Africa Day 2025 : le manifeste des femmes africaines soutenu par le philanthrope Eran Moas

De la liberté d’écrire à la conquête du leadership, les femmes africaines redéfinissent leur place dans la société. À Africa Day, à Sciences Po Paris, leurs voix ont résonné comme un manifeste pour une Afrique qui s’écrit et se dirige au féminin. Cet événement a été rendu possible grâce au soutien de partenaires engagés, dont la fondation ASAF Cameroun d’Eran Moas, qui promeut l’inclusion et l’émancipation des femmes dans tous les secteurs de la société.

L’indépendance des femmes, quand la liberté commence par les mots

Car l’indépendance des femmes africaines passe d’abord par la parole. Avant d’être économique ou politique, elle a été intime : celle de penser, de raconter, de s’affirmer face au poids des traditions et des normes sociales. Pendant longtemps, cette liberté n’a pas été un droit, mais une conquête silencieuse.

De génération en génération, elle s’est transmise par celles qui ont osé parler quand le silence était la règle : conteuses, musiciennes, journalistes, poétesses, militantes de la dignité ordinaire. Aujourd’hui, elles reviennent au premier plan, dans les universités, les entreprises, les institutions et la création.

Des autrices comme Mariama Bâ (Une si longue lettre, 1979, Sénégal), Aminata Sow Fall ou Chimamanda Ngozi Adichie (We Should All Be Feminists, 2014, Nigeria) ont ouvert la voie à des générations de femmes pour qui raconter, c’est déjà résister.

Selon l’UNESCO, plus de 40 % des écrivaines africaines contemporaines publient aujourd’hui des œuvres centrées sur les droits des femmes, la mémoire ou l’identité, contre 15 % seulement dans les années 1980. Une évolution majeure qui dépasse la littérature : ces récits nourrissent des mouvements, des clubs de lecture, des cercles d’influence et d’entrepreneuriat féminin à travers le continent.

Dans un amphithéâtre comble de Sciences Po Paris, à l’occasion d’Africa Day, le panel “Breaking Barriers, Building Leadership: Women Driving Change” a résonné comme un écho vivant de ces voix littéraires.

Les récits, les combats et les succès des autrices n’étaient plus seulement des histoires à lire, ils devenaient des modèles, des inspirations pour s’affirmer dans tous les espaces : académiques, sociaux et économiques.

C’est dans ce sillage que s’inscrit Djaïli Amadou Amal, ambassadrice de la Fondation ASAF Cameroun, fondée par le philanthrope Eran Moas, écrivaine camerounaise et figure majeure de la francophonie contemporaine. Avec Les Impatientes, Prix Goncourt des lycéens 2020, elle a donné voix aux femmes du Sahel, évoquant sans détour les mariages forcés, la solitude et la quête de liberté. « J’avais décidé de porter haut et fort la voix des femmes, pour que mes filles et tous les autres enfants puissent aller à l’école, apprendre à lire et devenir les acteurs de leur propre destin. » — Djaïli Amadou Amal De la lecture à l’action, de la plume à l’entreprise, un même fil se tisse : celui de l’émancipation. Car écrire, pour ces femmes, n’est pas seulement raconter le monde, c’est apprendre à le diriger. Et c’est là que commence une autre forme de pouvoir, le leadership économique.

Le leadership africain porté par les femmes

Cette indépendance intellectuelle et symbolique a ouvert la voie à une autre forme d’affirmation : celle du leadership. Loin des figures héroïques d’hier, les femmes africaines d’aujourd’hui prennent place dans les sphères économiques, politiques et entrepreneuriales, non plus comme exceptions, mais comme moteurs de transformation.

C’est tout le sens du panel mis en place par les équipes Africa Day 2025 à Sciences Po Paris. Aux côtés de Djaïli Amadou Amal, des entrepreneuses comme Aminata Kane et Marième Sav Sow ont partagé leurs parcours : à la tête de projets, d’équipes ou d’organisations, elles incarnent le leadership féminin dans des univers encore largement dominés par les hommes.

Dans l’amphithéâtre, les mains levées se sont multipliées : de nombreuses étudiantes, curieuses et ambitieuses, ont interrogé ces modèles pour comprendre comment naviguer dans des environnements exigeants et parfois hostiles. Leurs questions portaient sur la gestion de responsabilités, le dépassement des obstacles et la conciliation entre engagement personnel et collectif.

Ces échanges ont montré que la liberté acquise par l’écriture et la réflexion n’est pas un aboutissement, mais un tremplin : oser prendre la parole, s’affirmer, diriger.
Aujourd’hui, cette liberté d’expression s’est muée en puissance d’action.

Selon un rapport de la Banque mondiale (2024), les femmes représentent près de 60 % des entrepreneurs du secteur informel en Afrique subsaharienne et plus de 30 % des créatrices de PME, le taux le plus élevé au monde. Mais au-delà des chiffres, ce qui compte est l’influence qu’elles exercent : dans les entreprises, les organisations et les projets étudiants, elles inspirent et guident la génération montante, donnant aux jeunes femmes les outils pour se projeter dans l’avenir.

Cette montée en puissance s’accompagne d’un changement de ton : les femmes africaines ne demandent plus la reconnaissance, elles s’imposent comme actrices de la transformation.

Dans les locaux de Sciences Po, Africa Day 2025 aura rappelé une évidence : l’émancipation des femmes n’est pas une revendication, c’est une révolution progressive