Ces troubles qui empêchent les femmes de s`épanouir sexuellement

Qui n'a jamais plaisanté sur les problèmes d'éjaculation précoce ou de "panne" rencontrés par ces messieurs ? Les principaux soucis sexuels des hommes sont évidemment connus.

Par contre, les dysfonctionnements féminins rencontrent une aura bien plus restreinte  qui se limite au traditionnel "pas ce soir, chéri" dans l'opinion publique. Pourtant, entre le manque de désir, l'absence d'excitation, les douleurs ou les difficultés à atteindre l'orgasme, les troubles sont nombreux. Nous sommes allés à la rencontre du sexologue et gynécologue Armand Lequeux, qui décrit les principales raisons qui poussent une femme à se rendre à une consultation.

1. Absence du désir et d'excitation

Il peut s'agir soit d'une insuffisance (impression que ça n'est pas présent), soit d'une inhibition (impression de présence mais blocage). Et ce manque peut être généralisé (jamais présent) ou situationnel (une envie est présente mais pas à tout moment).

Ces troubles du désir doivent être pris au sérieux. Car ils s'accompagnent généralement d'un déficit de la phase d'excitation, entrainant des troubles de la lubrification et de la réactivité génitale. Ce qui l'empêche d'avoir des rapports ou la fait souffrir.

"Cela correspond aux troubles de l'érection chez l'homme sauf que chez ce dernier, les conséquences sont apparentes", précise Armand Lequeux. "La femme, elle, va avoir plus de difficultés pour trouver les mots pour en parler et va plutôt dire 'je n'ai pas envie'. Pourtant, au-delà de ce défaut de vocabulaire, certaines causes, tels les problèmes hormonaux ou de douleurs, peuvent être mises en évidence. Ces troubles peuvent également être provoqués par le tabagisme, l'hypertension, la sédentarité, l'obésité,... Mais aussi l'âge, évidemment."

Il est indéniable qu'une part psychologique entre également en ligne de compte. "Si la personne n'est pas bien dans son corps, que des soucis la travaillent, qu'elle a été abusée ou encore que son partenaire s'en sert comme d'un objet sexuel, elle risque de voir ses désirs inhibés",

Cependant, une solution pourrait être parfois envisagée pour stimuler l'envie : augmenter le taux de testostérone via un traitement. Petit bémol : ce produit n'est pas commercialisé en Belgique, à cause du marché trop restreint. "Je prescris donc parfois ces patchs aux patientes qui vont les chercher en France", confie Armand Lequeux. "Mais ce complément d'androgènes est moins génial que ce qu'on avait pensé. Chez les femmes, l'ambiance, le côté érotique, la psychologie, le relationnel sont plus forts que la testostérone."

2. Dyspareunie

Il s'agit de la première raison pour laquelle une femme parle de problème de sexualité à son médecin. La dyspareunie est la douleur ressentie lors d'un rapport sexuel.

Son origine peut être psychologique : "si la femme n'est pas suffisamment excitée, elle va être très fermée et va donc souffrir lors de l'introduction d'un organe", étaye Armand Lequeux. Dans ce cas, la dyspareunie inhibe donc les désirs sexuels. Mais les raisons de ces maux peuvent aussi être médicales et gynécologiques, comme en cas d'infection ou de tumeur. Quoi qu'il en soit, il n'est pas normal de souffrir lors des rapports. En cas de dyspareunie, la femme doit donc consulter un médecin.

3. Vaginisme

Il est ici question d'une contraction involontaire de toute la musculature du périnée, qui entraine une incapacité coïtale. Le vaginisme est soit primaire (depuis toujours) soit secondaire (après une période sans difficulté).

"Ce symptôme est très spectaculaire mais rare", analyse le sexologue. "Les causes sont très peu souvent physiques, comme en cas d'anomalie de l'hymen ou du vagin. La plupart du temps, c'est un blocage psychologique en réaction à une peur de la pénétration liée à des abus, à une image erronée de la sexualité, à la culture,..."

Dans ce genre de cas, le soignant va travailler à la fois sur le côté psychologique et sur le côté corporel de la problématique. "On va d'abord apprendre à glisser un coton-tige puis le petit doigt, et ainsi de suite, à travers une série d'échelons progressifs, pour arriver à la conclusion que c'est possible. On soigne donc ce dysfonctionnement comme une phobie, par une approche comportementale progressive, tout en essayant de comprendre d'où vient le problème. D'ailleurs, je préfère parler de 'phobie de la pénétration' que de 'vaginisme'", indique notre expert.

4. Anorgasmie

Les principaux modes d'accès à l'orgasme passent par la voie clitoridienne et la pénétration vaginale. Mais l'orgasme peut également être atteint par stimulation anale ou des mamelons, mais aussi de façon fantasmatique ou en rêve. "Les moyens d'y arriver sont généralement physiologiques. Cependant, l'orgasme, lui, se trouve plus haut, au niveau du cerveau, de l'esprit. D'ailleurs, cela se remarque au fait que l'intensité orgasmique n'est pas liée à l'organe effecteur, mais à la situation, au moment", fait remarquer Armand Lequeux.

Ce point culminant du désir sexuel va correspondre au moment où certaines substances sont émises dans le cerveau et suscitent ce sentiment de plaisir.

Mais certaines femmes sont atteintes d'anorgasmie. Ce trouble correspond à l'absence ou à l'insuffisance d'orgasme au cours de l'acte sexuel. Il peut être primaire (l'orgasme n'a jamais été atteint) ou secondaire (atteint auparavant mais plus maintenant). Mais aussi généralisé (dans toutes les situations) ou situationnel (à certains moments).

Ce dysfonctionnement apparait généralement parce que la femme ne parvient pas à "lâcher prise", à se laisser suffisamment emporter. Les principales raisons sont : la crainte, le stress, les douleurs, le manque de confiance ou de tact du partenaire,...

5. Nymphomanie

Egalement appelé "hypersexualité", ce trouble se caractérise par une exagération des désirs sexuels. "C'est sans doute un cas plus rare et qui déclenche une détresse moins grande. Ce problème exubérant sera aussi moins important que s'il touche un homme", souligne Armand Lequeux. Les raisons de cette nymphomanie peuvent être médicales, comme lorsqu'une femme est atteinte d'un traumatisme crânien, et psychologiques.

 

 

Source : alibre.be