Les laits végétaux, véritable atout santé ou effet de mode ?

Soja, avoine, amande... Les ventes de laits végétaux ont bondi de près de 20% l'an dernier. Parfois présentés comme une alternative au lait d'origine animale, sont-ils pour autant bons pour la santé et peut-on les consommer à tous les âges ?

Soja, amande, riz ou coco : lequel est le plus nutritif ?

Si vous êtes tout de même amateur de ces jus, lequel est le plus nutritif ? Une équipe de chercheurs de l'université McGill à Montréal, au Canada, s’est penchée sur la question. Ils ont passé au crible les quatre boissons végétales les plus consommées au monde : soja, amande, riz et coco. Pour chacune d’elles, les scientifiques ont comparé leur composition avec la valeur nutritionnelle du lait de vache. Leurs résultats sont parus le 29 janvier 2018, dans la revue Journal of Food Science and Technology.

D'après eux, le lait de soja, très populaire en Asie, apparaît comme le plus nutritif des quatre, surtout dans sa version enrichie. En effet, sa valeur nutritionnelle est la plus proche du lait de vache et il est le plus riche en protéines. Pour avoir du calcium, mieux vaut opter, en revanche, pour du jus d'amande. De plus, il a l’avantage d’être très peu calorique. Ce n’est pas le cas du jus de riz : très riche en glucides, son index glycémique est élevé. Le lait de coco, quant à lui, contient des acides gras saturés.

"Il faut savoir que le soja contient des perturbateurs endocriniens naturels, précise le Dr Laurent Chevallier. Il n’est pas assimilé de la même manière par les asiatiques et les occidentaux. De plus, des effets négatifs (stérilité) ont été enregistrés dans la descendance masculine lors de consommations régulières. On peut l’utiliser de temps à autres, en tant que sauce culinaire. Mais il ne peut pas se substituer au lait de vache".

Comment faire si je digère mal le lait de vache ?

Le succès de ces boissons végétales doit beaucoup à la mauvaise réputation que traîne le lait de vache depuis déjà plusieurs années. "L’histoire de l'alimentation, ce sont des modes et surtout beaucoup des malentendus, martèle le Dr Laurent Chevallier. Pendant un certain nombre d’années, le lait n’était pas toujours de très bonne qualité, car les vaches n’étaient pas forcément très bien nourries. Cette mode du lait d'origine végétale s'est développée en réaction aux industriels et à une forme d’agrobusiness, où la qualité n’était pas toujours la priorité. Le problème, c'est que les gens ne font pas qu'arrêter le lait, il supprime également tous les produits laitiers, comme les yaourts ou le fromage". Or, justement, les bactéries lactiques que l'on trouve dans les yaourts aident l'organisme à mieux digérer le lactose une fois qu'il est dans l’intestin, rappelle le nutritionniste. Et dans le fromage il n’y a pas de lactose...

Y a-t-il un âge pour manger des produits laitiers, ou bien sont-ils nécessaires tout au long de la vie ? La consommation de lait de vache est tout particulièrement recommandée en raison de ses nutriments essentiels de protéines, jusqu’à l’âge de 3 ans, et pour son apport en calcium, jusqu’à 18 ans. "Quand on avance dans l’âge, le déficit d’une enzyme, la lactase, peut entraîner une intolérance au lait, explique le nutritionniste. Si une personne digère mal le lait, elle n’est pas obligée d’en consommer. Cela ne l’empêche de consommer des produits laitiers (fromages, yaourts). Il existe aussi des laits végétaux enrichis en protéines, mais il faut bien regarder le taux de sucre présent. L’avantage du lait, c’est qu'il s'agit d'une source de protéines peu chère, de vitamines du groupe B , dont la vitamine B12 , et de calcium."

Et chez le nourrisson ?
Comme souvent, ce qui est bon pour les adultes ne l’est pas forcément pour les nourrissons. Si les parents, par effet de mode ou réelle intolérance alimentaire, peuvent ne pas prendre de lait de vache, l’utilisation de ces produits végétaux dans l’alimentation d’un bébé peut créer chez ce dernier un état de malnutrition avancé. D’où un avis émis officiellement en mars 2015 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui "déconseille fortement" l’usage de ce qui n’est en fait que du jus de céréales chez les nourrissons.

 

Dans une publication scientifique, le Pr Patrick Tounian, gastro-entérologue pédiatrique à l’hôpital Trousseau, auteur d’une étude intitulée "Végétalisme chez l’enfant : une véritable maltraitance nutritionnelle", met en garde : "leur consommation par les nourrissons entraîne des complications nutritionnelles, parfois très sévères, justifiant souvent une hospitalisation. Les carences en protéines, fer, calcium, zinc et vitamines D et K ont été les plus fréquemment rapportées. Dans les cas extrêmes, ces complications peuvent conduire au décès de l’enfant." Un drame qui s’est d'ailleurs produit en Belgique, en 2014.