Hindou Oumarou Ibrahim, née femme, peule et activiste

A la Cop 26, fidèle au combat qu’elle mène depuis ses 15 ans, la militante tchadienne défendra les droits et savoir-faire ancestraux des peuples autochtones. Une cause indissociable de la lutte contre le réchauffement climatique.

Les talons hauts perchés de Hindou Oumarou Ibrahim vont bientôt résonner dans les allées du centre d’exposition de Glascow qui accueillera la Cop 26 à partir du 31 octobre. Outre le bruit de ses talons, les participants entendront aussi sa voix, son indignation et ses revendications. Car la jeune femme est, depuis la Cop 21, en 2015 à Paris, coprésidente du Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique qui milite pour la reconnaissance de leurs droits et de leurs savoir-faire traditionnels. A la Cop 26, elle coprésidera le groupe de travail de facilitation de la plateforme des communautés locales et des peuples autochtones de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), poursuivant ainsi le combat qu’elle a entamé, adolescente, en créant dans son pays l’Association des femmes peules et peuples autochtones du Tchad (Afpat), qu’elle gère encore aujourd’hui. Elle est aussi représentante pour le Sahel au Comité exécutif du Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique.

Née en 1984 dans la communauté nomade Mbororo, Hindou apprend très tôt la signification du mot « discrimination ». Car, au Tchad même, les autres communautés ostracisent son peuple. Et au sein de sa propre communauté, les filles peules n’ont pas d’autre avenir que d’être mariées vers 12 ans et de faire beaucoup d’enfants. Mais, ses parents habitent à N’Djaména et l’obstination de sa mère à envoyer ses filles à l’école, envers et contre les figures tutélaires du père et des autres mâles de la famille, va changer la donne. Cela coûtera un divorce – momentané – à sa mère et confortera Hindou dans sa vocation de rebelle. Pas question pour elle de suivre le sort réservé à sa sœur aînée qui n’échappera pas au mariage à l’âge de 14 ans. Pas question non plus d’être traitée différemment à l’école. « Si l’on naît fille et autochtone, on naît déjà activiste », assène-t-elle. La suite de l’article sur planete.lesechos.fr