Certains sachets de thé relâchent des milliards de microplastiques dans votre tasse

POLLUTION - Le 12 juin dernier, une étude australienne commandée par le WWF révélait qu'un individu pouvait ingérer jusqu'à 5 grammes de plastique chaque semaine. D'après des chercheurs québécois, le thé contenu dans des sachets en plastique pourrait avoir une certaine part de responsabilité. Ils réclament des études plus poussées concernant les effets sur la santé de cette ingestion.

Avec les températures qui fraîchissent, rien de tel qu'un petit thé pour se réchauffer. Vert, noir, blanc, aromatisé... S'il en existe pour tous les goûts, le choix du type de sachet serait, lui, possiblement important pour votre santé. Selon des chercheurs de l'université McGill, à Montréal (Canada), les enveloppes fabriquées à base de fibres de plastique relargueraient dans votre tasse de thé des milliards de micro et nano-particules de plastique sous l'effet de la chaleur.

Alors que les effets de leur ingestion sur la santé sont encore inconnus, les auteurs de l'étude parue mercredi dans le journal Science environnementale & technologie suggèrent que des recherches supplémentaires sur le sujet sont nécessaires.

Un nombre plusieurs milliers de fois supérieur à ceux déjà mesurés dans d'autres types d'aliments

Pour la conduite de leurs recherches, les scientifiques ont acheté dans le commerce quatre types de sachets de thé différents, tous composés de plastique. Ils ont ensuite extrait toutes les feuilles de leurs contenants, afin qu'elles n'interfèrent en rien dans leurs analyses, puis plongé ces derniers dans de l'eau chauffée à 95 degrés, comme s'ils infusaient du thé.

En utilisant un microscope électronique, l'équipe a observé le largage dans l'eau, par un seul sachet, d'environ 11,6 milliards de micro-particules de plastique et 3,1 milliards de nano-particules de plastique. Ces fragments sont si petits, de la taille d'un grain de poussière environ, qu'une tasse en contient entre 16 microgrammes et un soixantième de milligramme de plastique. Pour autant, il s'agit de niveaux plusieurs milliers de fois supérieurs à ceux déjà mesurés dans d'autres types d'aliments et de boissons, comme l'eau en bouteille, le poisson ou le miel.

Afin de vérifier que la découpe des sachets n'était pas responsable de ce largage de particules, les chercheurs ont recommencé l'expérience avec des sachets non vidés. Si le comptage des particules s'est avéré plus complexe en raison de la présence de thé, les chercheurs ont tout de même noté une quantité importante de plastique dans les échantillons prélevés.

La santé de puces d'eau mise à mal par les échantillons prélevés

Si la toxicité à l'échelle humaine de ces particules n'a encore été évaluée clairement par la science, les chercheurs québécois ont testé celle-ci sur de petits animaux aquatiques appelés Daphnia magna, ou puces d'eau, des organismes souvent étudiés lors d'études environnementales. Celles-ci se sont vu administrer diverses doses des micro et nano-particules de plastique relâchées par les sachets de thé. Bien que les animaux aient survécu, ils ont montré des anomalies anatomiques et comportementales.

Si l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment estimé que les risques d'ingestion de ces particules présentes dans l'eau étaient peu significatifs pour la santé, Nathalie Tufenkji, l'une des auteures de l'étude interviewée par la chaîne de télévision canadienne CBS, estime que des travaux plus poussés sur le sujet doivent être menées. "Pensez aux personnes qui boivent une, deux ou trois tasses de thé par jour, tous les jours", fait-elle remarquer. Par mesure de précaution, privilégier le thé contenu dans des sachets en papier ou vendu en vrac peut être une bonne solution.