Pour mettre fin à la pauvreté et favoriser la croissance, il faut impérativement investir dans les femmes

Si l’on veut favoriser une croissance économique durable et mettre fin à la pauvreté d’ici 2030, il faut éliminer les inégalités qui persistent entre hommes et femmes, a déclaré mardi le président du Groupe de la Banque mondiale, appelant de ses vœux une intensification des efforts visant à accroître l’accès des femmes à des emplois de qualité, aux avoirs et aux infrastructures. « La croissance économique est l’outil le plus puissant dont nous disposons pour éliminer la pauvreté de la surface du globe. L’économie mondiale doit croître plus vite et plus durablement », a affirmé Jim Yong Kim lors d’un débat (a) organisé en marge de la Troisième conférence internationale sur le financement du développement. « Elle a besoin d’une croissance inclusive qui donne des opportunités à tous, et ceci nécessite la pleine participation des hommes et des femmes. »

Ces dernières années, l’aide consacrée à la lutte contre les inégalités hommes-femmes s’est accrue, contribuant, dans de nombreux pays, à des avancées significatives dans la santé et l’éducation. Mais, selon l’OCDE, l’aide destinée à instaurer des conditions équitables pour les femmes reste faible dans les secteurs dits « économiques et productifs » (a) que sont les transports et l’entreposage, les communications, l’énergie, la banque et les affaires, l’industrie, les mines, la construction et les échanges. L’emploi féminin dans ces secteurs est moins rémunéré et moins stable que l’emploi masculin.

Globalement, les femmes gagnent toujours moins d’argent, possèdent moins de biens, gèrent des entreprises plus petites, emploient moins de personnes et créent moins d’emplois que les hommes. Elles demeurent en outre nettement plus exposées à la pauvreté. Elles sont également beaucoup moins susceptibles que les hommes d’avoir accès à un compte en banque, à des services de paiement mobiles ou à tout autre service financier, comme l’indique la dernière édition de Global Findex. L’IFC, la branche du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé, estime que le déficit annuel de financements et de capacités s’élève à 260-320 milliards de dollars pour les petites et moyennes entreprises détenues par des femmes dans les pays émergents.

D’après les recherches, au final, les opportunités manquées coûtent cher aux femmes, aux familles et aux économies. L'OCDE estime qu’en moyenne, dans ses pays membres, une réduction de moitié de l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes ferait progresser le PIB de 6 % d’ici 2030, et de 6 % supplémentaires si cet écart était entièrement résorbé. « En rémunérant davantage les femmes, on améliore les finances publiques et on favorise une augmentation des bénéfices commerciaux grâce à la hausse de la demande et de la productivité », a expliqué Jim Yong Kim. « Lorsque nous promouvons l’égalité entre hommes et femmes y compris le principe ‘à travail égal, salaire égal, nous en profitons tous, car si les mères sont plus instruites, leurs enfants seront en meilleure santé et lorsque les femmes gagnent davantage, elles investissent davantage dans la génération suivante ».

« Nous n’avons pas encore réussi à faire converger la situation des femmes avec celle des hommes sur le plan des avoirs, des revenus et de l’emploi. Cela devrait nous inciter à identifier avec rigueur les solutions éprouvées qui permettent de remédier à ces disparités, à promouvoir de nouveaux partenariats et de nouvelles sources de financement, et à déployer à grande échelle les programmes les plus pertinents et les plus prometteurs. » Avec d’autres banques multilatérales de développement et le FMI, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé le 10 juillet sa décision d’accorder plus de 400 milliards de dollars de financements au cours des trois prochaines années et de coopérer plus étroitement avec les partenaires privés et publics afin de mobiliser les ressources nécessaires pour parvenir aux nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) (a).

Pour financer ces objectifs, « il importe particulièrement que la perception des impôts soit équitable, efficiente et transparente, afin qu’elle ne pénalise pas les femmes qui apportent un deuxième revenu ou qui achètent de la nourriture et d’autres produits pour leur famille », a expliqué Jim Yong Kim. « De même, au niveau des dépenses publiques, il est indispensable d’investir le plus judicieusement possible afin de lever les obstacles et de permettre à tous les citoyens d’exprimer leur potentiel. Enfin, l’investissement direct étranger, l’émission d’obligations et les fonds apportés par les investisseurs institutionnels sont également nécessaires. » Les ODD sont des objectifs ambitieux qui requièrent tout autant d’ambition pour faire en sorte que les « milliards » de dollars provenant actuellement de l’aide publique au développement (APD) et toutes les autres ressources disponibles parviennent à attirer et mobiliser des « milliers de milliards » d’investissements de toute nature (publics et privés, nationaux et mondiaux).

Estimée à 135 milliards de dollars par an, l’APD constitue une source de financement fondamentale, en particulier dans les pays les plus pauvres et les plus fragiles. Mais elle doit s’accroître. Rien que pour l’infrastructure, les besoins d’investissements se montent à 1 500 milliards de dollars par an dans les pays émergents et en développement. Le Groupe de la Banque mondiale est en train d’achever des consultations mondiales sur une nouvelle stratégie pour le genre et l’égalité des sexes, qui sera lancée à la fin de 2015. Les participants issus des pouvoirs publics, de la société civile et du secteur privé soulignent que, outre la santé et l’éducation, les femmes doivent bénéficier d’une égalité d’accès aux emplois, aux formations, aux moyens financiers, à la sécurité dans les transports publics et à d’autres infrastructures essentielles, ainsi que d’un appui pour l’aide qu’elles apportent aux autres.

 

Source : banquemondiale.org