Amsétou Nikiéma, l’étrange guérisseuse qui attire les foules au Burkina Faso

Consultée depuis trois ans pour ses pouvoirs mystiques capables, dit-on, de soigner les cas désespérés, cette jeune Burkinabè surnommée Adja connaît un succès grandissant.

Un essaim de motos et de voitures bourdonne dans la poussière. À 30 km au sud de Ouagadougou, la brousse est saisie d’une fièvre inhabituelle pour un dimanche matin. La raison de cette étonnante procession ? Une guérisseuse de 20 ans aux pouvoirs réputés immenses : Amsétou Nikiéma, de son surnom Adja, est devenue célèbre aux quatre coins d’un pays en crise.

Au bout de la piste, un champ de motos garées à perte de vues, une forêt de tentes enchevêtrées et une marée de pèlerins vêtus de blanc qui forment des rivières humaines à travers la brousse. Il y a là des hommes aux pieds enchaînés, des éclopés, des malchanceux, des possédés. Tous ceux dont la société burkinabè ne sait plus que faire, ou ne sait pas soigner.

Guérisons gratuites, offrandes bienvenues

« Nous avons essayé des traitements de toute part, mais en vain », raconte Awa Tiendrébeogo, parente d’un malade atteint de « vertiges » récurrents. « Puis une connaissance nous a parlé de Adja et nous sommes venus ici », explique-t-elle.

Les guérisons d’Adja sont gratuites, mais les offrandes bienvenues. Les chantiers ont poussé dans les environs du domaine, financés par de riches donateurs. Les commerçants ont flairé le filon et leurs étals encombrent la route bondée. Chemins et regards convergent vers la tente de la guérisseuse, plantée sur un carré de terre libre au cœur de la foule.

Des incantations s’élèvent enfin dans les hauts parleurs. « Il n’y a de divinité que Dieu », répètent en chœur des milliers de fidèles. Adja apparaît alors : une jeune fille aux tresses indociles vêtue d’un pagne et d’un vieux t-shirt, qui marche pieds nus dans la poussière, avec comme seul accessoire une canne en bois dont elle ne se sépare jamais.

Adja commence par fixer le soleil, le visage contracté par des spasmes, puis elle ausculte l’assistance. « Celui-là, avec le sweat rose, aura un accident bientôt. (…) Par-là, il y a un homme qui est venu enquêter sur moi », égrène-t-elle, sans désigner sa cible. L’aura de la jeune fille susciterait selon elle la jalousie de ses concurrents. Ils seraient nombreux, tapis dans la foule, à ourdir sa perte....lire la suite sur jeuneafrique