La banane risque t-elle de disparaitre de nos étals ?

La communauté internationale se penche de près sur les bananes, menacées par une épidémie mondiale de jaunisse fusarienne, également appelée maladie de Panama. Pour la première fois, des cas de jaunisse ont été détectés en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient, faisant craindre une propagation vers le reste de l'Afrique et l'Amérique Latine.

Le fruit préféré des Français va-t-il déserter les rayons des supermarchés ? Peut-être bien, si l’épidémie de jaunisse fusarienne continue à se développer et atteint l’Amérique Latine. Cette maladie ravageuse pour les plantations de bananier fait l’objet d’une alerte mondiale lancée par la FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Dans un communiqué, celle-ci "exhorte les pays à intensifier la surveillance, la notification et la prévention de la jaunisse fusarienne, une des maladies les plus destructrices de la planète pour les bananiers", rapporte Le Monde. La maladie sévit depuis environ 20 ans en Asie. Pour la première fois, elle s’est propagée vers l’Afrique de l’est où des cas ont été repérés au Mozambique, et vers le Moyen-Orient. La FAO craint qu’elle ne s’étende à l’Amérique Latine, première région de production mondiale. Et pour ne rien arranger, elle touche principalement les bananes de la variété Cavendish, la plus cultivée et consommée dans le monde.

Un champignon dévastateur

Également connue sous le nom de maladie de Panama, la jaunisse fusarienne apparait après infection de la banane par un champignon vivant dans le sol, le Fusarium oxysporum. Pour les experts, il a forcément été introduit accidentellement par l’humain, puisque ce champignon ne se génère pas spontanément. Des voyageurs ou producteurs pourraient l’avoir rapporté d’Asie sous leurs semelles. Après contamination des plants par la souche du champignon dite Tropical Race 4 (TR4), les bananiers se dessèchent, jaunissent et finissent par dépérir. La maladie étant impossible à traiter, il ne reste plus qu’aux producteurs de bananes à mettre en place des mesures de précaution pour protéger leurs plantations et poursuivre leur production. La FAO recommande ainsi "la mise en quarantaine, l’utilisation de matériel végétal indemne de la maladie, des précautions pour éviter que des particules de sol ou de matériel végétal entrent ou sortent des exploitations, la désinfection des véhicules entrants et sortants".

Un fruit très apprécié

Massivement consommée en Europe depuis son introduction par les Portugais au 16e siècle, la banane est la 4ème plante alimentaire d’importance au niveau mondial, après le riz, le blé et le maïs. Plus de 400 millions d’habitants des pays tropicaux en consomment régulièrement. Toutefois, les scientifiques mettent en garde contre toute dramatisation exagérée de cette épidémie et n’envisagent pas une destruction totale des plants de bananiers à travers le monde. Denis Loeillet, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, explique au Monde que l’alerte de la FAO permet "d’attirer l’attention de la communauté internationale sur une culture qui est à la base de l’alimentation d’une grande partie de l’humanité, notamment en Asie et en Afrique de l’Ouest". Dans les années 1940-50, la principale variété de banane, la Gros Michel, avait été décimée par d’autres formes de ce champignon. C’est pour remédier à cette épidémie que la variété Cavendish avait été développée. Depuis plusieurs décennies, des scientifiques travaillent sur une nouvelle espèce de banane génétiquement modifiée, appelée banane Goldfinger. Elle est notamment résistante à la maladie de Panama mais aurait plutôt un arôme de pomme. Présente sur quelques marchés, en Australie par exemple, elle n’a pas encore réussi à percer en Europe ni en Amérique du Nord

Source : maxisciences.com