Afghanistan : un nouveau-né a survécu à deux coups de feu, mais a perdu sa mère

Le témoignage poignant d’un père raconte de l’intérieur la terrifiante attaque d'une maternité à Kaboul. La BBC revient avec un témoignage poignant sur la terrible attaque qui a eu lieu le 12 mai dans une maternité de Médecins sans frontières (MSF) de Kaboul, en Afghanistan. Ce jour-là, trois hommes étaient «venus, de sang-froid, tuer des mères et des nouveau-nés», s’était indigné MSF, qui avait qualifié la tuerie de «pur enfer». Les assaillants avaient fait 24 morts, des nouveau-nés, des mères, des infirmières.

Dans la maternité se trouvaient Amina, née quelques heures plus tôt, et sa maman. Son père livre son témoignage à la BBC. Il était à l’extérieur de la maternité lors du début de l'attaque. Il a téléphoné à son épouse, qui lui a demandé s’il s’agissait d’une attaque suicide. Non, a-t-il menti: «je ne voulais pas qu’elle panique.»

«Comme si elle tenait encore le bébé»

Il tente alors de faire croire à sa femme que l’attaque a lieu à l’extérieur du bâtiment. Mais il lui demande tout de même de trouver un endroit pour se cacher. Puis il est entré dans le bâtiment. Et il a retrouvé son épouse sans vie, touchée d’une balle dans la jambe et d’une autre dans le cœur. «Couchée, avec les mains comme si elle tenait encore le bébé», lâche-t-il.
Amina? Le nouveau-né a aussi été atteint par deux balles. Deux impacts dans la même jambe. Après l’attaque elle a été admise en chirurgie.

«Ne pratiquez pas cette amputation»

Le lendemain, le papa du bébé était en train d’enterrer son épouse lorsqu’il a reçu un coup de téléphone. C’était l’hôpital, qui lui annonçait qu’il allait falloir amputer la jambe d’Amina. Il a supplié de ne pas le faire. «C’est une fille sans mère et ça rendrait son avenir difficile. Si elle ne survit pas ce sera notre destin mais s’il vous plaît, ne pratiquez pas cette amputation», plaide-t-il alors.

A ce stade les médecins estimaient déjà que le nouveau-né avait eu beaucoup de chance de survivre. Pourtant ils ont entendu son père et renoncé à l’amputation. L’opération menée a finalement été succès: les chirurgiens ont pu sauver la jambe d’Amina. Ils pensent qu’elle devrait pouvoir marcher quand elle sera plus grande, conclut la BBC. Le gouvernement afghan et des officiels américains avait attribué l’attaque à l’Etat islamique. Qui avait nié toute responsabilité.