Comment aider votre enfant à dormir seul ?

Aïe ! Votre enfant a pris l'habitude de dormir un peu partout et surtout en dehors de son propre lit ! Il a peur et angoisse dès qu'il est dans sa chambre. Comment l'aider à dormir seul ? A partir de quand ne faut-il plus céder ? Notre enquête !

Aux Etats-Unis, la mode est actuellement au « co-sleeping ». Encore un nouveau concept ? Concrètement, c’est toute la famille qui dort dans le même lit, ou tout au moins sur des matelas côte à côte. Il y a bien eu quelques pédiatres sérieux pour s’en inquiéter, dont Brazelton, mais rien n’y fait : 30% des parents américains le pratiqueraient. Et ce qui se passe aux USA arrive un jour en Europe… 
Qu’en penser ? Pas grand bien : rien de dramatique à prendre, de façon exceptionnelle, un enfant dans son lit : parce qu’il est malade, parce que vous ne dormez pas à la maison, parce qu’il y a eu un cauchemar, ou pour chahuter tous ensemble le dimanche matin ; en revanche, l’instituer de façon systématique est beaucoup plus risqué.

Avec les tout-petits : dans le lit, dans un couffin à côté, ou à chacun sa chambre ?

Souvent l’habitude se prend dès les premiers mois ; il est vrai que quand on allaite, c’est tellement plus simple de ne pas avoir à se relever... et qu’un bébé endormi dans les bras, c’est tellement craquant ! Ceci dit : rien n’empêche de le recoucher ensuite dans son berceau, ne serait-ce qu’à cause du risque accru de mort subite du nourrisson. Un autre inconvénient majeur : lors du sevrage, il lui faudra accepter à la fois celui-ci et le changement d’espace, la découverte d’une chambre dont il ne connaîtra pas la lumière, l’odeur, les bruits. Les premières semaines, maman et bébé sont rassurés par la proximité physique, qui prolonge leur longue intimité des mois précédents, et c’est bien normal ! Mais au-delà, le sommeil de chacun sera meilleur si le bébé est dans sa chambre et les parents dans la leur. Même s’il semble profondément endormi, l’enfant perçoit la lumière, les allées et venues, les éventuelles relations sexuelles de ses parents ; et s’il prend l’habitude d’envahir ainsi leur intimité, il y a de fortes chances pour que cette attitude se retrouve aussi dans la journée. Apprendre à dormir seul, c’est une des premières étapes de la séparation progressive qui va permettre à l’enfant de... grandir, tout simplement.

Pour les plus grands : Oedipe, quand tu nous tiens...

Avant même la pleine période oedipienne (4-5 ans), l’enfant s’intéresse beaucoup au sexe de ses parents, et à tout ce qui a trait à la sexualité et il cherchera facilement à être dans un rapport de séduction avec le parent de sexe opposé et c’est la période où la petite fille se promènera de préférence toute nue devant son papa, où le petit garçon se lovera contre les seins de sa mère. Dormir avec eux revient à les faire vivre, bien malgré vous, dans une atmosphère érotisée, où l’interdit de l’inceste n’est pas clairement posé. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de pédophilie, ni de fantasmes conscients, mais de ce qui circule au niveau inconscient entre les membres d’une même famille. Il est certain que câliner un enfant est un plaisir sensuel ; mais il est essentiel que celui-ci le ressente comme absolument chaste. On objecte régulièrement qu’il existe des sociétés humaines où il est normal que les enfants dorment, parfois très tard dans leur vie, avec leurs parents. C’est exact, mais la façon dont notre société occidentale matérialise cet interdit de l’inceste, c’est en séparant les corps et l’espace de chacun. Une même pratique prendra donc alors un sens symbolique différent.

A chacun son espace

Julien, 10 ans, dort toujours dans le lit de ses parents. Renseignements pris, le couple souffre d’une grave mésentente, et la présence de Julien n’est qu’un alibi à leur absence de vie sexuelle. C’est un petit garçon intelligent mais mal dans sa peau, rondouillard, et exagérément câlin pour son âge, qui recherche en permanence la présence de l’adulte. Sarah, 6 ans, dort avec ses parents depuis l’âge de 8 mois, après un retour d’hospitalisation. Elle consulte pour troubles caractériels : elle ne reconnaît aucune autorité, insulte sa mère, s’immisce sans cesse dans les conversations des adultes. Charlotte, 18 ans, dort avec sa mère, divorcée de longue date, quand elle n’est pas avec son petit copain ! Elle prétend ne pas pouvoir dormir seule. La mère s’en plaint, mais laisse faire, pas mécontente de garder encore ce lien fusionnel avec sa fille. Les questions de frontière, d’autonomie, d’espace propre sont systématiquement en jeuquand dormir avec papa-maman devient la norme, et ne sont pas sans conséquences psychiques sur les uns et les autres. Troubles du sommeil, troubles du comportement, difficultés scolaires : le manque d’une « place à soi » peut avoir des répercussions dans tous les domaines, d’autant qu’en général ce problème de distance se manifeste aussi sur d’autres plans de la vie familiale. Enfant, couple, parent célibataire : tous ont besoin de leur territoire propre. A chacun sa nuit, espace de l’abandon, de l’intime et des rêves.

L’exception qui confirme la règle ?

Est-ce à dire que c’est un drame si vous prenez de temps à autre votre enfant dans votre lit ? Non, bien sûr. Précisément, parce que c’est une exception ! Un petit plaisir pour tout le monde, accordé comme une faveur, une consolation, un moyen de se rassurer ou de se faire plaisir : un cadeau, dont la rareté fera tout le prix. Et qui sera bien vécu, parce que vos enfants auront auparavant intégré que la nuit, c’est chacun chez soi !

 

Source: magicmaman.com