200 employés de maison seront formés pour bénéficier d`une sécurité sociale

Le  rejet du projet de loi ivoirien sur la valorisation salariale  des employés  de maison ne  décourage  pas. L’Association des salariés du particulier-employeur (ASPE) invite 200 stagiaires à s’inscrire à un  coaching  spécialisé afin de bénéficier d’une déclaration à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).

« J’ai recruté mon employée de maison auprès d’une agence dans mon quartier à Marcory. Je lui verse 25 mille F CFA par mois pour me faire la cuisine. Elle dort et mange chez moi, en plus de son revenu. Mais, honnêtement, je ne suis pas satisfaite de sa prestation. Je suis à chaque fois obligée de lui dire ce qu’il faut faire. Elle est là depuis trois mois, mais elle n’a pas les automatismes. Mais comme il est difficile de se trouver des filles aujourd’hui, je fais avec ». Ce témoignage, est recueilli auprès d’une secrétaire de bureau à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

La problématique soulevée par la secrétaire de bureau fait partie des raisons qui ont conduit au rejet d’un important projet de loi en Côte d’Ivoire en 2014. Il s’agit du projet de loi fixant les conditions du travail domestique et portant organisation des agences de placement des travailleurs domestiques,  proposé par la députée suppléante Adjaratou Fadiga Traoré et adoptée par la Commission des affaires sociales et culturelles.

A l’époque, le député était soutenu par des figures de la société civile dont Sylvie Fofana, l’ivoirienne qui a révolutionné le métier des employés de maison en France.  Cette dernière poursuit son combat dans son pays d’origine, malgré le fiasco à l’Assemblée nationale. Avec l’Association des salariés du particulier-employeur (ASPE), Sylvie Fofana invite 200 travailleurs de maison  à s’inscrire à un  coaching  spécialisé afin de bénéficier d’une déclaration à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).

« Si tu souhaites être employé(e) de maison, c’est l’occasion pour toi de participer à la formation qualifiante qu’organise très bientôt l’association des salariés du particulier employeur de Côte d’Ivoire. Une fois la formation terminée on te placera au sein d’une famille où tu seras rémunéré sur la base du SMIG. Tu seras déclaré à la CNPS ainsi on te garantira une meilleure protection sociale », a posté la syndicaliste sur Facebook ce 26 août 2016.

Interrogée par Politikafrique.info pour plus de précisions, Sylvie Fofana explique que «  la formation aura lieu en novembre 2016 et elle est gratuite. Nous l’avons proposée après une enquête menée auprès des familles. Ces familles ont indiqué qu’elles sont prêtes à rémunérer l’employé de maison au Smig, à condition que cet employé soit formé. Nous voulons faire comprendre aux filles et aux garçons qui travaillent dans les domiciles que leur travail est un métier à part entière », indique Sylvie Fofana.

Pour elle, le processus de la formation s’impose avant le retour de la proposition de loi devant les députés ivoiriens.

La loi Adjaratou Fadiga, rejetée en 2014, prévoyait pour le personnel de maison, un salaire de base équivalent au Smig, soit 60 mille F CFA.  Le texte envisageait en plus, une protection juridique dont la délivrance d’un bulletin de salaire et une déclaration à la CNPS. Le député Adjaratou Fadiga souhaitait  également une contribution à hauteur de 5% du salaire de l’employé comme charge patronale pour la pension de retraite.

« La loi a été bâclée car les média n’ont pas suffisamment contribué à la faire accepter.  Ils ont conclu qu’on veut obliger les ménages  à payer 60 mille F CFA alors qu’ils ne  gagnent pas suffisamment d’argent. Et pourtant le texte proposé par Adjaratou Fadiga prévoyait qu’on retire la part du logement dans le salaire, ce qui revient aux 30 à 40 mille F CFA qu’on paie d’habitude aux filles de maison. Pour la déclaration à la CNPS, on demandait à l’employeur de juste payer 1500 F CFA, ce qui est faisable », soutient Sylvie Fofana.

Plusieurs ONG ont dénoncé des  injustices que subissent les employés de maison dans des ménages en Côte d’Ivoire.  La proposition du député visait à réglementer  l’emploi des « bonnes », des boys, des nounous, des cuisiniers. La formation annoncée se révèle comme une aubaine pour reconsidérer  le projet de loi.

 

Source : politikafrique.info