FESTIVAL MOUSSO Y’A PAS L’HOMME :  L’association Actrices Culturelle Ensemble rend hommage à Aïcha Koné

Les trophées, Aïcha Koné en a reçus de partout en Côte d’Ivoire, en Afrique et même dans le monde au cours sa très longue et riche carrière. Et aujourd’hui, pour rendre hommage à la Diva nationale, on n’hésite ou on réfléchit par quatre fois pour trouver les mots justes et la récompense qui va avec elle. Et l’association des Actrices Culturelles Ensemble section Côte d’Ivoire (ACE-CI) n’a pas échappé. Elle qui a remis un beau portrait à l’impératrice de la musique ivoirienne le 8 mars dernier à la faveur de la célébration de la journée internationale de défense des droits des femmes et surtout dans le cadre du festival ‘’Mousso y’ pas l’homme’’ à la Fabrique culturelle aux II Plateaux à Abidjan. « Sa carrière est tellement immense et pleine de récompenses qu’il est difficile de trouver quelque chose pour honorer Aïcha Koné. Personnellement, je n’avais jamais rêvé pouvoir voir Aïcha Koné un jour à La Fabrique culturelle. Au nom de l’ACE-CI, on vous remercie pour la voie que vous avez tracée pour les femmes. On vous remet juste ce tableau pour honorer l’ensemble de votre carrière », a dit déclaré Chantal Djédjé, fondatrice de l’espace La Fabrique culturelle et présidente de l’ACE-CI. « Merci pour nous avoir montré la voie de la musique. On veut juste de montrer qu’on t’aime », a renchéri Dan Log qui a révélé être entrée dans la musique en voulant devenir comme Aïcha Koné.

C’est au son d’’’Adouma’’, un de ses nombreux tubes, entonné en chœur par l’assistance qu’Aïcha Koné a pénétré dans l’enceinte bourrée de femmes de la Fabrique culturelle. Elle reconnait des visages et chante à son tour ‘’Bana lé yé djougou yé’’ (c’est la maladie qui est notre ennemi). L’espace exulte. Cette apparition de Mama Africa intervenait une semaine après qu’une fausse rumeur avait annoncé son décès. Non seulement, elle est vivante et mieux, elle se porte bien hors mis le poids de l’âge qui pèse sur elle. « Merci à toute l’assistance. Les mots me manquent. On dit souvent qu’on n’est pas prophète chez soi. Moi, je ne peux pas le dire. Merci à mes filles ! Que Dieu fasse que je ne vous oublie pas. Que Dieu vous élève comme Miriam Makeba, Bébé Manga, Abeti Masikini…», a souhaité Aïcha Koné à ses hôtes. La suite n’a été que festif. Pour le bonheur des invités, elle a demandé à chacun de lui proposer le titre qu’il voudrait qu’elle chante. Quelques privilégiés ont eu droit à cette dédicace spéciale en direct suivie en bonus de l’explication sur l’origine et la signification de la chanson demandée. On a ainsi découvert les petites histoires qui se cachent derrière les titres à succès d’Aïcha Koné comme ‘’Wodjoro’’ (femme noir noire), ‘’Tchaga’’ (le soleil), ‘’Baya’’ (les perles) ou ‘’Aminata’’. Comme ‘’Mousso Y’a pas l’homme’’, le festival pluridisciplaire en faveur des droits des femmes produit par l’Institut français de Côte d’Ivoire et qui recevait la Diva nationale, on pourrait dire sans se tromper : ‘’Aïcha Koné, y a pas l’homme’’.

Bien avant de dérouler le tapis rouge à l’auteure de ‘’Kanawa’’, ‘’Décidé’’ ou ‘’’’Narda’’, l’association Actrices culturelles Ensemble a épluché quelques points du festival qui était ponctué de causeries et d’ateliers autour de thématiques comme la beauté, l’éducation sexuelle et la transmission des modèles. Pour ce 8 mars, les invitées de la Fabrique culturelle de ce ‘’Café féminin’’ ont débattu sur le thème : Quelle place pour les femmes dans les industries culturelles en Afrique ? Les panélistes Chantal Djédjé, Yolande Bogui (productrice cinéma), Florence Caulier (Directrice Festival Bruxelles Babel - Tremplins asbl) et Valérie Oka (Conseillère à la Primature ivoirienne) ont éclairé les femmes sur les enjeux du thème. « On n’a pas envie qu’on nous donne. On est partie prendre », a martelé Mme Oka qui a estimé que la femme ne doit plus attendre mais doit foncer. Même tonalité chez l’invitée bruxelloise : « Je n’ai pas envie d’être embauchée parce que je suis une femme. Mais parce que je suis compétente » avant de trancher : « On doit pouvoir financer nos projet sans devenir la copine de…». Dans sa communication, Yolande Bogui qui a eu l’idée originale de la série culte ‘’Cacao’’ sur Canal+, a axé son speech sur la recherche des fonds et comment faire vivre les actrices de leur métier. « On a la création mais est-ce que nous vivons de notre métier ? Où trouver l’argent dans ce que nous faisons ?», s’est-elle interrogée. Hôte de la rencontre et présidente de l’ACE-CI, Chantal Djédjé a invité ses sœurs à se lever pour revendiquer leurs droits. « Il faut de la politique volontaire en faveur des femmes. Amazones ou femmes battantes, on doit se faire entendre. Car, chaque jour est un combat et un challenge qu’on doit relever », a soutenu la patronne de La Fabrique culturelle.

Dans l’assistance, tout le gotha artistique féminin qui compte, était là. De nombreuses femmes artistes invitées du 12e Marché des arts et du spectacle africain (MASA) qui s’est tenu du 5 au 12 mars, avaient aussi effectué le déplacement. « Je suis surprise par la qualité des femmes qui sont là », s’est réjouie la grande peintre et enseignante d’arts plastique Mathilde Moreau. Quant à Nastou Traoré, elle relevé la difficulté du métier d’artiste quand on est une femme. « Ce métier d’artiste est assez dur. Mais il est encore plus dur pour les femmes. Pour être reconnue, une femme faire trois fois ce que fait l’homme », a regretté Miss Lolo. Cette soirée de revendication a également été un moment de proposition par certaines participantes comme Fat Touré. « Pour réussir dans ce que nous faisons et avoir la place qui nous revient, il nous faut mettre nos idées et nos compétences ensemble », a suggéré l’actrice et mannequin.