Infertilité : qu'est-ce que la diminution de la réserve ovarienne ?

La réserve ovarienne - qui correspond au nombre de follicules présents dans les ovaires - constitue un élément clé de la fertilité de la femme. Les explications de la professeur Sophie Christin-Maître*, endocrinologue de la reproduction.

La réserve ovarienne est la quantité de follicules présents dans un ovaire. Plus la réserve ovarienne est élevée, meilleures sont les chances de concevoir un bébé. Mais parfois, elle diminue avant l'heure...

De combien de follicules ovariens disposons-nous ?

Le stock de follicules est constitué dès la vie intra-utérine et ne cesse ensuite de diminuer dès la naissance et jusqu'à la ménopause. Un follicule contient un ovocyte. En moyenne, les femmes possèdent 5-7 millions de follicules ovariens à 5 mois de gestation, 1 à 2 millions à la naissance, 400 000 à la puberté, 25 000 vers 37 ans, 10 000 à 40 ans et moins de 1 000 à la ménopause. 

Comment caractérise t-on la diminution de la réserve ovarienne ?

La diminution de la réserve ovarienne (DOR pour diminished ovarian reserve) est déterminée par un taux de follicules (petits sacs contenant les ovocytes) bas et un taux de l'hormone antimüllérienne (AMH) également bas (cette hormone reflète le nombre de follicules et donc la réserve ovarienne). Cependant, la femme a des cycles réguliers et fabrique toujours de l'oestradiol (oestrogènes).

Quelle est sa différence d'avec l'insuffisance ovarienne prématurée ?

On s'y perd un peu ! Dans l'insuffisance ovarienne prématurée (IOP), les règles sont très espacées voire inexistantes, le taux d'oestradiol est très bas et associé à un taux de FSH (hormone folliculo-stimulante intervenant dans la maturation des follicules et donc des ovocytes) qui grimpe et est supérieur à 25 UI/I, signe d'un vieillissement ovarien. Que ce soit la DOR ou l'IOP, la fertilité féminine est impactée.
Les femmes sont-elles nombreuses à être concernées par la diminution de la réserve ovarienne ?
La DOR est assez fréquente, 10 à 15 % des femmes sont touchées (2 à 4 % pour l'IOP).

Comment le médecin fait-il le diagnostic de la diminution de la réserve ovarienne ?

En règle générale, les femmes consultent car elles n'arrivent pas à être enceintes. Les examens font partie du bilan d'infertilité. Sont prescrites dans certains cas une prise de sang avec un dosage de l'hormone antimullérienne (AMH) et un dosage de l'hormone folliculo-stimulante (FSH) ainsi qu'une échographie pelvienne pour évaluer le nombre de follicules ovariens. Auparavant, le médecin aura interrogé sa patiente sur la durée de ses cycles, leur régularité, etc.

Quelles sont les causes de la diminution de la réserve ovarienne ?

On ne connaît pas encore très bien les causes de la DOR. Beaucoup d'hypothèses circulent mais il n'y a aucune preuve. Il pourrait s'agir de causes génétiques, de problèmes environnementaux, etc. Par ailleurs, si la consommation de tabac impacte la fertilité féminine, on sait moins que lorsqu'une femme fume pendant sa grossesse, la réserve ovarienne de sa future fille est diminuée. Une des conséquences et non des moindres des effets délétères du tabac.

Quelle est la prise en charge des femmes atteintes de diminution de la réserve ovarienne ?

Les femmes touchées par la diminution de leur réserve ovarienne ont des chances d'être enceintes naturellement : le taux de grossesses spontanées est de l'ordre de 20 à 30 % dans les 5 ans. Sachez que lorsqu'une femme est atteinte de DOR, les cycles menstruels peuvent se raccourcir. Ils peuvent durer 24/25 jours plutôt que 28. La bonne période pour concevoir un bébé se situe donc à partir du 6ème jour (n'attendez pas le 14ème !) après le début des règles. Après six mois à un an d'essais infructueux, beaucoup d'équipes médicales proposent une stimulation ovarienne en vue d'une FIV ou d'une ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde). Mais les femmes atteintes de DOR n'y répondent que moyennement. Malheureusement, la PMA ne fait pas de miracles...