Pérou: un remède traditionnel pour contrer le coronavirus

Pour venir en aide à leur communauté, un groupe de jeunes indigènes a décidé d’agir en créant le « Comando Matico », du nom d’une plante médicinale. Ce groupe de bénévoles utilise des préparations ancestrales à base de plantes pour soigner ceux qui présentent les symptômes du coronavirus.

C’est à Pucallpa, la capitale de la région d’Ucayali, en Amazonie péruvienne, qu’est né le « Comando Matico ». Un groupe créé il y a tout juste un mois par de jeunes indigènes shipibo pour venir en aide à des membres de leur famille vivant à Lima et atteints du coronavirus, mais qui n’ont pas les moyens de se faire soigner.
« L’idée était d’envoyer du matico, une plante médicinale qui pousse beaucoup par ici, à la communauté shipibo qui vit dans le district de Cantagallo à Lima. Car 90% d’entre eux avaient été testés positifs au coronavirus. Donc on s’est organisé pour récolter le matico et leur envoyer », raconte Gabriela, jeune membre du comando.

L’initiative est alors relayée par les médias locaux. Très vite, Gabriela et ses amis sont contactés par d’autres communautés shipibo qui leur réclament le fameux matico, une plante réputée pour ses propriétés antibiotiques. « Le matico aide à nettoyer les poumons, ça désenflamme les bronches, car il contient de l’azithromycine. Et pour compléter, on utilise d’autres plantes : verveine, camomille, eucalyptus, gingembre, ail, citron et oignon », énumère Mery, jeune professeure des écoles et membre elle aussi du comando.

Une initiative qui fait mouche

Tous les matins, la quinzaine de bénévoles récolte les plantes, puis en fait des préparations qui sont ensuite bues ou inhalées par les patients présentant les symptômes du coronavirus. Des recettes qui font partie de l’héritage du peuple shipibo. « Depuis tout petit, nos parents et grands-parents nous enseignent leur connaissance des plantes. Ils y ont toujours eu recours. On vit des plantes et des forêts », explique Mery.

Elle et les autres membres du comando reçoivent les patients dans un petit espace prêté par une paroisse de Pucallpa ou parcourent jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres pour soigner les patients directement chez eux. En quelques semaines, l’initiative a connu un véritable succès. « Nous avons eu 125 patients en deux semaines. On a été dépassé jusqu’à avoir des patients de Lima à qui on donne des conseils par téléphone. Avec la pénurie de médicaments, la médecine traditionnelle est devenue une alternative », analyse Jorge, à la tête du comando.

Substitut de l’État

Plus qu’une alternative, pour Gabriela, le comando s’est substitué à l’État, là où ce dernier a échoué. « L’État a failli. À Pucallpa les hôpitaux ont été débordés dès la première semaine. Les gens n’ont plus confiance dans les hôpitaux, car ils les voient comme un endroit où l’on meurt. Le comando leur offre une alternative de vie. »
Suite au succès rencontré par l’initiative, début juin le groupe de bénévoles a reçu la visite de la ministre chargée des Populations vulnérables qui a salué leur travail et appelé à lancer des actions similaires dans d’autres régions du pays.