L`Egypte alourdit les peines de prison pour lutter contre l`excision

 La loi n'avait pas changé depuis 2008. Le 29 novembre, le gouvernement égyptien a rendu son verdict : en cas d'excision, les chirurgiens, médecins et toutes les personnes qui auront participé à cette mutilation risqueront jusqu'à 15 ans de prison.

La toute dernière loi égyptienne en matière de mutilations génitales est claire : "toute personne pratiquant une excision" est passible d'une peine de 5 à 7 ans de prison. Si cette opération entraîne l'infirmité permanente ou la mort de la jeune fille, le ou les responsables risqueront jusqu'à 15 ans d'emprisonnement. Cette mesure vise à mettre un terme aux décès des filles, notamment dans les zones rurales, où l'on pense, entre autre, qu'il est nécessaire d'exciser les fillettes pour préserver leur virginité. Le ministère de la Santé a publié dans un communiqué que ses fonctionnaires seront chargés de surveiller les hôpitaux et les cliniques afin de s'assurer de la mise en place de cette loi.

Depuis 2008, toute personne qui se rendait coupable d'excision risquait entre 3 mois et 2 ans de prison. Cette pratique jusqu'alors illégale n'était autorisée qu'en cas de nécessité médicale. En janvier 2015, un médecin avait été condamné à 2 ans d'emprisonnement pour avoir pratiqué une excision mortelle sur une adolescente. Il était finalement sorti après 3 mois. Plus récemment encore, en mai 2015, une adolescente de 17 ans est décédée dans un hôpital de la province de Suez (Est de l'Egypte). Sa mère va être bientôt jugée, tandis que les deux infirmières et l'administratrice complices sont toujours en fuite.

Encore récemment, l'Unicef estimait que 87% des Egyptiennes coptes et musulmanes de 15 à 49 ans ont subi une mutilation génitale.

L'excision en chiffres

L'excision correspond à une ablation totale ou partielle des organes génitaux externes féminins (capuchon clitoridien ou clitoris entier). C'est une atteinte à l'intégrité physique et morale de la victime, et est porteuse de plusieurs conséquences : mortalité infantile, hémorragies, rétention urinaire, perte du plaisir sexuel, douleurs lors des rapports, hausse de la mortalité lors de l'accouchement ... Elle est censée protéger les femmes des tentations sexuelles et est pratiquée entre l'âge de 4 ans à 12 ans. 


Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 125 millions de femmes excisées ont été recensées en 2014, dans 29 pays d'Afrique et du Proche-Orient. 530 00 femmes adultes excisées vivent en France et 500 000 en dans l'Union Européenne (Unicef). Elle est plus courante en Afrique subsaharienne, au Proche-Orient (Egypte, Djibouti) et en Asie du Sud-Est (Malaisie et Indonésie).
Chaque jour, 6 000 femmes en subissent une dans le monde, et 2,2 millions tous les ans. D'après le Fonds de l'ONU pour l'enfance, d'ici 10 ans, 30 millions de filles risquent d'en être victimes.

 

Source: aufeminin.com