Infidélité: faut-il l'avouer ou non?

Qui dit infidélité dit pour beaucoup culpabilité. Faut-il pour autant se soulager en avouant, au risque de reporter ce poids sur l'autre, ou de voir son couple exploser?

C'est une question que presque tout le monde s'est un jour posée, qu'il ait ou non trompé l'autre: faut-il confesser une infidélité ou au contraire garder envers et contre tout ce secret, sous peine de prendre le risque de voir son couple exploser? Existe-t-il d'ailleurs une réponse catégorique à cette interrogation, tant chaque histoire a sa propre logique, ses propres tenants et aboutissants? A défaut de certitudes, voici quelques éléments de réponse.

Se poser la question: l'autre est-il en mesure d'entendre la vérité?

"Difficile d'être catégorique en la matière", prévient Alice de Lara, thérapeute de couple et médiatrice familiale. "Tout dépend avant tout du couple et de son fonctionnement, ainsi que de la capacité de l'autre à recevoir une telle information." C'est, selon elle, la première question à se poser lorsque, "pétri de culpabilité", on souhaite se livrer, au sens propre comme au sens figuré: "A qui fais-je cette confession? Est-elle/il en mesure de l'entendre?" En effet, poursuit Alice de Lara, la plupart du temps, ce désir de parler, de ne plus mentir, est motivé par une envie de ne plus souffrir de ce secret "qui peut en ronger certains".

D'ailleurs, constate la thérapeute, "souvent, la personne adultère qui ne supporte plus cette culpabilité n'a même pas besoin de parler, il ou elle est découvert(e) en raison d'un acte manqué". Et de se rappeler ce patient, "qui ne descendait jamais les poubelles et qui, après avoir trompé sa femme chez eux, a consciencieusement fait le ménage pour effacer les preuves, tout en 'oubliant' les deux coupes à champagne au bord de l'évier".

Avouer... pour soulager sa conscience?

"Libérer sa conscience, c'est un peu facile", glisse encore Alice de Lara. "D'une certaine manière, c'est une façon de se dédouaner et de faire endurer à l'autre ce poids que l'on n'arrive plus à porter." Autrement dit, si la seule motivation de la confession est "de se sentir soi même mieux après", il n'est pas évident que ce soit la chose la plus généreuse à faire.

Ceci étant dit, il est bon de garder à l'esprit cette réalité: beaucoup d'entre nous ont une conscience morale, que Jacques Lacan, et Freud bien avant lui, appelait "le surmoi", si forte qu'ils ne peuvent tout simplement pas ne pas avouer. Tout en sachant le mal que cela provoquera et les conséquences à long terme, ce besoin de se soulager du secret est plus fort qu'eux.

Respecter le souhait d'ignorance de l'autre

Un secret qui d'ailleurs souvent n'en est pas un, souligne Alice de Lara. "Il est rare que l'autre n'ait aucun doute. Avec les téléphones portables aujourd'hui, il est devenu bien difficile de ne pas éveiller les soupçons. Le simple fait de ne plus le laisser sur la table comme avant est un signe qui ne trompe pas. Mais ce n'est pas pour cela qu'il ne faut pas respecter le souhait implicite de l'autre de ne pas savoir. De nombreux couples durent ainsi, dans un non-dit moins douloureux qu'un grand déballage."  

"Je crois que j'en ai encore plus voulu à mon mari de me dire qu'il m'avait trompée que de l'avoir fait", confirme Myriam, 37 ans. "Savoir m'a détruite, m'a transformée en harpie qui voulait tout connaître des détails tout en souffrant comme une bête quand il me les donnait. Si vraiment, comme il me le jurait, c'était une erreur qui ne signifiait rien, pourquoi ne l'avait-il pas gardée pour lui? Nous serions peut-être encore ensemble, alors qu'après six mois de déchirements, je suis partie, incapable de pardonner."

"Le dire" peut aussi permettre de réfléchir à cette situation de crise

Si, pour le couple de Myriam, la vérité a été fatale, Alice de Lara, observe que, parfois, elle peut également être le point de départ d'une "reconstruction". "J'ai vu des femmes -et plus rarement des hommes- accueillir l'information avec un calme surprenant, presque comme un soulagement", raconte-t-elle. "Le dire présente alors l'avantage de réfléchir à cette situation de crise, de considérer cette infidélité comme un signal d'alarme, la preuve que quelque chose ne fonctionne pas dans le couple", assure la thérapeute. "C'est presque également une manière pour l'adultérin de demander à l'autre de l'aider à s'arrêter."

C'est un peu dans ce but qu'Isabelle, 45 ans, a fini par tout dire à son conjoint de sa liaison avec un collègue. "Je me sentais coupable bien sûr, mais surtout, j'ai réalisé que j'aimais profondément mon mari. Que j'avais succombé au charme de cet homme parce qu'il m'offrait ce qui me manquait dans mon couple: de la nouveauté, de l'attention, etc. Bien sûr, ce n'était pas la faute de mon conjoint si j'avais 'fauté', mais il avait sa responsabilité, il avait en quelque sorte démissionné de son rôle, préférant se consacrer à son travail plutôt qu'à nous deux. Et j'avais un peu fait la même chose d'ailleurs. En le lui disant, j'ai pris le risque que cela se termine, mais j'étais persuadée alors qu'il nous fallait cet électrochoc pour rallumer la flamme". Lire plus sur lexpress.fr