Ilhan Omar, d`un camp de réfugiés somaliens au Congrès américain

Arrivée aux Etats-Unis à l’âge de 12 ans, issue d’une famille somalienne qui a vécu quatre ans dans un camp de réfugiés, Ilhan Omar devrait faire son entrée à la Chambre des représentants.

En 2016, Ilhan Omar faisait partie des (rares) bonnes nouvelles pour les démocrates à l’issue du scrutin qui avait mené à l’élection de Donald Trump. Alors âgée de 34 ans, elle était devenue la première Américano-Somalienne à être élue à la législature d’un Etat. Pour les élections de mi-mandat, elle vise plus haut : elle est la candidate démocrate pour succéder à Keith Ellison et représenter le cinquième district du Minnesota à la Chambre des représentants. Lors des primaires démocrates pour ce fief du parti progressiste, Ilhan Omar a battu cinq candidats et est favorite pour l’élection du 6 novembre.

Si elle est élue, elle pourrait être la première musulmane, la première réfugiée africaine et la première femme à porter un hijab à prêter serment devant le Congrès. «C’est formidable car, pour moi, cela voudra dire que de nombreuses personnes pourront se projeter, voir leur histoire, leur parcours être représenté au Congrès maintenant, a-t-elle déclaré à The Intercept. Mais c’est aussi effrayant.»

"Je suis l’espoir de l’Amérique et le cauchemar du président"

Le programme de cette mère de trois enfants, directrice politique du Women Organizing Women Network, qui vise à aider les femmes originaires d'Afrique de l'Est à prendre des responsabilités à l'échelle locale, est à l’inverse de celui de Donald Trump : «Medicare pour tous, université gratuite et sans dettes, le logement comme droit humain, un environnement propre pour les futures générations et des élections qui ne peuvent pas être achetées», a-t-elle fait inscrire sur son site Internet, en référence aux faramineux dons de campagne faits aux candidats. «Je suis l’espoir de l’Amérique et le cauchemar du président», avait-elle plaisanté sur le plateau du «Daily Show» de Trevor Noah, en juillet 2017. «Ce pays nous a donné de l’espoir. Ce pays nous a laissé développer notre propre identité, notre propre foyer. Nous ne devrions pas dévisager la personne qui essaie de faire la même chose», a-t-elle ajouté, rappelant que les Etats-Unis sont «un pays d’immigrés».

Opposée aux idées du milliardaire, Ilhan Omar a pourtant tenté de faire évoluer sa mentalité : «J’ai invité le président Trump deux fois, à venir rencontrer ma famille, ma communauté. Il semble avoir beaucoup d’avis sur le genre de personnes que nous sommes, mais on ne devrait pas juger un livre sur sa couverture, on devrait au moins laisser aux gens la possibilité de les connaître, avait-elle raconté. Mon grand-père et mon père disaient toujours que l’on devait inviter notre ennemi chez soi et en faire un ami. Donc je voulais offrir au président la possibilité de se réconcilier avec notre communauté, et au moins goûter notre célèbre thé somalien, c’est le moins qu’il puisse faire car il nous représente maintenant.»

Sa famille est au cœur de son engagement politique : «J’ai grandi dans une famille où l’on parlait politique. Je ne me suis jamais vraiment imaginée en politicienne. J’ai toujours su que j’adorais débattre, j’adore l’idée de parler de politique.» A tel point qu’elle a passé le flambeau à sa propre fille : à 15 ans, elle est la narratrice d’une vidéo de campagne de la trentenaire, dont le slogan est «L’Amérique que nous méritons».

 

Source: parismatch.com