Sylvie Fofana : l'ivoirienne qui affole les médias français

Depuis le samedi 08 janvier 2011, il est existe, en France, précisément dans la région d’Île-de-France, une Association de gardes d’enfants qui exercent chez les parents (particuliers- employeurs) créée par une Ivoirienne du nom d’Adja Sylvie Fofana. Mais la militante acharnée des bonnes causes ne sait pas arrêtée là. Elle a mis sur pied une Ong dénommée Woroba, qui œuvre contre la faim et la pauvreté en Côte d’Ivoire et particulièrement dans sa région natale, le Worodougou. Des combats et des engagements qui affolent les médias occidentaux qui la croquent régulièrement. Portrait d’une lionne qui en veut, et en veut! Sylvie Fofana, fondatrice de l’Association Nationale des Nounous d’Ile de France, et présidente de l’ONG Woroba.

La fabuleuse ''Adja story'' commence en Côte d’Ivoire. Sylvie Fofana naît au sein d’une famille Koyaka, une ethnie à majorité musulmane, issue du peuple Mandingue venu d’un territoire qui est aujourd’hui le Mali. Début des années 90, la jeune Sylvie Fofana arrive à Paris. Elle est déjà mère de deux enfants, deux petits garçons qui sont restés en Afrique. Forte de ces études de bureautique et de secrétariat, elle obtient un stage d’assistante de direction dans une association. Elle devient ensuite secrétaire au sein d’une structure qui défend le droit des immigrés et des étrangers.

Les parcs sont un véritable QG pour les nounous : c’est en y rencontrant ses amies que la jeune secrétaire découvre et se passionne pour le métier de nounou. Nous sommes en 1994. En se consacrant à la garde enfants, la nounou rencontre toutes sortes de parents. Certains confondent douceur et docilité et s’étonnent parfois de l’assurance de cette jeune femme ''qui la ramène trop''. Entre défense des droits et irrévérence, il semble parfois difficile de trouver un équilibre. Sylvie Fofana veut juste jouir de ses droits, sans violence. Aujourd’hui, elle insiste toujours sur une chose : il faut défendre, certes, mais calmement et toujours dans le respect. Elle rappelle à ses amies nounous que les employeurs sont quand même des supérieurs hiérarchiques.

L’année 2009 marque un tournant : une famille aisée pour laquelle Sylvie travaille, refuse de lui payer ses heures supplémentaires. Dans un premier temps, Sylvie qui, séparée de son mari, s’occupe seule et sans aide de ses trois enfants, ne rechigne pas. Le lendemain pourtant, elle change d’avis et décide de ne pas céder au chantage. Elle proteste : sa patronne exige sa démission. A son tour, Sylvie exige d’être licenciée et menace de conduire son employeur devant les tribunaux. Qu’est-ce qui a pu ainsi la faire changer d’avis en une nuit ? Sylvie Fofana explique qu’elle porte à l’intérieur d’elle-même des modèles de fierté. Elle, qui, au commencement de cette crise avec son employeur, éprouvait de la honte s’est, en l’espace d’une nuit, souvenue de cette terre natale où l’on apprend aux gens à marcher la tête haute en toute circonstance. Malgré sa situation précaire, la nounou décide de ne pas plier l’échine. Elle obtient un licenciement et retrouve très vite un travail grâce à ses bonnes références.

Un an après, alors qu’elle a atteint une certaine stabilité, cette histoire ancienne la reprend de nouveau, comme une fièvre. Elle décide de rompre la loi du silence et de se battre pour toutes les nounous qui ont été un jour comme elle, victime de patrons escrocs.

Elle envoie donc un SMS à 17 nounous de son entourage en leur disant : ''les filles, et si on se regroupait au sein d’une association ? Qu’en pensez- vous ?''.

Elles sont d’accord. Un adage dit que les grandes histoires ont souvent de petits commencements. : ''L’Association des nounous d’Ile de France’’ naîtra de cette première décision. Très vite, Sylvie Fofana dépose les statuts à la Préfecture de Police de Paris, organise tous les mois des réunions dans le 15eme arrondissement. Quelque temps après, elle rencontre alors : ''un mec formidable'' : Patrick Dupuis, un syndicaliste de ''Sud Solidaire'', qui soutient le mouvement qui en est encore à ses balbutiements et ce, à titre gracieux. Sylvie Fofana fait le tour des parcs pour sensibiliser les nounous à sa cause, avec ce seul message : ''L’Union fait la force''. L’association informe les nounous sur leurs droits, ces femmes souvent issues de pays pas forcément ultra démocratiques trouvent chez les membres de l’association non seulement une oreille attentive ainsi qu’une épaule sur laquelle s’appuyer mais surtout une aide juridique pour se défendre.

Très vite, l’association traite d’une première affaire et se propose de soutenir une nounou qui, après avoir travaillé 6 ans pour la même famille, s’est fait virer sans indemnités de licenciement. La justice donne raison à la nounou. Ce premier cas fait le buzz, le bouche-à-oreille aidant, l’association gagne en force de proposition. Cependant, les associations n’étant pas assez prises au sérieux, Sylvie Fofana et son équipe décident de passer à l’étape supérieure : en avril 2012, l’association devient un syndicat. C’est une grande victoire. Sur le plan personnel aussi, Sylvie Fofana a dû guerroyer. Le père de ses enfants, dont elle est divorcée depuis 7 ans, est décédé en 2004 dans des circonstances tragiques et jamais élucidées. Quelques mois plus tard, c’est son jeune frère qui sera retrouvé mort dans sa voiture. Personne ne sera inquiété.

A la mort, elle répondra pourtant par l’amour. Elle se remarie un an plus tard, en 2005. Cette deuxième union est amère et l’expose à des individus aux méthodes dignes de la mafia sicilienne. Prise dans un filet de trahisons, de mesquineries et de coups bas, la lionne parvient, malgré tout, à se dégager. Blessée mais pas asservie, Sylvie retrouve cette fierté qui ne l’avait jamais quittée. Musulmane pratiquante, elle explique qu’elle a pu se sauver grâce à sa foi en Dieu, à cette force vitale, force d’amour qui toujours l’habite. En parallèle de son activité de nounou, Sylvie Fofana reçoit aujourd’hui les nounous trois fois par semaine à la bourse du travail aux 40 Rue St-Denis 75001 Paris. Après l'affiliation à l'UNSA, Le Syndicat des Gardes d'enfants à domicile a pu mettre en place une permanence. En plus, Sylvie Fofana a créé, en Afrique, l’ONG, ‘’Woroba’’, qui lutte contre la pauvreté et la faim en Côte d'Ivoire. Quand on lui demande ce qu’elle fait pendant son temps libre, Sylvie répond en riant ''Facebook''.

Ce réseau social lui permet de faire ce qu’elle préfère : partager avec les autres, leur faire profiter de son expertise, de ses conseils, de son énergie. De quoi faire courir la presse française qui a trouvé en elle, un vrai chou gras. Lors de son dernier séjour au pays, entre décembre 2012 et janvier 2013, la bienfaitrice ivoirienne a fait parler son cœur au profit des victimes de la tragédie du feu d’artifice au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Un acte qui a ému plus d’un. Un engagement qui répond bien à celui du président ivoirien, Alassane Ouattara, qui entend faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’orée 2020.

Source : larcenciel.net