Allergies : quand c'est la peau qui réagit

La peau est la première barrière qui nous sépare de notre environnement. Lorsque l'organisme devient intolérant à une substance, c'est donc souvent à ce niveau qu'il réagit. Avec à la clé des éruptions localisées, comme l'eczéma, ou généralisées comme l'urticaire.

Le ménage, les bijoux fantaisie, les cosmétiques d'origine végétale... A force de manipuler tous les jours desproduits de toutes sortes , nos défenses immunitaires peuvent devenir brusquement intolérantes : elles ne supportent plus le contact avec l'un de ces produits. Quand elle entre à nouveau en contact avec, la peau réagit en quelques jours. Elle devient épaisse et inflammatoire, elle démange et se couvre de petits boutons rouges. C'est un eczéma allergique de contact qui va progressivement peler.

Eviter le contact

Comme la réaction est localisée, le lien avec le responsable est vite fait : le poignet réagit avec un bracelet en nickel, la peau du cou rougit sous l'effet du parfum, celle des mains s'abîme après avoir utilisé un produit d'entretien... Le plus simple est alors d'arrêter de les porter ou de les manipuler. Lorsque ce sont les mains qui sont touchées, on peut aussi enfiler des gants avant de les utiliser pour se protéger. Mais l'identification du coupable est parfois moins évidente : un shampoing allergisant pourra surtout faire réagir la peau du cou sur laquelle ruisselle l'eau de rinçage. Une crème pour le visage provoquera une réaction au niveau des paupières uniquement... Le dermatologue ou l'allergologue devra alors conduire une petite enquête.

Ne pas confondre avec l'hypersensibilité

Pour cela, le médecin dresse la liste des produits et des circonstances dans lesquelles la réaction est apparue. Il fait aussi le tri entre ce qui peut être allergique et ce qui ne l'est pas, comme l'explique Jean-François Nicolas. « Parfois, les réactions cutanées n'ont rien d'allergiques. On parle souvent d' allergie au soleil , alors qu'il s'agit en fait d'une hypersensibilité, qui est la résultante d'une peau intolérante, qui peut réagir lorsqu'elle est agressée par le froid, le chaud, les frottements, l'eau... Ces deux notions sont souvent confondues. Or, quand on souffre d'eczéma allergique, il suffit de supprimer le contact avec l'allergène pour le voir disparaître. Contre une hypersensibilité à l'environnement, il faut protéger sa peau. C'est-à-dire porter des gants avant de manipuler des produits agressifs, utiliser des crèmes hydratantes ou émollientes plusieurs fois par jour, notamment la nuit, pour redonner à la peau une barrière de protection. «Utiliser des produits marqués CE et vendus en France évite les compositions farfelues...et de nouvelles réactions », souligne le spécialiste.

Réaliser des tests avec des patchs

Le médecin réalise la encore des tests cutanés : il colle sur la peau un grand rectangle adhésif qui porte des échantillons des différents allergènes suspectés : ils fonctionnent comme autant de petits patchs qui vont rester en contact avec la peau 48 à 72 heures. Le médecin observera ensuite si un ou plusieurs produits ont provoqué une réaction cutanée. Si la réaction est intense, on peut parler d'allergie. Dans ce cas, l'éviction est recommandée et des crèmes ou pommades corticoïdes sont prescrites pour parer d'éventuelles manifestations. Il est conseillé de ne pas laisser un eczéma sans traitement, quelle que soit sa forme. Car plus il perdure, plus il est difficile à faire disparaître.

Et si le corps est couvert de boutons ?

Parfois, c'est tout le corps qui réagit. Il se couvre immédiatement de boutons qui grattent terriblement et qui ont l'aspect de piqûres d'ortie : c'est pour cela qu'on l'appelle urticaire. L'aspect est impressionnant mais sans danger. Il découle d'un contact avec le latex, certains produits chimiques (ammoniaque, formaldéhyde) ou cosmétiques (déodorants, laques...), mais aussi des végétaux (ortie, armoise, ...), des animaux urticants (méduse, chenille...). Certains aliments allergisants peuvent même provoquer une urticaire rien qu'au toucher. Mais l'urticaire n'apparaît pas seulement après un contact sur la peau : elle est aussi une des formes que prend l'allergie après l'ingestion d'un aliment ou d'un médicament. Il s'agit alors bien d'une allergie alimentaire -ou médicamenteuse- mais elle s'exprime au niveau cutané. Dans ce cas, l'urticaire n'est pas le seul symptôme : des nausées, des vomissements ou des diarrhées surviennent aussi. Ce qui est potentiellement grave.

Pas de désensibilisation possible

La consultation médicale et les prick-tests cutanés permettront de faire le point sur les circonstances dans lesquelles les symptômes sont apparus et de faire le tri entre toutes ces formes. En cas d'allergie vraie, des médicaments oraux sont prescrits : antiallergiques antihistaminiques ou corticoïdes oraux en cas de manifestations sévères. Tout contact avec l'allergène doit évidemment être proscrit, autant que possible. « En revanche, il n'existe pas de protocoles de désensibilisation pour les allergènes cutanés. Mais les recherches sont en cours ». La consultation médicale permettra aussi de repérer les urticaires dites chroniques qui, comme l'eczéma, sont dus à une hypersensibilité : « Dans ce cas, on ne peut pas vraiment envisager d'éviction. L'urticaire peut apparaître n'importe quand ou cours de la vie, sous l'effet de n'importe quel produit, dès que les quantités sont trop importantes pour l'organisme ».

 

Source : topsante.com