Côte d'Ivoire, 28% des enfants de moins de 5 ans n'ont jamais été déclarés

Malgré un enregistrement des naissances en nette hausse, un quart des enfants du monde restent invisibles. En Côte d’Ivoire, 28% des enfants de moins de 5 ans n’ont jamais été officiellement déclarés.

Le nombre de naissances enregistrées a nettement augmenté à l’échelle mondiale, et pourtant, 166 millions d’enfants de moins de 5 ans (soit 1 sur 4) ne sont pas déclarés, comme l’indique un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’UNICEF à l’occasion de son 73e anniversaire.

D’après le rapport : L’enregistrement des naissances pour chaque enfant d’ici à 2030 : Où en sommes-nous?, fondé sur l’analyse de données provenant de 174 pays, la proportion mondiale d’enfants de moins de 5 ans dont la naissance a été déclarée a progressé de près de 20 % en dix ans, passant de 63% à 75%.

Des progrès sont également notés en Afrique de l’Ouest et du Centre où l’enregistrement des naissances des enfants de moins de 5 ans a augmenté de 41% à 51% en 10 ans, en dépit des multiples défis auxquels la région fait face.

« Pendant de nombreuses années, l’enregistrement des naissances en Afrique de l’Ouest et du Centre a stagné, privant des millions d’enfants de leur droit fondamental à une identité légale. Cette situation a désormais changé et des millions d’enfants supplémentaires sont enregistrés dès leur naissance », a dit Marie-Pierre Poirier, Directrice Régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

En dépit des progrès, la majorité des pays d’Afrique subsaharienne accusent un retard par rapport au reste du monde. En Côte d’Ivoire, la progression est de 17% entre 2006 et 2016. 28% des enfants de moins de 5 ans ne sont toujours pas enregistrés selon le Rapport sur la situation des femmes et des enfants - MICS 2016; soit près d’un million d’enfants.

« L’opération spéciale de rattrapage organisées entre 2017 et 2019 a permis à plus de 600,000 écoliers d’obtenir un extrait de naissance. Le nouveau mécanisme d’enregistrement des naissances avec les agents de santé est en train d’augmenter le nombre de nouveaux nés qui sont déclarés - gratuitement - dans les délais de 3 mois. Ceci va considérablement impacter le taux d’enregistrement des naissances. » a déclaré Marc Vincent, Représentant de l’UNICEF en Côte d’Ivoire.

Néanmoins, certains obstacles continuent de freiner l’enregistrement des naissances dans les délais légaux. L’éloignement des centres d’enregistrement et certaines pratiques traditionnelles auxquels s’ajoute des dysfonctionnements (rupture de registres et d'imprimés etc) dans des services d’état civil.

Depuis 2018, avec le soutien de l’UNICEF, la Côte d’Ivoire a développé un programme d’intégration de l’enregistrement des naissances au sein des services de santé et de vaccination pour élargir la couverture et l’accessibilité de ces services et atteindre les populations, y compris les plus vulnérables. Ce simple changement dans la prestation de services est non seulement peu coûteux, mais également efficace pour augmenter les taux d'enregistrement nationaux.

« Les Gouvernements doivent passer à l’échelle les solutions dont il est prouvé qu’elles améliorent l'enregistrement des naissances s'ils veulent atteindre l'Objectif de développement durable de faire en sorte que chaque enfant compte », a dit Marie-Pierre Poirier.

Dans le rapport L’enregistrement des naissances pour chaque enfant d’ici à 2030: Où en sommes-nous?, l’UNICEF invite à mettre en œuvre cinq actions visant à protéger tous les enfants :

- Fournir à chaque enfant un certificat dès sa naissance.

- Donner les moyens à chaque parent, indépendamment du genre, d’enregistrer leurs enfants à la naissance et gratuitement pendant leurs premiers trois mois de vie.

- Lier l’enregistrement de la naissance à d’autres systèmes tels que la santé, la protection sociale et l’éducation pour assurer à chaque enfant l’obtention d’un certificat de naissance.

- Investir dans des solutions technologiques sûres et novatrices afin de faciliter l’enregistrement des naissances, y compris dans les zones difficiles d’accès.

- Mobiliser les communautés pour exiger l’enregistrement de chaque enfant à la naissance.

Pour chaque enfant, une identité.