Quel est votre style de couple ?

Pas à pas, on invente sa vie à deux. Mais si chaque couple est unique, tous se retrouvent dans l’un des grands profils dégagés par le sociologue Jean Kellerhals dans son ouvrage “Mesure et démesure du couple”. A vous de reconnaître le vôtre.

 

Dans cette diversité, il se dégage malgré tout cinq grandes tendances, cinq modes de fonctionnement plus ou moins harmonieux et plus ou moins nouveaux. L’un de ces profils vous ressemble. Les autres vous rappelleront sûrement des amis, des parents, des voisins. Que faire de cette typologie ? Elle vous permettra d’abord de porter un regard éclairé sur votre couple. Quelles sont les valeurs sur lesquelles vous vous êtes trouvés ? Quels sont les rôles, les territoires de chacun ? De quelle façon gérez-vous les conflits ? Vous verrez ici que le lien conjugal dépasse largement le lien amoureux. « L’imaginaire collectif est toujours empreint d’une représentation de l’“amour-destin”, qui serait censé nous tomber dessus un beau matin et régler instantanément tous nos problèmes », constate notre expert.

Le style cocon

Seuls contre tous

Les priorités

Chez les "cocon", on se cajole beaucoup. Le principal objectif des conjoints est de se prodiguer tendresse, soutien et distractions en réponse aux difficultés de l’existence, parfois la précarité ou le déracinement. Ensemble, ils construisent un nid intimiste qu’ils préservent le plus possible de l’agitation du monde. Comme les "bastion", leur relation est fusionnelle. Ils puisent dans la similitude de leurs goûts et leurs activités communes un indispensable sentiment de sécurité.

Les rôles

La répartition des tâches se fait sur un mode égalitaire. Tour à tour, chacun s’occupe des repas, du ménage, des enfants. Et tous deux ont des jobs, en fonction de la conjoncture. Plus encore que les femmes, les hommes se réfugient dans la bulle et les rituels domestiques pour compenser les frustrations du quotidien.

Le rapport au monde

Il se caractérise par un important repli sur soi. Car les "cocon" ne se sentent pas appartenir à la communauté dans laquelle ils vivent. Ils ont le sentiment d’être seuls dans la ville, impuissants devant le pouvoir des autres, parfois exclu des plaisirs de la consommation. En retour, ils ne montrent pas grand intérêt pour la marche du monde. Intégration sociale, ascension professionnelle ou participation citoyenne sont des objectifs secondaires.

Les avantages et les inconvénients

Les "cocon" sont assez démunis devant les difficultés matérielles. Plus prompts à se réconforter qu’à agir, ils ont souvent du mal à solliciter l’aide adéquate. Dans la relation, les conflits restent longtemps larvés avant de pouvoir être affrontés car la division est perçue comme une menace supplémentaire. La force des "cocon" est d’être solidaires. Si la vie ne se montre pas trop dure avec eux, ils peuvent faire un agréable bout de chemin.

Le style parallèle

Ensemble, à défaut de mieux

Les priorités

C’est le style qui s’éloigne le plus des représentations que l’on se fait d’un couple heureux. Ici, comme dans le genre association, chacun a son propre rythme, ses propres activités. Mais ce mode de vie parallèle est surtout issu d’une certaine indifférence des conjoints l’un à l’autre. Chacun s’adonne à ses centres d’intérêt, traverse ses états d’âme de son côté. Au fond, on n’est ensemble que parce que l’on ne peut pas faire autrement.

Les rôles

La différenciation des tâches atteint ici son apogée. La femme s’occupe seule de l’ordre et de la propreté du foyer. L’homme attend d’elle un appui logistique pour ses activités extérieures. Il a souvent un dur labeur, ne sait accomplir aucune des corvées dont elle a la charge et réciproquement. Leur besoin l’un de l’autre n’a rien de sentimental.

Le rapport au monde

Les relations du couple avec l’extérieur sont quasiment inexistantes. Il vit dans l’isolement, ignorant de ce qui se passe ailleurs et peu disposé à ouvrir sa porte aux parents ou voisins qui pourraient y frapper. Pour autant, il n’y a pas désir d’intimité. Tant que l’on ne se cherche pas de noises, on cohabite à peu près tranquillement.

Les avantages et les inconvénients

Difficile d’évoquer les avantages de ce mode d’union. Les conjoints attendent peu l’un de l’autre, ils ne peuvent donc plus se décevoir mutuellement. Chacun sait parfaitement ce qu’il a à faire, les règles sont rigides et immuables… Une bonne manière d’évacuer le doute. Incontestablement, il y a de l’ordre et de la prévisibilité dans cette formule-là. Ce n’est pas la fête, mais cela peut durer toute une vie.

Le style compagnonnage

La communauté d’abord

Les priorités

Comme les "bastion", ce couple a fait alliance pour longtemps. Il a admis une fois pour toute l’idée d’un destin commun et la vie de chacun des conjoints se confond avec celle de la famille qu’ils ont fondée. Ici encore, la relation est fusionnelle, on revendique sa ressemblance et on a peu de jardins secrets. Ce qui différencie le couple compagnonnage des "bastion" et des "cocon", c’est l’importante participation des deux conjoints dans la vie de la communauté.

Les rôles

Comme dans le style association, on privilégie ici la souplesse de fonctionnement à la définition de règles ou de rituels. Les horaires et les attributions de chacun s’adaptent aux projets du moment. Chacun est en mesure de pourvoir aux différents besoins du foyer, l’interchangeabilité des conjoints étant un gage d’évolution. Mais dans cette formule-ci, contrairement au style association qui valorise les projets personnels, l’intérêt collectif passe toujours en premier. Pour la famille ou la communauté, chacun est prêt à faire quelques sacrifices : déménager par exemple, ou interrompre momentanément sa carrière pour faciliter celle du conjoint ou élever les enfants…

Le rapport au monde

Identifié comme inséparable, le duo a, en outre, choisi de s’impliquer dans la municipalité, l’école, les syndicats professionnels, les associations locales… Très ouvert sur l’extérieur, ce n’est pas un couple mondain (comme l’est parfois le couple association), mais davantage un couple citoyen, soucieux de contribuer au bien-être et à l’avenir des différents groupes auxquels il appartient.

Les avantages et les inconvénients

Ces trois caractéristiques – effacement des intérêts individuels derrière celui du couple, souplesse de fonctionnement, ouverture sur l’extérieur – en font la formule la plus satisfaisante en termes de bien-être comme de longévité. Aux dires des couples concernés, c’est en effet ici que l’on est le moins déçu par la vie à deux, que l’on rit le plus souvent, que l’on se réjouit le plus des réalisations communes, que l’on se sépare le moins. Un modèle à méditer.

 

Source : psychologies.com