Au Kenya, la chimiste qui veut donner à boire à toute l’Afrique

Cette spécialiste de la gestion des ressources en eau a mis au point des procédés innovants de détection et de filtrage des polluants basés sur les nanotechnologies.

Certains de ses camarades l’appellent toujours « Bwana Catherine », « Monsieur Catherine » en swahili. Ainsi le père de Catherine Ngila s’adressait-il à sa fille, fier de la réussite de cette enfant élevée parmi 27 frères et sœurs dans un village rural du centre du Kenya. Elle fut la première de la famille à entrer au lycée puis à l’université. « C’était sa façon de me dire qu’il me trouvait importante et qu’il me souhaitait d’avoir les mêmes opportunités qu’un garçon », se rappelle en riant cette femme de 61 ans, devenue entre-temps l’une des scientifiques les plus respectées du continent africain.

Présentation de notre série Les sciences changent la vie des Africaines

Directrice exécutive de l’Académie africaine des sciences, basée à Nairobi, et professeure à l’Université de Johannesburg (Afrique du Sud), cette chimiste a une spécialité : l’eau et ses polluants. Elle y consacre ses travaux depuis trois décennies, œuvrant à la mise au point de procédés de détection et de filtrages basés notamment sur les nanotechnologies. Des innovations qui lui ont valu de recevoir le prix L’Oréal/Unesco pour les femmes et la science en 2021, en compagnie de quatre autres lauréates du monde entier. Cinq ans plus tôt, elle avait déjà été sacrée meilleure femme scientifique d’Afrique du Sud.

« M’occuper de moi-même »

Une étincelle dans les yeux, elle s’empare d’une bouteille en plastique, d’un cahier et d’un stylo pour tenter d’illustrer en les mimant les techniques de purification élaborées avec ses étudiants de l’Université de Johannesburg. Malgré ses efforts, pour le non-initié, l’affaire demeure complexe. L’objectif ultime de Catherine Ngila est en revanche clair comme de l’eau de roche : le développement de nanofiltres à grande échelle pour pouvoir équiper tous les foyers ruraux d’Afrique en cartouches filtrantes à des prix accessibles. Lire plus sur lemonde.fr