Mariage coutumier au Gabon: quand la dot devient un fonds de commerce

Des marchandises, des espèces sonnantes et trébuchantes, mais surtout une parfaite maîtrise de l’art oratoire, voici les armes que tout futur marié, du moins du point de vue de la coutume, doit avoir dans son escarcelle.

De nos jours, le mariage coutumier est en passe de devenir une « marchandisation » de l’amour liant les tourtereaux qui veulent sceller à tout jamais leur union devant les Hommes. Et dire que le Code Pénal proscrit la dot au Gabon, depuis belle lurette ! Ne se marie plus au Gabon qui veut, mais qui peut ! Normal, quand on sait que la liste des présents et espèces sonnantes à débourser, pour la dote est onéreuse. Une pratique, certes culturelle, rebutant pas de mal de prétendants. D’ailleurs certains sont d’avis que le mariage coutumier a désormais des allures de marchandisation nuptiale. Des cérémonies dignes d’une « escroquerie » en bonne et due forme ! On en veut pour preuve, les barrages payants postés à l’entrée du lieu de la cérémonie, les diverses amendes et les nombreuses marchandises apportées pour la circonstance. De quoi donner du tournis aux hommes voulant franchir le rubicond ! D’où le proverbe en langue Omiéné : « Ndiomba Eviva », (entendez par là, le mariage est une initiation). Au-delà de l’euphorie de la manifestation, les dépenses effectuées pendant le mariage coutumier ne sont pas loin de celles relatives à la construction d’une maison ou de l’achat d’un véhicule. Au sujet de la dot, que dit la loi ?

Une pratique illégale !

Selon la loi la loi n°2/63, portant interdiction de la dot, en son article 3, « sera puni d’un emprisonnement de trois mois à un an et d’une peine d’amende de 36.000 à 360.000 francs ou à l’une de ces deux peines seulement quiconque enfreindra les dispositions de la présente loi soit en exigeant ou en acceptant, soit en remettant ou en promettant aux parents des présents en argent ou en nature ».

Une loi, il faut le souligner, datant de 1960. Pas besoin d’être juriste ou magistrat, pour constater qu’il y a une violation pure et simple de la loi. Plus grave, même les parlementaires et magistrats voire ministres, pourtant au fait de cette loi, se plient à cette pratique culturelle d’un autre âge. Le degré d’amour et de considération de la mariée, se mesure-t-il à l’étalage ostentatoire des marchandises et colossales sommes d’argent déboursées par le gendre et sa famille ? La réponse est sans aucun doute négative. Pourquoi l’Etat laisse perdurer une telle pratique ? Au point même de vouloir désormais légaliser le mariage coutumier. Pour freiner les ardeurs de ceux qui voient dans le mariage coutumier un fonds de commerce, il est impérieux de dépoussiérer la loi, interdisant la pratique de la dot. Surtout qu’à l’origine la dot a un caractère symbolique.

 

Source: gaboneco.com