait office de "porte-drapeau du progrès et de la durabilité sociale". Si l'on peut y voir un acte féministe, certaines femmes s'y opposent. En exemple, Lorenza Pleuteri - du magazine Donna Moderna - qui partage sa crainte, pensant qu'un tel congé risque de pénaliser les femmes et peut les faire passer à côté de nombreuses opportunités professionnelles. Un point de vue soutenu par la journaliste Abi Wilkinson du Guardian. À savoir qu'en Italie, 61% des femmes travaillent, contre 72% dans la moyenne européenne. En cause, la réticence à embaucher les femmes en raisons de leurs congés maternité, et l'arrivée d'un congé menstruel en effraie plus d'une. L'an dernier au Royaume-Uni, une entreprise de Bristol avait instauré ce congé menstruel, mais avait suscité de vives polémiques : des groupes masculinistes avaient crié au scandale, dénonçant un acte discriminant et un féminisme extrémiste. Du côté des féministes, ces dernières déclaraient que cela signifiait qu'on estimait les femmes moins efficaces en raison de leurs règles.

 

Source: marieclaire.fr