Allaitement ou biberon : arrêtons de culpabiliser

Nourrir un bébé au sein répond aux lois de la nature. Lui donner le biberon, à celles de la vie active. Il s'agit surtout d'un choix personnel. A effectuer en toute bonne conscience.

Allaiter ou ne pas allaiter, telle est la question. Une décision intime, la première qu'une mère prend pour son nouveau-né. Or voilà que, depuis quelques années, après la glorification du biberon, on assiste à une idéalisation du sein. Et gare à celles qui font un autre choix : les voilà déjà culpabilisées, avant même la sortie de la maternité. Effet de mode ou avantage réel pour l'enfant?

Le sein prolonge la symbiose prénatale

Ainsi, le lait maternel constituerait l'aliment parfait, le plus équilibré, celui qui protège des infections, des allergies, de l'obésité, bourré d'anticorps... Certes. Mais le lait en poudre contient aujourd'hui tout ce qui est nécessaire à la bonne santé d'un bébé. Les mamans "biberons" peuvent donc dormir tranquilles, si leur nourrisson fait ses nuits, bien sûr.

Pour autant, sein ou biberon sont-ils équivalents? Pas tout à fait. L'allaitement facilite considérablement les échanges fusionnels entre la mère et l'enfant, importants dans les premières semaines de vie. Il prolonge la symbiose prénatale. Parce qu'elle se rapproche de l'odeur du liquide amniotique, celle du sein rassure le tout petit. Par ailleurs, la tétée favorise son positionnement actif: il doit chercher le mamelon, aspirer fortement pour faire venir le lait, réguler lui-même la quantité qui le rassasie et apprendre ainsi à connaître ses propres besoins. Toutes choses qui encouragent son développement physique autant que psychique.

Le papa peut donner un biberon

Cependant, le biberon a aussi ses petits plus. Tout d'abord, il permet l'entrée en jeu du papa. Déjà que depuis neuf mois, il n'y en avait plus que pour la future mère... Bien sûr, il peut changer les couches, donner le bain, câliner, mais soyons réalistes: dans ses premiers mois, le plaisir le plus intense du bébé, c'est... se nourrir! Un plaisir pour lui aussi physique qu'affectif. Le biberon donne une chance aux pères de partager cela, de créer cette relation d'échange, naturelle pour la mère grâce à la grossesse, mais qui reste à inventer pour eux.

Et puis il y a le principe de réalité: le ministère de la santé préconise un allaitement maternel exclusif de six mois mais le droit du travail, lui, n'accorde que dix à treize semaines de congé maternité. Allez donc reprendre le travail avec un bébé au sein! Certes les mères allaitantes ont droit à une heure par jour pour la tétée du code du travail- mais je vois d'ici les mines consternées des intéressées.

Sein ou biberon, dans tous les cas, ce qui compte avant tout pour le bien-être de votre enfant, c'est votre bien-être à vous. La décision vous appartient. L'essentiel se trouve dans la relation, les échanges de regards, les gazouillis, les jeux, les mots que vous lui dites, les caresses que vous lui prodiguez. En d'autres termes, l'essentiel, c'est l'amour que vous partagez. Être une "bonne mère", c'est nourrir votre bébé comme vous l'avez choisi, et vous sentir heureuse de le faire.

Florence Bayala