Marina Niava : "Ce que j’ai fait à Oakland International Film Festival aux USA"

En 2005, elle n'était qu'une simple stagiaire dans une radio commerciale à Abidjan. Sachant faire montre de ses talents journalistiques, elle prend une ascension en passant à journaliste puis rédactrice en chef dans ladite radio. Son envie de travailler va l'emmener à être directrice de communication du centre culturel africain d'Oslo. Titulaire d'une maitrise professionnelle en journalisme et production, préparant actuellement un Masters de film et télé en Californie, Marina va abandonner cette nouvelle expérience pour s'adonner à ce qu'elle adore le plus : le cinéma. Tour d'horizon sur ce pend de sa vie...

D'où te vient cette envie du cinéma?

Mon envie de faire du cinéma vient du fait qu'à la base j’adore écrire. J'ai toujours eu la fibre littéraire et depuis toute petite, j'écris des histoires. Ayant fait des études de production audio visuelles, j'ai appris à écrire des scénarios. Et j'ai décidé d'aller au-delà de la simple écriture parce que quand on a un scénario, on a besoin d'un réalisateur pour faire de cette histoire une réalité. Et je me suis dit pourquoi ne pas franchir le pas et je l'ai franchi.

Est ce qu’on peut dire cela a été une belle expérience ? As-tu rencontré des difficultés dans ton parcours?

Je ne fais que commencer dans ce domaine donc je pense que je n'ai même pas encore eu mon lot de difficultés. Pour le peu que j'ai fait jusque là, j'ai rencontré beaucoup de difficultés mais c'est comme ça, tout début est difficile. Et malheureusement en Afrique la fin, même le début est difficile aussi. C'est tout de même une très belle expérience de pouvoir faire ce qu'on aime, et puis, je me souviens par exemple quand je travaillais comme journaliste. Je me suis "échappée" pendant un week end pour participer à un tournage de pub qui était comme un petit film. Et c'était une si belle expérience que je me suis dit c'est ce que je veux faire. Et le tournage de mon court métrage et la production du documentaire que j'ai fait avant ça, ce sont les choses dont je suis le plus fière dans ma vie.

Concernant le documentaire "Noirs au soleil levant", qu'est ce qui t'a inspiré à réaliser ce documentaire?

Il y a deux choses qui m'ont inspirée; je devais me rendre au Japon de toutes les façons. J'y avais été invitée et je voulais profiter de ces vacances là pour faire quelque chose qui ait une portée, j'aime bien rendre utile les voyages que je fais. Et puis deuxième chose, à cette époque, je voyageais et j'étais à la recherche d'une possibilité de spécialisation à l'étranger. Et je me suis demandé quelle pourrait être la vie, les écueils et les joies des étudiants africains au Japon. Et j'ai donc pris contact avec des étudiants ouest-africains dans la ville de Tsukuba et c'est ainsi que j'ai pu réaliser ce documentaire. Il y a de gros problèmes d'intégration pour ces étudiants là parce qu'il faut passer au minimum 18 mois de cours intensifs pour pouvoir avoir une conversation avec les japonais. Alors que le niveau d'anglais des japonais n'est pas toujours très poussé.

Parlons à présent de ta dernière production "21". Quelle est le synopsis du film?

Il s'agit d'une jeune femme prénommée Alika, qui, depuis la mort de son père vit avec Céline sa mère, une très riche et charmante dame qui entretient des relations avec un homme beaucoup plus jeune, Lyvann, que Alika ne supporte pas. Et à l'approche de ses 21 ans, Alika décide de s'offrir un cadeau assez très spécial qui est de se débarrasser de ce très énervant Lyvann, l'amant de sa mère.

"21" a été présenté à Oakland International Film Festival aux USA en avril 2014. Comment les américains ont-ils réagi?

Eh bien, c'était le seul film africain et ivoirien, si je ne me trompe pas, qui était présenté à ce festival. On a fait une projection au fait à San Leandro et il y avait environ 250 personnes dans la salle et le public a très bien réagi à ce court métrage. Et ça a été une agréable surprise pour moi. C'était la première fois que quelque chose que j'ai produit était diffusé devant un public. Donc c'était vraiment une très belle expérience pour moi. En fait le film avait été diffusé juste avant un long métrage qui avait été produit dans la région. Donc il y a beaucoup de gens qui sont venus pour voir ce film là. Voir "21" passé juste avant, il y a du monde, ils étaient disposés à regarder et un peu obligés aussi. Mais ça a été une grande chance pour moi de voir mon film passer avant ce long métrage là. Ils m'ont approchée en m'encourageant à continuer ainsi. Ils voulaient aussi savoir la suite car la fin est un peu mystérieuse.

Pourquoi le choix de ce thème?

A la vérité il n'y a aucune raison particulière. Je n'ai pas une intention cachée. C’est juste que la famille, pour moi, c'est important. Et une famille brisée cela a des conséquences. Là je décris une famille où le père et la mère n'ont jamais été ensemble. Ca a des répercussions sur la fille, sur sa mentalité, sur l'attitude de la mère. Et tout ce que j'ai voulu faire, c'était une histoire qui change un peu. Il y a un peu de romance mais j'ai voulu surtout explorer les thèmes de la manipulation, y mettre un peu de suspens, une histoire qui soit palpitante.

Quel est le public visé?

Je pense que tout le monde peut se retrouver dans "21". C'est un film qui est adapté à tout public, adolescent comme adulte. Tout le monde se retrouve là dedans. Voilà.

Quels sont les difficultés que tu rencontres dans la production des tes oeuvres? Es-tu subventionnée ou travailles-tu sur fonds propre?

En ce qui concerne "Noirs au soleil levant" c'est quelque chose que j'ai réalisé sur fonds propre, moi et ma petite camera dans les allées de Tsukuba. "21" c'est également une production auto financée. J'ai fait la recherche de sponsor à l'époque, il y a des personnes qui étaient disposées à m'aider, mais le temps était trop court pour elles, parce que les sponsors il faut rentrer dans les procédures. Donc je me suis dit, j'y vais. Je me suis auto financé. J'ai reçu tout de même l'appui de certains amis qui, spontanément, ont cru en mon projet et m'ont donné soit 50 000f, soit 30 000f. Je ne leur dirai jamais assez merci pour leur aide. Dans l'ensemble du processus jusqu'à ce que le film fasse sa première le 17 juillet , il y a des personnes qui m'ont apportée leur appui. Et j'aimerais remercier ici la Fondation Benianh Internationale, M. François Konian-Banny, le directeur de radio Jam, également M. Arantess de Bonali, le directeur du GPACT Festival, festival auquel le court métrage "21" a remporté des pris.

Parle-nous de ton équipe concernant le tournage de ce court métrage...

J'ai une très belle équipe et je suis super satisfaite de toute l'équipe. Il y a eu une très bonne atmosphère pendant le tournage et j'ai été particulièrement impressionnée par mon directeur photo, Samuel Ouedraogo, qui avait 19 ans alors qu'on tournant. Il venait d'avoir son bac quand il nous a rejoint et attendait d'effectuer son voyage à l'étranger. Mais déjà il faisait des shooting professionnels. C'est quelqu'un avec qui je retravaillerais volontiers. Mes acteurs sont jeunes; Fyfee Kallo, Aicha Kéita, Stéphane Coulibaly. Ce sont de jeunes personnes très dynamiques qui, avec un peu plus d'expérience et de la persévérance iront très loin dans le cinema, j'en suis convaincu.

Comment les as-tu sélectionnés?

Je n'ai pas fait de casting. Je les ai tous rencontrés par recommandation. Déjà je voulais prendre des personnes expérimentées. Mais je n'avais pas les moyens de payer des acteurs très connus, je ne voulais pas prendre aussi des personnes qui sont cataloguées dans certains rôles. Donc je voulais un peu de fraicheur dans mon court métrage. Et quand j'écrivais le rôle de la mère, je pensais déjà à Aicha Keita parce qu'elle avait joué dans teen-ager à l'époque. Je collaborais sur la série donc je savais de quoi elle était capable. Pour la jeune fille, là par contre j'étais carrément bloquée. Et c'est mon ami Mike Danon qui m'a recommandée la jeune fille et aussi Stéphane Coulibaly.

Peux-tu nous citer l'un de tes réalisateurs préférés et nous dire pourquoi l'admires-tu tant?

Je citerais une réalisatrice ghanéenne du nom de Shirley Frimpong-Manso. Je ne suis pas forcement la plus grande fan de son approche esthétique. Mais j'admire énormément sa ténacité. C'est une dame qui chaque année sort un film, qui veut faire du véritable cinéma. On sent cette volonté en elle de vouloir s'améliorer. Elle a monté sa propre structure de production et j'admire ça énormément chez elle. Elle a fait un film dont je suis une grande fan qui s'intitule "The Perfect Picture". En matière d'écriture j'aime beaucoup Quentin Tarantino qui utilise beaucoup d'ironie dans sa façon d'écrire et qui a des scénarios qui sont toujours surprenants. Il y a aussi la ghanéenne Leila Djansi et la productrice américaine Shonda Rihmes, la productrice du film "Scandal".

Après avoir fait le tour de tout ce qui concerne ton métier, nous allons nous intéresser à ta vie de femme. Es-tu mariée? As-tu des enfants?

Je suis célibataire sans enfants. Mais je me donne 2 ans pour trouver l'âme soeur. Les enfants, ils viendront quand Dieu le voudra.

Comment vois-tu ton prochain projet et c'est lequel?

C’est un long métrage que je souhaiterais tourner l'année prochaine. Mais avant ça mon prochain tournage doit être en avril prochain et ce sera peut être mon court métrage de thèse pour mon Masters. Et ça parle de l'utilisation du corps de la femme. Quand est-ce que la nudité féminine est considérée comme une oeuvre d'art, un objet sexuel ou un objet commercial? Donc j'explore un peu ce thème à travers l'histoire d'une étudiante qui doit poser nue pour payer ses cours. Et après cela, mon grand projet dont je parle de temps en temps c'est un long métrage que j'espère pouvoir tourner en 2015 et c'est une romance, une histoire d'amour.

Yolande Jakin (stagiaire)