Pédophilie dans l`Eglise: neuf prêtres actuellement emprisonnés

Après les mois de scandales, l'Église catholique a livré lundi des statistiques rares: plus de 70 des 15 000 prêtres et diacres présents en France sont mis en examen ou ont été condamnés pour pédophilie. L'épiscopat français a livré des statistiques inédites sur les affaires de pédophilie.

Selon l'Église de France, "9 clercs (prêtres et diacres diocésains)" sont actuellement "emprisonnés en France pour des faits de violences sexuelles commises sur des mineurs", a indiqué lundi la Conférence des évêques de France (CEF), qui redit sa volonté de "faire de l'Eglise un lieu sûr" après des mois de scandales.

Au total, "37 clercs ont exécuté leur peine et sont sortis de prison" mais 26 clercs font toutefois "l'objet d'une mise en examen". Ce qui ferait, en cumul de condamnés (peines en exécution, peines exécutées) et de mis en examens, 72 cas sur les 15 000 prêtres et diacres présents en France. Soit 0,48 % des clercs en exercice.

137 signalements de faits pédocriminels

Entre 2010 et 2016, l'Eglise de France a procédé à "137 signalements de faits pédocriminels" auprès des parquets, indique également l'enquête. Durant cette période, "222 victimes se sont manifestées" auprès des diocèses, souvent pour des cas anciens: plus de 60% des témoignages concernent des faits survenus avant 1970, 35% des actes commis entre 1970 et 2000, 4% des agressions perpétrées depuis.

Les chiffres dessinent une réalité qui "n'est pas massive, même si elle reste préoccupante", a commenté Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la CEF. Pourtant, 2016 a été marquée par des révélations médiatiques en cascade concernant des suspicions d'abus sexuels. L'affaire la plus retentissante, celle du père Bernard Preynat, soupçonné d'avoir abusé de quelque 70 jeunes scouts lyonnais, a écorné l'image du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, visé par des plaintes pour non-dénonciation classées sans suite l'été dernier.

"Une opération de communication"

En novembre dernier, à Lourdes, les évêques de France avaient fait acte de repentance en reconnaissant avoir "manqué de courage pour prendre les mesures qui s'imposaient" face à la pédophilie. Pour l'association de victimes du père Preynat. La Parole libérée, la démarche épiscopale "a plutôt l'apparence d'une opération de communication" qui ne "règle pas les problèmes de fond". "Il faut un dialogue sur cette omerta, ce voeu d'obéissance, cette chasteté, ce tabou de la sexualité dans l'Église: il y a là un terreau qui va attirer des gens qui sont en difficulté", confie son président, François Devaux.

La Parole libérée a mis en place ses propres outils de recension des témoignages, en soulignant qu'ils ne sont que "la face émergée de l'iceberg". Sur sa plateforme "Match", destinée à mettre en relation des victimes d'une même personne, "367 formulaires" ont été ouverts, dont 34% correspondent à des "agresseurs religieux".

 

Source: lexpress.fr