Au Bangladesh, des ados entraînées à lutter contre les cyber-prédateurs

Internet et les réseaux sociaux connaissent une popularité croissante à travers le monde ces dernières années. Cependant, ces outils sont également devenus un lieu de prédilection pour les prédateurs.

Au Bangladesh, la police a décidé de prendre de nouvelles mesures à leur encontre. Bien que très conservateur, le Bangladesh est en 2017 selon Global Digital Statshot of Q2, le pays avec le nombre le plus important d’utilisateurs Facebook, juste derrière la Thaïlande. Comme dans tous les Etats où les réseaux sociaux sont utilisés quotidiennement, le Bangladesh connait une augmentation significative des cyber-crimes.

Pour lutter contre ces derniers, la police a décidé d’offrir des cours de défense contre le harcèlement ou le chantage en ligne à des milliers d’adolescentes. Et pour cause, selon les autorités locales, près de 70% des victimes de cyber harcèlement seraient des femmes. Sharifa Oishee, une collégienne de Dhaka, explique au média britannique TheGuardian que ses amies et elle "ne savaient même pas que quelqu’un pouvait leur nuire sur Internet". En effet, jusqu’alors, le sujet était encore tabou au Bangladesh puisque les victimes, souvent apeurées, préféraient se terrer dans le silence.

Mishuk Chakma, membre de la police de la cyber-sécurité, témoigne "parfois les criminels superposent les visages de filles sur des corps de stars du X pour les faire chanter et les diffamer". Ces photos, si elles venaient à être divulguées, peuvent littéralement détruire la vie de leurs victimes, compromettant leur réputation et remettant en question leur mariage ; ces dernières préfèrent alors le silence au fait d’aller porter plainte au tribunal créé en 2013, spécialisé dans les affaires de crimes en ligne. Les classes de prévention contre le cyber-harcèlement, ont déjà accueilli plus de 10 000 filles depuis avril dernier. Elles apprennent notamment la détection de faux profils et à ne pas dévoiler d’informations personnelles sur Internet.

Plus qu’une mise en garde, ces cours se sont parfois révélés être une véritable thérapie, "On a découvert que la plupart des filles et femmes ne savaient pas comment demander de l’aide après avoir été victimes de crimes. Les classes sont un moyen de leur dire qu’elles peuvent en parler, qu’elles ne sont pas seules et que la police peut les aider" révèle Harunur Rashid, membre du gouvernement. Pourtant, selon Tureen Afroz, avocate à la cour suprême, bien que l’initiative soit bonne, elle est loin d’être suffisante et la loi doit être revue pour s’adapter aux nouveaux crimes digitaux.

Alors que le cyber-harcèlement est au cœur de l’actualité, chaque Etat tente à sa manière d’y remédier. En France, le témoignage de Nora Fraisse sur le suicide de sa fille Marion à seulement 13 ans, a mis en lumière un phénomène qui restait jusqu’alors ignoré par de nombreux parents. Pour rappel, les auteurs de harcèlement scolaire, même mineurs, encourent une peine de prison ainsi qu’une amende.

 

Source: aufeminin.com