Disparitions de femmes au Pérou : des associations réclament une loi

Des mouvements militants demandent l’instauration d’une loi pour contrer ce sordide phénomène national, héritage d’un patriarcat machiste.

En 2019, chaque jour, cinq femmes ont été enlevées au Pérou. Certaines ont été forcées de rejoindre un réseau de prostitution, d’autres ont été assassinées, d’autres encore, n’ont jamais été retrouvées…

Au plus fort de l’épidémie de Covid-19, ce fut pire. Du 16 mars au 30 juin, 915 disparitions ont été signalées. Depuis des années, les collectifs féministes dénoncent la lenteur et le désintérêt des gouvernements successifs. « Au Pérou, la disparition de femmes autant que les réflexions machistes se sont normalisées », déplore Katherine Soto, fondatrice de l’organisation Mujeres Desaparecidas (Femmes disparues).

Une comptabilité plus fiable

Pugnaces, les associations ont néanmoins réussi à établir une comptabilité plus fiable de ce sordide phénomène national, ce qui explique la hausse enregistrée pendant l’isolement lié au Covid-19. Mujeres Desaparecidas lutte aussi pour « la création d’une loi Solsiret qui intègre les disparitions de femmes comme une forme de féminicide et qui accélère les démarches institutionnelles », comme celle mise en place par le Guatemala, en 2016.

Elle porterait le nom de Solsiret Rodriguez, en référence au cas très médiatisé d’une étudiante en sociologie et militante du mouvement Ni una menos (Pas une de moins), disparue le 23 août 2016. Les plaintes de son compagnon et de sa famille au commissariat et aux autorités n’ont jamais abouti. La police a allégué les mœurs dissolues de la jeune femme. Ce n’est qu’en février, sous les ordres d’un nouveau procureur, que le corps de la militante a été retrouvé et rendu à la famille.