``J’ai été privée de justice `` : neuf ans après l’affaire DSK, Nafissatou Diallo sort de son silence

L’ancienne femme de chambre du Sofitel de New York, qui a accusé Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle, s’est livrée à nos confrères de « Paris Match » et prépare un livre pour livrer sa version des faits.

Neuf ans après l’affaire du Sofitel, elle parle pour la première fois. Nafissatou Diallo, qui a accusé Dominique Strauss-Kahn, alors patron du FMI et favori pour l’élection présidentielle à venir en France, de l’avoir violée dans la suite 2806 du Sofitel de Manhattan en 2011 s’est confiée dans les colonnes de « Paris Match », à paraître ce jeudi 10 septembre. Elle revient longuement sur l’affaire DSK qui, dit-elle, « a gâché [s]a vie ».

Un livre en préparation

En avril 2011, la suite 2806 du Sofitel à Manhattan, à New York, est plongée au cœur d’un scandale sexuel. Nafissatou Diallo, à l’époque femme de chambre, affirme avoir été victime d’agression sexuelle de la part de Dominique Strauss-Kahn (DSK), alors directeur du FMI et en lice aux élections présidentielles.

Un an et demi plus tard, l’affaire est entérinée suite à un accord financier conclu au civil. La justice pénale abandonne alors toutes les charges pénales contre DSK. Neuf ans après l’affaire, Nafissatou Diallo donne sa version des faits. Une version qu’elle compte relater dans un livre.

Un accord qui ne vaut pas justice

« Si DSK avait été pauvre, clochard, dans la rue, il serait aujourd’hui en prison » affirme Nafissatou Dialo. Si cette dernière a renoncé à poursuivre Dominique Strauss-Kahn suite à l’accord financier conclu au civil - donc le montant est inconnu - elle explique que « cette histoire va (la) suivre jusqu’à la fin de (ses) jours ». Elle regrette que DSK ait pu être épargné d’une procédure judiciaire pénale qui ne lui impose aucune reconnaissance de culpabilité « parce que cet homme [DSK] avait de l’argent et du pouvoir » explique t-elle.

Elle maintient sa version des faits, celle d’un homme nu qu’elle voit apparaître dans la suite 2806 pour y faire le ménage. Surprise, elle s’excuse « et puis tout est arrivé. Quand cela a été fini, je me suis enfuie en crachant partout. » explique t-elle à « Paris Match ». « J’ai été à l’hôpital, un docteur que je n’avais jamais vu m’a examinée, donc ils ont les preuves de ce qui s’est passé » précise t-elle.

« J’ai reçu des menaces de mort »

Après l’affaire, elle dit avoir été « submergée de lettres, d’inconnus le plus souvent, qui me parlaient comme si j’avais touché le jackpot et me demandaient de l’argent » Accusée de « piéger DSK et de le faire chanter », elle reçoit des menaces de morts. Face à cette pression, elle raconte avoir quitté son appartement pour emménager dans un immeuble sécurisé en dehors de New York.

A leur tour, les procureurs de New York l’accusent d’avoir menti à propos d’un viol en réunion dont elle a été victime plus jeune en Guinée. « Je ne me remettrai jamais de la façon dont les procureurs de New York m’ont traitée. Ils m’ont traitée comme une prostituée alors qu’en réalité, je travaillais dur pour donner à ma fille un avenir » ajoute t-elle. Dans son réquisitoire final, le procureur Cyrus Vance Jr invoque un acte sexuel « précipité » dans la chambre 2806 ayant pu lui paraître « non consenti », en pointant surtout les « déclarations contradictoires » de la plaignante. Résultat, il lui semble impossible de croire à ses accusations.