Mode/Panel : Les métiers d’art traditionnels africains de la mode et du design

Etat des lieux et solutions proposées par des spécialistes

En partenariat avec l’Ambassade de France à Abidjan, l’Ecole internationale de formation professionnelle Michèle Yakice (Eifpmy) a initié une conférence sur les perspectives de sauvegarde des métiers d’art traditionnels africains de la mode et du design le lundi 15 avril 2024 Abidjan-Cocody-Angré 8e Tranche. C’était en prélude à la 5e étape du cycle de forums Afrique Europe ‘’Notre futur’’ qui se déroulera à Abidjan du 20 au 22 avril 2024. Après Johannesburg, Yaoundé, Alger et Maurice, ce nouveau forum régional Afrique-Europe intitulé ‘’Hériter du futur, valorisons la diversité du patrimoine pour créer un avenir commun’’ mettra en débat les enjeux de patrimoine et de mémoire abordés sous le prisme des Industries culturelles et créatives (Icc).

En attendant, l’Eifpmy a mis les pieds dasn le plat et proposé une esquisse de solutions au cours d’un panel enrichissant. Ce n’est de secret pour personne que la mode est en constante ébullition et réinvente permanemment ses propres codes afin de captiver un public large en quête de découvertes et d'évasions. On constate également que les tendances sont édictées par les hautes maisons de couture européenne et américaine ainsi que les grands défilés de mode qui en découlent.

C’est là où tout se crée, se décide et s’achète. Dans cet univers très occidental, les métiers d’arts, de design africain ont-ils leur place ? Ces métiers ont-ils de l’avenir dans cet univers ? La réponse à ces préoccupations, a été donnée par des spécialistes dans différents secteurs de la mode africaine. L’objectif global de ce débat était de réfléchir sur des solutions de valorisation et de transmission des métiers d’art africains liés à la mode et au design.

La créatrice Miss Kouadio et Venance Brou, professeur de design textile à l'Institut national supérieur des arts et de l'action culturelle (Insaac) se sont chargés de répertorier les métiers d’arts traditionnels liés au design et à la mode. « Le tissage traditionnel nous donne certains motifs que le tissage moderne ne peut pas donner. Mais la difficulté avec cette technique demeure la problématique de la production quantitative. Sinon, les techniques existent et sont bien préservées », a mentionné Venance Brou. Miss Kouadio propose qu’on ajoute à ces arts traditionnels des techniques modernes pour qu’ils soient attractifs.

La réflexion sur la promotion et la pérennisation à grande échelle des métiers d’arts traditionnels a été conduite par conduite par Cha Kane, créatrice de mode, Isabelle Andoh de la marque Ysand et Gina et Massi, promotrices du label Simone et Elise ont porté les débats. Cha Kane a insisté qu’il faut ‘’ajouter de l'esthétique à notre création traditionnelle’’.

Quant à Isabelle Andoh, elle a rappelé l'importance de la formation. « On transmet et on dit comment on veut que les choses soient faites. On organise en interne des renforcements de capacités », a relevé cette dernière. Pour la création d’un espace de préservation, de formation et d’accompagnement pour les artisans des métiers de la mode et du design, le panel a fait appel à l’expertise de Diana Ronsin, présidente de l’association des jeunes créateurs africains et Loza Maleombho, créatrice de mode.

Mme Ronsin a un concept store qui distribue plusieurs marques. Elle privilégie le regroupement pour créer le nombre afin d’imposer la règle de la majorité. Participant à l’activité, le styliste modéliste Roger Bango a soutenu que la mode est générationnelle. « Pour qu’on s’en sorte, il faut qu’on structure nos entreprises et on pense entreprise. Il faut tout formaliser », a insisté Bango dont la démarche professionnelle est soutenue par la styliste-modéliste Koura. Hôte de l’évènement, Michèle Yakice dira simplement qu’il ‘’faut repenser les choses de A à Z sur notre métier’’.

Que ce soient les panélistes ou les participants, chacun est convenu sur la nécessité et l’importance de ces genres de rencontres qui sont un vrai partage d'expériences. Les métiers d'arts traditionnels africains représentent un héritage culturel précieux, témoignant de la richesse et de la diversité des traditions artistiques du continent.

« Pour assurer leur préservation et leur promotion, il est essentiel d'investir dans la formation des artisans, de soutenir les initiatives locales et de valoriser ces métiers à l'échelle nationale et internationale. En préservant ces métiers, nous préservons également l'identité culturelle africaine et contribuons au développement socio-économique des communautés qui les pratiquent », a dit, en guise de conclusion du panel Kifack Beyrouth, le modérateur.