Couple : comment se faire confiance avec le temps ?

Pour vivre heureux et longtemps ensemble, il faut s’aimer très fort ? Bien sûr, mais pas seulement. Nous devons aussi nous faire confiance. Un sentiment à nourrir chaque jour un peu.
      
En rêve, nous voudrions vivre notre couple sur le mode de la passion et prolonger l’intensité de l’état amoureux du début. En réalité, nous sommes beaucoup plus pragmatiques et nous comptons plutôt sur la confiance réciproque pour faire durer notre couple. Pour l’immense majorité d’entre nous, la fidélité est en fait essentielle. Sans compter que nous avons besoin d’être rassurées à d’autres niveaux.

Nous attendons d’être soutenues au quotidien pour faire tourner la maison et nous comptons être soudés face aux aléas de la vie. C’est d’autant plus vrai après la naissance des enfants. Pour nous comme pour eux, nous espérons la stabilité et l’équilibre. Hélas, les petites trahisons – sans parler des plus graves – sont légions. C’est bien ce qui pimente la vie conjugale. Pour nos experts, elles seraient inévitables et parfois nécessaires, à condition de pouvoir se faire confiance sur l’essentiel. Un patient travail d’ajustement en perspective.

Une demande de fidélité

Impossible d’imaginer sereinement notre chéri dans les bras d’une autre. Idem pour Monsieur, car les hommes se montrent rarement plus permissifs. Si nous nous montrons aussi exclusifs, c’est que la fidélité cristallise toutes nos attentes de confiance. Avec notre conjoint, nous avons conclu implicitement ce que le sociologue Jean-Claude Kaufmann appelle « un pacte de confiance mutuelle », qui permet d’être solidaires face aux difficultés du monde du travail, aux problèmes économiques, au dur jugement des autres… Pas étonnant que la loyauté amoureuse de notre partenaire nous semble tellement importante dans ces conditions. Et au moindre accro dans notre bulle protectrice, c’est tout notre navire personnel, conjugal et familial, qui chavire.

Les petites trahisons

Cette exigence mutuelle n’est pas facile à tenir notre société d'aujourd'hui. Les relations hommes/femmes se sont libérées et « l’amour crépite aujourd’hui de toute part », pour citer le sociologue. Tout pousse à adopter une conduite amoureuse plus libre que celle revendiquée au sein de notre couple. Pour le psychiatre Serge Hefez, nous devons reconnaître que les sollicitations sont omniprésentes et que nous sommes souvent en situation d’infidélité symbolique. Beaucoup de rapports sociaux se vivraient, d’après lui, sur le mode de la séduction. On se charme entre amis ou collègues et ce marivaudage nous aide à nous sentir toujours désirables. Mais… on ne badine pas avec l’amour, le vrai. A chacun de fixer les limites au-delà desquelles on trahit ou on est trahi(e).

On se fait toujours confiance

Justement, parlons-en de ces limites et revenons à celles que nous avions posées au début de notre histoire. Nous étions-nous vraiment juré une fidélité absolue, un amour pur de toute tentation ? Pas forcément. Une trahison n’est réelle que par rapport à un engagement initial. N’oublions pas que nous sommes les héritiers de la génération 68 et que, même si nous sommes plus conservateurs que nos aînés, nous sommes tout de même prêts à envisager un peu de souplesse. Nous en avons besoin, même s’il ne s’agit pas nécessairement d’aller voir ailleurs. L’essentiel est de savoir ce que l’on veut à deux et de ne pas être prisonniers de l’image que nous voulons donner de nous-mêmes.

Tous les micro-écarts ne prêtent donc pas à conséquence, et si nous n’en faisons pas mystère, c’est que le climat de confiance est bon. Ils permettraient même de maintenir le désir durablement au sein du couple. Mais il arrive que le pacte amoureux soit bel et bien brisé. On peut s’étonner de ne pas en souffrir autant qu’on le penserait et, dans ce cas, mieux vaut ne pas s’enfermer dans le rôle de la femme (ou de l’homme) bafouée.

Le plus souvent hélas, l’épisode est dévastateur. Face à l’infidélité patente de l’autre, nous nous disons que nous ne pourrons plus jamais lui faire confiance et que la vie à deux n’a plus de sens, même si les enfants sont là. Passé le premier moment d’effondrement, Serge Hefez conseille de prendre le temps d’évaluer la nature de la trahison : est-ce une vraie passion parallèle ou un court moment de folie ?

Toutes les situations n’impliquent pas la même réaction, d’après lui. L’aide d’un tiers, d’un thérapeute, est alors souvent utile pour renouer le dialogue et repenser ensemble ce qui fondait le couple à l’origine et qui le fonde peut-être encore. L’occasion de nous donner une seconde chance pour restaurer la confiance et aller de l’avant, refaire des projets ensemble.

L’envie de complicité

Le besoin de confiance n’est pas qu’une question de fidélité. C’est aussi un pari commun sur l’avenir, l’envie de partager à long terme le même projet de vie. Nous voulons faire notre nid ou voyager ensemble, être partants pour avoir un, deux, trois… enfants et nous avançons ainsi dans la même direction. Cette complicité s’exprime dans les choses minuscules du quotidien : nous rions et nous nous indignons pour les mêmes raisons. C’est très rassurant !

Les petites trahisons

Légitimement, nous aspirons à cette proximité, mais dans le même temps, nous revendiquons des moments perso. Cette demande de réalisation est même de plus en plus forte, note Serge Hefez. Surtout de la part des femmes qui n’entendent plus rester dans l’ombre du foyer. Nous allons donc chercher ailleurs de quoi satisfaire nos besoins d’émotions artistiques, sportives, intellectuelles. Les termes ne manquent pas pour suggérer que ces investissements extérieurs au couple et à la famille peuvent être vécus sur le mode de la trahison par le conjoint. Pour un peu, notre amoureux dirait qu’on le trompe avec nos cours de gym, nos pauses café avec les copines, notre stage de théâtre. Et lui, quand il fait son tennis le samedi matin ?

On se fait toujours confiance

Avant d’exploser et de se sentir niée, il faut prendre le temps de discuter afin de trouver le juste équilibre. « Ce n’est pas toujours au même de rentrer tard ou de s’absenter le week-end. Si les conjoints arrivent à s’échapper à tour de rôle, la relation n’en sera que plus légère et plus riche », assure Serge Hefez. Mais au fait, pourquoi a-t-on tellement besoin de s’échapper ? Pour se faire du bien ou pour fuir la maison ?

La deuxième hypothèse est forcément dangereuse. Il est alors urgent de se demander pourquoi, et surtout de chercher de nouvelles passions à partager avec son cher et tendre. L’occasion de prendre un nouveau départ et d’évoluer toujours ensemble. Pour notre thérapeute, « on ne va pas vivre en couple uniquement pour soi, ni complètement pour l’autre, mais on va devenir tous les deux autre chose. Comme si 1 + 1 = 3, symbole d’une entité nouvelle, et non pas 2, à l’image de deux individus avançant parallèlement. »

Le besoin de solidarité, d’entraide et de fiabilité

Quand deux êtres s’aiment et vivent ensemble, le minimum est qu’ils s’épaulent, soient à l’écoute dans les moments de lassitude ou de coups durs.... Lire plus sur notrefamille.com