Nappy : La mode ne tient qu`à un cheveu

Cette tendance capillaire est prisée par des femmes pour plusieurs raisons. Son style «nappy» a certainement contribué à son sacre le 11 juillet dernier, lors de la finale nationale de l’élection Miss Cameroun 2015. Jessica Ngoua Nseme, élue plus belle femme du Cameroun ce jour là, est fière de son look et l’assume depuis bientôt deux ans.

La reine de beauté camerounaise a adopté cette mode tendance qui consiste à garder ses cheveux naturels, qu’ils soient crépus, bouclés ou frisés. La tendance «nappy», qui est un terme d’appartenance à la mode afro, signifie «crépu.» Elle est la forme contractée de «naturelle» et «happy» et caractérise les femmes et filles qui revendiquent leurs cheveux d’origine. «Elles ne les défrisent pas, ne les tissent pas avec des cheveux lisses ou extensions pour ressembler aux Occidentales.

Pour elles, le crépu, si longtemps dévalorisé et ridiculisé, est magnifique. Elles en sont fières», témoigne Alice Mbarga, responsable d’un institut de beauté au quartier Bastos à Yaoundé. Le «nappy» est «une volonté de montrer aux yeux du monde que les Africaines ont quelque chose à apporter, et c’est le naturel. On n’a pas besoin de se refermer au reste du monde mais de s’ouvrir en restant nous même sans vouloir ressembler aux Européennes», indique Elise Nyemb, responsable du blog «Les bidouilles d’une nappy.» Line Nkou s’est mise à la mode ''nappy'' après de multiples problèmes capillaires dus au défrisage. «Avant, la solution idoine pour avoir des cheveux souples et doux comme certaines jeunes filles était de défriser les miens.

Des produits défrisants qui, le plus souvent, me brûlent le cuir chevelu, rendent mes cheveux cassants et occasionnent la chute de ceux-ci», confie cette femme au foyer. Elle dit avoir décidé de couper ses cheveux et de les garder naturels. Et ce malgré les moqueries de ses proches qui traitent ses cheveux de «koussa» (éponge à vaisselle ou de douche en langue ewondo, Ndlr.» Pour cette mère de famille, revenir au naturel est donc un choix plein de sens.

«Assumer mes cheveux crépus est essentiel pour obtenir le respect des autres, pour ce que je suis vraiment mais également pour être bien dans ma peau et préserver mon patrimoine culturel, car mes cheveux en font partie», affirme de son côté Felicia Rose Mekongo, une étudiante qui, par ce style, revendique son africanité. Une autre «nappy» témoigne avoir adopté son style naturel depuis 20 ans, malgré les nombreuses difficultés qu’elle rencontre pour leur entretien. Entretien «Je les lave chaque fois, puis je fais un bain d’huile de palmiste qui nourrit et adoucit mon cuir chevelu. Je les attache chaque fois avec du fil pour stimuler leur pousse. Mes filles également auront le même style, car d’après un passage biblique, la chevelure est le voile de la femme», dit-elle. Certaines femmes ne peuvent plus se mettre en mode ''nappy'', car leurs cheveux ont été abîmés avec des produits chimiques.

Pour retrouver leurs origines, elles se font des coiffures avec des mèches ''nappy'' disponibles dans les marchés et parfumeries. Avec ces mèches, on peut à la fois se faire des dreadlocks, des rastas, des greffes afro, ou les coller simplement sur des cheveux courts. Cette mèche est disponible en plusieurs couleurs : noir, le marron, le jaune, bordeaux, etc. On peut également l’avoir en longue ou courte, frisée, touffue ou ondulée.

Selon Yvette Ngo Mbock, coiffeuse à Yaoundé, pour se mettre en mode ''nappy'', il faut dans un premier temps arrêter d’utiliser les produits défrisants et se couper les cheveux pour laisser pousser les naturels. «Quand je me suis lancée dans la mode ''nappy'', j’ai coupé mes cheveux à ras. J’ai essuyé moqueries et insultes», se rappelle la blogueuse Elise Nyemb. Selon cette dernière, le ''nappy'' s’entretient avec des produits naturels tels que le beurre de karité, l’huile de palmiste ou de coco. Il se lave avec des shampoings spécifiques sans sulfate ou encore avec du savon noir commercialisé dans tous les marchés.

«La ''nappy'' doit aussi contrôler son alimentation pour prendre soin de ses cheveux. Tout comme elle doit suffisamment s’hydrater en consommant beaucoup d’eau», recommande Elise Nyemb, qui conseille de bien hydrater ses cheveux avant de les peigner, en utilisant un vaporisateur. «Il suffit d’y mettre de l’eau de source (3/4) et l’huile de son choix (1/4) (en générale de jojoba, de karité, de ricin, d’amande douce ou de coco). On peut également y ajouter de la glycérine végétale (en petite quantité), celle-ci permet de retenir l’eau et l’huile dans ses cheveux, ainsi ils restent hydratés toute la journée», précise Yvette Ngo Mbock.

 

Source : mutations-online.info