Ado : il surfe sur le net au lieu de dormir… que faire ?

Les études le montrent : les enfants dorment de moins en moins. En particulier les adolescents, happés par les écrans. 15% des collégiens se réveillent même la nuit pour envoyer des messages ou se connecter à Internet. Un véritable fléau quand on connaît les conséquences sur leur santé et leurs capacités d’apprentissage. Les conseils précieux du Dr Sylvie Dieu Osika, pédiatre et experte de la question, pour recadrer les choses sans trop de heurts.

Ils traînent des pieds au moment d’aller au lit et très souvent, une fois dans la chambre, on les retrouve le nez collé à leur portable ou les yeux écarquillés devant la télévision, la tablette ou l’ordinateur… 

Le phénomène n’est pas rare. 

88% des adolescents avouent manquer de sommeil. 
Parmi eux, 99% ressentent de la fatigue 
et 36% se disent somnolents durant la journée.*

L’ado méconnaît son sommeil et souvent, le néglige. "Alors que le temps de sommeil devrait être de 9 à 11h par nuit pour les 10-15 ans et de 8 à 10h de sommeil par nuit pour les 15-18 ans, il est souvent plutôt autour de 7h, voire 6h pour les plus jeunes et 6h, voire 5h par nuit pour les plus grands", déplore le Dr Sylvie Dieu Osika, pédiatre libérale et hospitalière à Rosny-sous-Bois, membre du collectif CoSE (Collectif Surexposition Ecrans). "Certes, il existe des petits et des gros dormeurs. Mais les études le prouvent : en-dessous de 8h par nuit, les adolescents manquent de sommeil". 

Lumières et appareils divers sont en effet éteints à 22h55 en moyenne en sommeil et 00h20 le week-end, sachant qu’ils ne s’endorment réellement que 30 minutes plus tard. 42% des jeunes se réveillent en outre au moins une fois dans la nuit, pendant 58 minutes en moyenne, et profitent de ce temps d’éveil pour, à nouveau, rallumer leur objet fétiche. 

Un impact majeur sur la santé

On l’aura compris, les écrans sont donc lourds de conséquences, à la fois en termes de quantité mais aussi de qualité de sommeil. "L’adolescent y développe une véritable addiction, ce qui le pousse à ignorer ses besoins physiologiques, poursuit la pédiatre. Il ne se rend plus compte que dormir est une priorité pour son corps. Il a tendance à faire ce qui lui plaît plutôt que d’écouter les besoins que lui dicte son organisme".

L’exposition aux écrans retarde en effet le moment de s’endormir. La lumière bleue projetée empêche la sécrétion de mélatonine, cette hormone fabriquée par le cerveau qui nous incite à aller nous coucher.
Sans compter le visionnage de contenus violents, angoissants, et les notifications envoyées par les réseaux sociaux, qui nuisent à la qualité du sommeil. "Ils créent une excitation peu propice à l’endormissement".

Les adolescents ont beau essayer de rattraper ce besoin de sommeil par des grasses matinées le week-end, voire des stratégies plus risquées (28% des jeunes consomment régulièrement du thé, du café et des boissons énergisantes pour tenir le coup en journée, et 2% prennent même des somnifères pour être sûrs d’enchaîner quelques heures de sommeil), ils ne parviennent jamais à combler leur déficit. Leur santé s’en trouve ainsi impactée : "Troubles de l’humeurs, de la concentration, de la mémoire…, toutes leurs capacités au cours de la journée sont altérées, souligne le Dr Dieu Osika. Quand on manque de sommeil, on est moins patient, moins empathique, moins attentif, on s’énerve plus vite. Les envies de dormir inappropriées surgissent, souvent en fin de matinée ou en début d’après-midi. Certaines phases du sommeil sont essentielles à de bonnes fonctions exécutives, cognitives, à de bons systèmes de mémorisation et d’apprentissage. On sait aussi que dormir permet de bien grandir, garantit un meilleur système immunitaire… La liste est infinie !". 

Bien sûr, il ne s’agit pas de diaboliser entièrement les écrans, dont le contenu riche peut se révéler par ailleurs positif pour nos chères têtes blondes. Il faut aussi permettre à nos jeunes de vivre avec leur époque : cet outil numérique est aujourd’hui incontournable pour eux et il n’est pas question de les en priver totalement. "Tout est question d’équilibre et d’encadrement, ajoute la pédiatre. Aujourd’hui, l’éducation numérique est devenue un sujet incontournable pour les parents. Il mérite une vraie réflexion si l’on veut aider nos enfants à mieux vivre".