Cameroun: Jeune Afrique dévoile comment Chantal Biya s’est imposée comme femme de pouvoir

Entre autres hautes fonctions, la première dame contrôle à travers « son » homme, Ferdinand Ngoh Ngoh, le poste de Secrétaire général de la présidence de la République, « qui est pratiquement celui de vice-président au Cameroun » affirme François Soudan, le Directeur de Jeune Afrique.

Dans une nouvelle édition à paraitre le lundi 18 février 2019, l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique publie une enquête pour démontrer comment Chantal Biya impacte énormément la gouvernance de son pays natal, à l’ombre de son époux, président de la République.

On dirait une réédition. En 2016, Jeune Afrique affirmait déjà dans un article que la première dame exerce en partie le pouvoir. «Son époux l’appelle « Madame la Présidente », même si le titre n’est pas prévu par la Constitution… Entrée au palais sur la pointe des pieds, elle s’est imposée comme femme de pouvoir. Son influence auprès de son époux est de plus en plus grande et son empreinte sur les affaires publiques marquée » écrivait l’hebdomadaire panafricain.

Trois ans après, Jeune Afrique en remet une couche à la faveur du dernier remaniement ministériel qui a vu les protégés de Chantal Biya prendre du galon alors qu’une partie de l’opinion publique les voyait au gnouf à la suite de l’échec retentissant enregistré dans l’organisation de la CAN 2019 de football.

« Chantal Biya est devenue une vraie femme politique qui s’est imposée dans l’univers impitoyable de la présidence. Elle a appris les codes de la politique, elle a su se faire une place, elle est devenue un véritable pôle de pouvoir dont l’influence est incontestablement croissant. Il y a deux postes importants à la présidence de la République. Il y a le Directeur du cabinet civil et il y a le Secrétaire général de la présidence de la République. Ces deux postes, elle les contrôle. Le DCC actuel, Samuel Mvongo Ayolo, est un proche de la première dame. L’autre poste, Secrétaire général de la présidence, pratiquement celui de vice-président au Cameroun, est occupé par Ferdinand Ngoh Ngoh. La CAN 2019, ça été un échec incontestablement, mais Ferdinand Ngoh Ngoh, tout comme le ministre des sports, Bidoung Kpwatt, qui est également un proche de la première dame, s’en sont très bien sortis au dernier remaniement ministériel. Ils n’ont pas été sanctionnés. Ferdinand Ngoh Ngoh a même été élevé au rang de ministre d’Etat », explique François Soudan, Directeur de la Rédaction de Jeune Afrique, qui était ce dimanche 17 février 2019 dans les studios de Rfi depuis Paris pour présenter la Une du nouveau numéro de son journal.

L’influence grandissante de Chantal Biya, ne manque pas d’alimenter une lutte des clans au palais de l’Unité à Yaoundé. « Au sein de la présidence, il y a des clans. Les proches de Madame Biya qui ont été nommés, viennent essentiellement de la région d’origine de sa mère qui est l’Est du Cameroun. Il y a aussi un clan Bulu qui est proche de Paul Biya, c’est la Région du chef de l’Etat. Ce clan grince les dents devant la montée en puissance de la première dame » indique François Soudan.