Hypertension : toutes les idées reçues sur le traitement

Entre hygiène de vie et médicaments, le traitement de l'hypertension n'est pas toujours simple. Ce qu'il faut savoir pour rester motivée et bien se soigner. Vital pour éviter les complications.

SOIGNER L'HYPERTENSION : TOUT CE QUI EST VRAI

Maigrir réduit la tension. Mais uniquement si on a des kilos en trop avant ou en tout début de maladie. Le surpoids est en effet un facteur favorisant et aggravant. Chez les personnes qui ont une tension entre 13 et 14 et qui pèsent autour de 100 kg, une perte de 5 kg obtenue en six mois et maintenue pendant trois ans, réduit de 65 % le risque d'hypertension pendant 5 ans. Pour les autres, veiller à garder son poids de forme suffit. Cette stabilité indique généralement qu'on ne mange pas trop gras, diversifié, et qu'on pratique suffisamment d'activité physique.

Manger des myrtilles est conseillé. Mais cela ne fait pas de miracle. Des chercheurs ont constaté que des femmes ménopausées qui consommaient 22 grammes de poudre de myrtille par jour voyaient leur tension artérielle baisser au bout de 8 semaines. Manger chaque jour des fruits secs riches en potassium (noisettes, amandes, châtaignes...) contribuerait aussi à faire baisser légèrement la tension.

L'aspirine est recommandée en prévention. En prise quotidienne, en association avec les médicaments antihypertenseurs, mais uniquement chez les personnes qui ont déjà fait un infarctus. Chez les autres, l'aspirine est déconseillée, car elle augmente le risque d'hémorragie digestive. Seul, le médecin peut prendre cette décision.

Il faut voir son médecin tous les mois. Vrai au début. Lorsque l'hypertension a été confirmée par holter ou auto mesure tensionnelle et qu'un traitement est initié. Dès lors que la tension est redevenue normale et stabilisée, une consultation tous les six mois suffit.

Les médicaments ont peu d'effets secondaires. C'est à la fois vrai et faux. Chaque classe de médicaments peut en effet induire des effets indésirables différents (maux de tête, rougeurs du visage, toux, asthme, dysfonction érectile). Mais seulement dans 10 % des cas et ils sont presque toujours relativement peu gênants. S'ils le sont ou le deviennent, il faut en parler avec son médecin, qui ajustera les doses ou prescrira une autre molécule.

Certains prennent juste un médicament, d'autres en ont 2, 3 voire 4. Chaque type de médicaments agit sur l'une des multiples voies qui régulent la pression artérielle. En les associant, on parvient à bloquer deux ou trois systèmes défaillants. Au début, le médecin prescrit un seul antihypertenseur. Si cela ne suffit pas, il en ajoute un autre et, au besoin, un diurétique. Heureusement, il existe aujourd'hui des spécialités qui renferment deux ou trois molécules différentes, ce qui permet de n'avoir à prendre qu'un ou deux comprimés.

Après un infarctus, il faut toujours réduire la tension. Chez les cardiaques, deux sortes de médicaments (bêtabloquants et inhibiteurs de l'enzyme de conversion) sont prescrits, pour éviter une récidive. Même les personnes qui ont une tension comprise entre 13 et 14 doivent la diminuer un peu avec des inhibiteurs de l'enzyme de conversion à prendre chaque jour.

SOIGNER L'HYPERTENSION : TOUT CE QUI EST FAUX

Un régime sans sel est indiqué. Pas question de supprimer le sel, cela pourrait même être dangereux, mais il faut limiter sa consommation. Pour le Pr Jean-Jacques Mourad, responsable du centre d'excellence en hypertension artérielle du CHU Avicenne (Bobigny), le meilleur marqueur d'une consommation raisonnable est là encore de ne pas prendre de poids, car le sel est indissociable du gras et des calories. Manger moins salé contribue à réduire la pression artérielle, mais cela ne suffit généralement pas à retrouver une tension normale. Pour l'alcool, c'est pareil : si on est un buveur excessif, il faut réduire sa consommation, car il rend plus résistant aux traitements. Mais cela ne suffit pas à faire baisser la pression artérielle.

Le sport permet d'éviter les médicaments. Certes, chez une personne jeune, obèse et sédentaire, 20 mn d'endurance (natation, marche rapide, vélo...) trois fois par semaine peuvent contribuer à diminuer la pression artérielle. Mais chez les autres, le sport ne remplacera pas les médicaments. Toutefois, il a un effet antistress et il contribue à lutter contre le surpoids. Pendant l'effort, les muscles ont aussi besoin d'un apport plus important de sang. Pour y faire face, les artères s'assouplissent et se dilatent, c'est toujours positif.

Il faut mesurer sa tension chaque jour. Surtout pas, car cela risque de devenir une obsession et donc une source de stress supplémentaire qui ne peut qu'augmenter la tension. Alors, on se contente d'effectuer le relevé d'auto-mesure dans la semaine qui précède la visite chez le médecin ou si on ne se sent pas bien.

Une fois la tension normalisée, on arrête le traitement. L'hypertension est une maladie chronique, ce qui signifie que son traitement est à vie. Si on l'interrompt, la pression artérielle va certainement augmenter à nouveau et, avec elle, les risques de complications.

Les médicaments sont toujours efficaces. Même en combinant deux, trois ou quatre molécules différentes, des progrès restent encore à faire car 5 à 10 % des hypertensions résistent à tous les traitements. Il faut alors en rechercher la cause (hormonale le plus souvent) et faire des investigations dans des centres experts. En fonction des résultats, on prescrit des traitements spécifiques.