Le témoignage émouvant de Zelda, l'assistante personnelle de Mandela
L'assistante personnelle et sans doute l'un des êtres les plus proches de Nelson Mandela, l'Afrikaner Zelda la Grange, a témoigné ces derniers jours de son "amour" pour l'homme qui a "changé sa vie" à jamais. Employée anonyme à la présidence sud-africaine, la jeune Zelda, issue de la classe moyenne afrikaner --les descendants des premiers colons blancs, qui parlent une langue dérivée du néerlandais et avaient instauré l'apartheid--, âgée de 24 ans à l'arrivée de Mandela au pouvoir en 1994, a peu à peu gagné en importance aux côtés du président, devenant tour à tour sa secrétaire particulière, son bras droit, son aide de camp ou son attachée de presse.

Il l'appelait "Zeldina", elle l'appelait "Khulu" abréviation de grand-père en xhosa, langue maternelle de Nelson Mandela. Avec la confiance, la proximité nourrie par les années, elle reconnaît qu'elle faisait partie de la famille, ce qui lui valait le surnom de "sa petite-fille de coeur". La pression était omniprésente, a pourtant raconté lundi sur les ondes de Radio 702 Zelda, qui était chargée de suivre Mandela, de 52 ans son aîné, dans ses déplacements à l'étranger, d'organiser ses voyages officiels et de le protéger du flot incessant de sollicitations. Cette grande blonde au sourire professionnel et au "non" parfois cassant était devenue une gardienne redoutée des médias frustrés. Même si elle renoncé à sa vie privée pour servir le grand homme, elle a assuré lundi qu'elle n'aurait jamais renoncé à cette expérience pour une vie de famille régulière.

Elle avait quand même refusé la proposition de Mandela d'habiter chez lui, quand elle cherchait un logement à Johannesburg, parce qu'elle voulait absolument garder une certaine distance. "J'ai souvent eu du mal avec la pression incessante", avouait Zelda dans un communiqué vendredi, au lendemain du décès de Mandela. "Mais je le regardais se comporter lui-même avec tant de grâce et d'énergie. Je ne suis jamais partie, je n'aurais jamais pu." "Je l'aimais profondément".

Elle se souvient d'un patron inspirant et patient. "Il était très facile de travailler avec Madiba, il a été le meilleur professeur, un mentor." "Il a changé ma vie au cours des dernières dix-neuf années", ajoutait-t-elle, se disant "bénie et privilégiée d'avoir eu l'opportunité de travailler pour lui".
Par le passé, Zelda la Grange a aussi raconté dans des interviews les sourcils froncés au début au sein de sa communauté afrikaner, pour la voir "au service d'un homme noir", et une incrédulité venant de divers secteurs, entre le lien entre cette jeune Afrikaner et l'un des hommes des plus adulés au monde.

Mais son engagement et sa fidélité envers Mandela ont largement été salués ces derniers jours, lundi soir encore par Desmond Tutu : "Merci, Zelda, la façon dont tu as pris soin de Tata (Père) a été extraordinaire." "Nous lui devons notre gratitude", a déclaré dimanche la ministre sud-africaine de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula. "Elle a sacrifié sa jeunesse, son temps. Je ne crois même pas qu'elle ait un petit ami. C'est le moment d'exprimer notre reconnaissance".

Pourtant, pour Zelda il est hors de question de parler de "sacrifice" à son propos. "Les termes +sacrifice+, +Nelson Mandela+ et +Zelda la Grange+ sont incompatibles", dit-elle. "Mon sacrifice, ce sont peut-être des choses que j'ai manquées en travaillant si dur, mais (cela) ne peut en rien être comparé à ce que Mandela (m')a donné". Zelda raconte avoir cessé de rendre visite à son ancien patron depuis quelques mois, la détérioration de son état de santé lui étant devenue insupportable.
"Je voulais, dit-elle, me souvenir de lui tel que je l'ai connu." "Ça a été difficile, mais à chaque fois que je lui ai rendu visite ces derniers mois, j'ai réussi à lui dire ce que je voulais lui dire et cela m'a donné un peu de réconfort", se souvient Zelda.

Dans ses interventions publiques, elle exhorte les Sud-Africains à s'inspirer dans leur vie de l'héritage de Mandela. "Nous sommes très émus car nous venons de le perdre, mais c'est aussi le moment de rappeler l'importance d'examiner son legs, de mettre en œuvre ses valeurs (...) afin de construire l'Afrique du Sud dont nous rêvons tous".

Source : AFP