Fistule obstétricale, le ministère de la femme soulage une trentaine de femmes

Afin de lutter contre la fistule obstétricale, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un accompagnement de la CEDEAO, à travers le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre.

Cet accompagnement est un programme qui vise à améliorer la santé des femmes et des filles souffrant de la fistule obstétricale, en vue de leur permettre de mener une vie productive, utile et contribuer au développement de leur région. Après le démarrage en 2016 à travers la sensibilisation, le projet a connu sa phase pilote avec l’opération de 30 filles et femmes porteuses de fistules dans les localités de Logoualé, Danané, Facobly, Zouan-Hounien et Biankouma. Depuis le 16 février dernier, une mission conjointe composée du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, du ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur ainsi que des ONG partenaires ; sillonne les régions impactées par le projet pour assurer le suivi de la mise en œuvre des activités génératrices de revenus et assurer la communication et la visibilité autour du projet. Sans omettre de visiter les ex-porteuses de fistules.

Témoignages des parents et ex-porteuses

Le mercredi 19 février, c’est dans les villages de Zouandesso et Gouélé dans le département de Biankouma qu’une équipe conduite par le directeur de cabinet Doumbia Yacouba est accueillie au quartier wongbaé dans la commune de Bangolo. Là, Debahi Angèle porte fièrement son bébé de deux ans qu’elle a eu après son opération. « Je suis heureuse aujourd’hui. J’ai un enfant qui a 2 ans, après mon opération. J’ai souffert pendant cinq ans. Cinq ans pendant lesquels, tout le monde me fuyait. J’ai souffert dans ma chair et dans mon esprit », se souvient-elle. Son père, Dao Kan Jean Paul ne cache pas sa joie. « Grâce à vous, ma fille est devenue sociable. Sinon dans sa maladie, c’est moi qui la soignais et lui apportais de l’aide. Elle était désagréable. Pas du tout jolie à voir. Mais aujourd’hui grâce à Mme la ministre, ma fille est guérie. Je suis fier de la voir dans un état de santé parfaite », se réjouit le géniteur.

À Goenié à près de 10 kilomètres de la ville de Bangolo, vit Zaé Léontine. Après 20 ans de répudiation, elle a retrouvé sa dignité grâce à l’intervention du projet. « Avant, j’étais gravement malade. Pendant 20 ans, j’étais isolée. J’ai entendu toute sorte d’injure. Je ne pouvais même pas m’asseoir avec mes camarades. Je faisais les urines sur moi et j’étais très dégueulasse. Aujourd’hui, cela est un lointain souvenir. Car je suis guérie et je m’assois parmi mes amies. Je ne suis plus stigmatisée comme avant », témoigne Léontine Zaé.

Comme ces femmes, toutes les ex-porteuses de fistules et bénéficiaires du projet se portent bien en dépit de quelques difficultés liées aux activités génératrices de revenus.

Conseils pour éviter la maladie

Le directeur de cabinet du ministre de la Femme de la Famille et de l’Enfant, Doumbia Yacouba lors de la tournée, a invité les populations à respecter un certain nombre de comportement pour éviter la maladie de la fistule. « On ne veut que ce qui est arrivé à nos sœurs, n’arrive à personne d’autre encore. Il faut éviter de donner les enfants en mariage à bas âge. Les grossesses prématurées sont aussi à la base de cette maladie. Il faut que les femmes, une fois enceintes suivent correctement les visites prénatales. Et après, il faut aller accoucher à l’hôpital. L’excision doit être proscrite », exhorte Doumbia Yacouba.

Sur les trente femmes opérées, 26 sont guéries, deux son toujours en suivi car leur cas nécessiterait une autre opération et deux autres sont décédées récemment. Mais ces décès ne sont pas liés aux interventions chirurgicales.

À la tête de l’équipe des praticiens qui donnent la guérison aux porteuses de fistules, se trouve le Professeur Konan Paul Gérard, Urologue au CHU de Cocody par la voix de Dr Kouadio Bilé Paul Roger, point focal fistules au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, s’est dit prêt à accompagner toutes les initiatives visant à améliorer la santé des femmes pour leur permettre de participer au développement de leur localité. A l’issue de cette visite, le chef de délégation se dit satisfait et prêt à continuer le travail.

« Les prochains programmes sont en préparation. L’État ivoirien avec l’appui de la CEDEAO a pu donner la joie à de nombreuses femmes. Nous sommes prêts à continuer le travail », indique le directeur de cabinet.

En attendant la mise en place du prochain programme, le ministère invite toutes les femmes porteuses de la fistule à se faire enregistrer dans les centres sociaux et auprès des ONG pour leur prise en charge.