Journées de la Femme pour la toute première fois!

La première semaine de février 2017 rentre dans l'Histoire de l'Arabie saoudite. Pour la toute première fois, le royaume ultra-conservateur a célébré non pas une mais trois Journées de la Femme !

Ce n'est un secret pour personne, l'Arabie saoudite n'est pas le paradis des droits des femmes. C'est en effet le seul pays au monde où les femmes n'ont pas le droit de conduire et d'avoir le permis. Pire encore, la loi considère les Saoudiennes comme des mineures, peu importe leur âge. Elles doivent avoir un tuteur tout au long de leur vie, qui peut-être leur père, leur frère ou leur mari, et qui décidera de leurs moindres faits et gestes. Elles sont obligées de lui demander la permission pour voyager à l'étranger, pour étudier, pour aller au restaurant, pour sortir, ou pour se marier. Pas étonnant donc que l'Arabie saoudite se classe à la 134 ème place des 145 pays niveau égalité entre les hommes et les femmes, selon un rapport sur l'écart global entre les sexes du Forum économique mondial en 2015.

Mais cette donne serait-elle sur le point de changer ? Lors de la première semaine de février, le royaume a célébré pour la toute première fois trois Journées de la Femme à Riyadh, la capitale. Plusieurs intervenants se sont rassemblés au Centre Culturel King Fahd et ont plaidé le droit de conduire pour les femmes. Ils ont également appelé à la fin de la tutelle masculine. Parmi les personnes présentes, des membres de la famille royale saoudienne dont la Princesse Ameera al-Taweel qui a animé un débat sur le rôle de la femme dans l'éducation. "Nous voulons célébrer la femme saoudienne et son rôle réussi et rappeler aux gens ses prouesses dans l'éducation, la culture, la médecine, la littérature et d'autres domaines", a salué le porte-parole Mohammad Al-Saif.

Le Royaume d'Arabie saoudite est en train d'entreprendre plusieurs réformes culturelles et économiques qui permettraient d'améliorer l'égalité des sexes. Mais ce projet, baptisé "Vision 2030" porte bien son nom puisqu'il ne sera mis en place qu'en 2030. Par ailleurs, il a déjà été attaqué par Abdulaziz Al-Sheikh, Grand Mufti du pays et représentant de l'autorité religieuse. Selon lui, autoriser des salles de cinéma et de concert mixtes conduirait à des "mélanges de sexe" et à des influences "athées ou pourries".

"La vie d'une femme est contrôlée par un homme de sa naissance jusqu'à la mort"

Mais les déclarations sexistes d'Abdulaziz Al-Sheikh n'empêchent pas de nombreux artistes de s'engager dans la cause des femmes, comme Majed Al Esa, qui a réalisé en décembre 2016 un clip exceptionnel montrant des Saoudiennes en train de jouer au basket, faire du vélo, danser sur des tables et ... conduire une voiture. Des activités interdites qui ont vivement fait réagir les citoyens du royaume qui ont estimé que l'artiste faisait l'apologie de "la décadence occidentale".

Des propos qui rappellent encore une fois que les Saoudiennes n'ont aucune liberté en ce qui concerne les prises de décisions personnelles et professionnelles. Comme le résume si bien l'ONG Human Rights Watch : "la vie d'une femme est contrôlée par un homme de sa naissance jusqu'à la mort". En 2009 et 2013, plusieurs réformes avaient été mises en place pour limiter la tutelle des hommes, permettant aux femmes de ne plus avoir besoin d'autorisations pour travailler. Ces réformes permettaient également de rendre les abus domestiques illégaux, mais l'ONG révèle que le système actuel reste malheureusement largement en place.

  

Source : aufeminin.com