De l'industrie pharmaceutique à la piscicultrice : le chemin inspirant de Manizan Béatrice en Côte d'Ivoire

Manizan Manzan Béatrice est une quinquagénaire dont le nom est désormais bien connu dans le domaine de la pisciculture à Ayamé dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Sa spécialité, l’élevage de poissons en cages flottantes sur l’un des affluents de la Bia, un fleuve qui prend sa source au Ghana voisin et qui traverse tout le sud-ouest ivoirien pour se jeter dans l’océan atlantique.

Pourtant, cette passionnée d'aquaculture n'a embrassé ce nouveau métier que récemment. Avant 2021, Béatrice exerçait en tant que cadre supérieure dans l'industrie pharmaceutique à Abidjan. Après plus d’une vingtaine d’années d'expérience dans ce domaine, elle se décide à tenter une nouvelle aventure. « Je voulais désormais vivre mon rêve », explique-t-elle.

Informée d’une formation sur la pisciculture organisée par la mairie d'Ayamé, sa ville natale, elle est tombée sous le charme de cette activité et a découvert l'immense potentiel économique que représentait l'industrie de l'élevage de poissons. « J’ai appris à connaitre le poisson, à me familiariser avec ses aliments, à calculer les ratios », explique Béatrice. « En un mot, j’ai été conquise par la passion pour les poissons. »

Avec l'aide de quelques membres de sa communauté, Béatrice a créé une ferme piscicole en cages flottantes, avec un investissement initial d'environ 900 000 XOF (environ 1 400 dollars US). Rapidement, l'activité a commencé à générer des bénéfices qu’elle réinvestit dans l'acquisition d'équipements supplémentaires.

"Aujourd'hui, nous envisageons de produire au minimum une tonne de tilapia par mois et de diversifier notre production en ajoutant des machoirons et une espèce locale appelée ‘Mabè’, très prisée dans la région", précise-t-elle.

En avril 2023, la ferme de Béatrice a été sélectionnée par FISH4ACP, une initiative de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), qui encourage la croissance durable du secteur du tilapia en Côte d’Ivoire dans le but de soutenir l’objectif du pays de satisfaire la demande nationale d’ici 2031.

Mis en œuvre par la FAO et financé par l’Union Européenne (UE) et le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), FISH4ACP travaille avec 10 fermes pilotes afin de promouvoir l'adoption de techniques d'élevage améliorées du tilapia et de gestion des fermes.

"Mon rêve est de voir tout le fleuve couvert de cages avec des poissons d'ici trois ans, nous permettant de satisfaire la demande de toute la région sud du pays et même au-delà", souligne Béatrice. Elle imagine un avenir prometteur pour l'élevage du tilapia, notamment pour les jeunes, bien qu'elle soit consciente des défis que cela représente : "Le poisson est une activité lucrative qui favorise l'autonomisation à condition de s'armer de patience et de courage."