Prix Aurora 2016 : L’Afrique primée en Arménie

La capitale arménienne, Yerevan, a été le théâtre hier dimanche d’une cérémonie grandiose de remise de distinctions à des personnes investies dans des causes humanitaires. Le prix, qui symbolise le génocide du Peuple arménien en 1915 et baptisée Aurora, a été remis à la Burundaise Marguerite Barankitse.

Marguerite, la mère des orphelins du génocide

La Burundaise, Mme Margue­rite Barankitse, a reçu, des mains de la star hollywoodienne, Geor­ge Clooney, le prix Aurora, hier 24 avril 2016, à Yerevan en Ar­ménie. Marguerite Barankitse aura donc été la première lauréate de ce prix. Cette dame de soixante ans, qui a dédié sa vie à protéger les victimes de génocides qui ont marqué la vie de cette région africaine des Grands-Lacs et surtout à offrir un foyer à des milliers d’orphelins, a été comblée par sa récompense. «C’est une reconnaissance de nos ac­tions», estime-t-elle émue. Le prix espère-t-elle, «va ouvrir les yeux au Président Pierre Nku­run­ziza du Burundi et à son régime qui massacre les cito­yens burundais». Marguerite Barankitse, qui était menacée, a fui son pays pour se réfugier en Belgique, depuis l’éclatement des soubresauts politiques au Burundi suite à la candidature et réélection controversées de Pierre Nkurunziza. Les actions humanitaires de «Maguy», com­me l’appellent ses amis, ont dé­buté au moment du génocide entre Hutus et Tutsis en 1994. Elle avait sauvé des milliers de vies durant cette tragédie. A l’éclatement des affrontements, cette femme d’ethnie tutsie, avait tenté de cacher 72  de ses voisins hutus pour les mettre à l’abri des persécutions. Ils seront découverts et massacrés sous ses yeux. C’est suite à ces terribles événements que Marguerite Baran­kit­se a entrepris de soigner des en­fants orphelins et des réfugiés. Elle a alors institué la Maison Sha­lom et l’Hôpital Rema au Burundi.

Les actions de Marguerite Ba­rankitse ont été reconnues et données en exemple à l’Huma­nité par un Comité de sélection composé de grandes personnalités internationalement reconnues pour leur engagement pour la paix, la justice, la démocratie et la protection des libertés fondamentales.

La récipiendaire a reçu une récompense de 100 mille dollars Us à titre personnel et une enveloppe d’un million de dollars pour soutenir les actions de son organisation afin de perpétuer et consolider cet engagement pour les causes humanitaires.

Le célèbre acteur, George Cloo­ney, a été à la baguette pour agrémenter la cérémonie à la­quelle a assisté le président Ar­mé­nien, Serge Sargsian. George Clooney fait partie des stars mondiales qui se servent de leur notoriété pour sensibiliser l’opinion internationale au sujet de la défense des droits de l’Homme. Son organisation, «Not On Our Watch», participe à la prévention des crimes de masse et s’est notamment distinguée par son travail au Darfour. George Cloo­ney a salué l’œuvre de Mar­gueri­te Barankitse qui «révei­lle l’Hu­manité qui sommeille en chacun d’entre nous».

D’autres personnalités ont au­ssi vu leurs œuvres humanitaires re­connues. Ce sont les finalistes la Pakistanaise Seyda Ghulam Fati­ma, le Congolais Père Ber­nard Kin­vi qui officie en Répu­blique cen­trafricaine et le médecin américain Tom Catena qui opère au Sud Soudan. Chacun de ces trois finalistes a reçu une enveloppe de 25 mille dollars.

Aurora et ses trois mousquetaires

Ils peuvent passer pour «trois mousquetaires de l’humanitaire, précisément de la lutte contre les actes de génocide. Leurs noms sont Ruben Vardanyan, Noubar Afeyan et Vartan Gregorian. Ce des célébrités de la diaspora ar­ménienne. Ces personnes qui ont fait fortune sont unies par un destin commun, celui d’être descendantes de personnes rescapées du génocide contre le Peu­ple arménien perpétré en 1915. Les membres de cette troïka con­sidèrent que s’ils sont en vie, c’est parce que leurs ascendants avaient été protégés et sauvés des massacres par des personnes courageuses qui avaient risqué leurs vies pour des actions hautement humanitaires. C’est pour rendre hommage aux sauveteurs de leurs parents qu’ils ont institué le prix «Aurora» qui récompense et «honore les justes d’aujourd’hui». Les initiateurs a­vaient lancé l’idée l’année dernière, à l’occasion de la commémoration du centenaire du génocide contre le Peuple arménien. 

Le prix porte le nom de Aurora Mardiganian (1901-1994). Auro­ra Mardiganian avait été la seule rescapée de sa famille du génocide de 1915. Elle avait été sauvée et amenée aux Etats-Unis par des missionnaires américains. Elle publia le récit de son histoire dans un livre intitulé Ravished Armenian. Aurora Mardiganian joua son propre rôle dans un film éponyme. Le prix Aurora s’inspire donc directement de l’histoire de cette icône. 

L’intégrité des médias porte le visage de Rukmini Callamachi

La cérémonie d’hier a été l’occasion pour distinguer les mé­dias et magnifier leur rôle dans la conscientisation du public sur les droits humains. C’est ainsi que la journaliste du New York Times, Rukmini Callamachi, a reçu une récompense décernée par le Comité d’organisation du prix Aurora et l’In­ternational  Center for journalists (Ifcj) basé à New York. Ce prix est baptisé «prix pour l’intégrité en journalisme». Rukmini Calla­ma­chi a été primée pour ses reportages consacrés au travail des enfants dans les mines d’or du Sénégal ainsi que la situation des femmes Yazidi en Irak et les exactions des islamistes à Tombouctou au Mali.

Le célèbre chanteur français d’origine arménienne Charles Azna­vour était l’invité d’honneur de la cérémonie. Le gala a été pré­senté par le journaliste du Wa­shington Post et écrivain Da­vid Ignatius accompagné de la soprano arménienne Hasmik Pa­pian.

  

Source : lequotidien.sn