Faut-il parler de tous ses fantasmes à son partenaire?
Cachés, enfouis, inavouables… Parfois, nous préférons taire certains de nos fantasmes à notre partenaire. Mais est-ce une bonne idée de les dissimuler ? Le point avec la sexothérapeute et psychologue clinicienne Marjorie Cambier.
Le silence est d’or. Mais cette maxime doit-elle s’appliquer à nos fantasmes ? L’univers du fantasme est un monde foisonnant et plein de richesses, de divagation et d’extravagances… Mais nous sommes pourtant peu nombreuses à vouloir le partager avec notre partenaire. Nous créons une barrière autour de ce monde dans lequel nous lui interdisons de pénétrer.
Culpabilisant, honteux, trop trash… Parfois, nous refusons d’avouer nos fantasmes : “Il peut nous arriver d'en avoir honte, de culpabiliser de leur teneur, parfois de leur aspect un peu sauvage, un peu bestial, un peu cru. Nous pouvons avoir peur du jugement de l'autre à notre égard, de ce qu'il pourrait penser de nous, de l'image que l'on pourrait lui renvoyer”, explique Marjorie Cambier, sexothérapeute et psychologue clinicienne.
Une image qui fait écho à celle de la dictature selon laquelle les femmes devraient être dépourvues de fantasmes : “Une image de la femme, censée être prude, sans désir sexuel, presque asexuée. Avouer ses fantasmes signifie donc aller à l'encontre de cette représentation encore assez répandue et on arrive là à l'éternelle dichotomie maman-putain, avec la peur pour certaines femmes de passer pour des obsédées, d'être mal vues, considérées comme frivoles, aux mœurs légères, etc.
Cela dit, on constate quand même une évolution des mentalités en terme de sexualité féminine ; c'est encore très lent et timide, mais c'est présent…”, ajoute-t-elle.
Être en confiance pour parler de ses fantasmes
Avant d’avouer ses fantasmes, il vaut mieux s’assurer d’être dans une relation de confiance et être certaine d’en avoir envie. “Il vaut mieux être suffisamment installé pour avouer ses fantasmes. D’abord pour ne pas avoir peur de les avouer, mais aussi pour ne pas faire souffrir inutilement son/sa partenaire ni d'être jugée. Le but est de s’assurer d’être dans une relation au sein de laquelle les partenaires comprennent bien les tenants et les aboutissants du fantasme, c'est à dire une partie intégrante de la vie sexuelle qui n’a rien à voir avec le réel”.
S’il est bien d'en parler dans un couple où la parole est libérée, il existe néanmoins des fantasmes qu’il vaut parfois mieux taire, explique notre experte : "Tout ce qui touche à ce qui est considéré comme moralement répréhensible ou illégal doit selon moi être surtout évoqué auprès d'un professionnel, comme un médecin sexologue en l'occurrence".
Parler de ses fantasmes pour mieux les réaliser
Briser la loi du silence autour de vos fantasmes peut avoir un avantage : cela peut permettre, en accord avec votre bien-aimé, de les réaliser et de relancer la flamme dans votre couple. La parole peut ainsi être libératrice. "Parler de son fantasme pour mieux le réaliser peut effectivement être excitant, et si cela est fait dans la complicité et l'accord mutuel, contribuer à relancer la flamme et à mettre un peu de piquant dans le couple. Avant toutes choses, il est fondamental que les deux partenaires soient parfaitement d'accord pour réaliser un fantasme et qu'il n'y en ait pas un qui le fasse simplement pour faire plaisir à l'autre, alors qu'il n'en a pas envie. La sexualité est censée rapprocher, il serait dommage que la réalisation d'un fantasme mal vécu par l'autre partenaire contribue à l'éloignement des individus…”
Mais réaliser ses fantasmes peut aussi présenter un risque. “Il peut arriver qu'un fantasme perde sa teneur érotique et érogène sitôt transposé dans la réalité… On peut en effet fantasmer sur certaines pratiques sexuelles, mais ne pas du tout les apprécier dans la vie réelle ; réaliser un fantasme, c'est donc parfois prendre le risque de vivre une expérience négative et donc de le voir disparaître…”, poursuit la sexothérapeute.
Les fantasmes, un besoin de contrôle ?
Si révéler nos fantasmes signifie révéler une partie de notre intimité, trop en parler pourrait en revanche cacher une volonté de contrôle, explique notre experte. Pour elle, “évoquer à outrance ses fantasmes peut être une tentative pour la femme de reprendre le contrôle sur un contenu pulsionnel chez elle qu'elle ne maîtrise pas et qui l'effraie. Mettre des mots permet donc d'enfermer ses rêveries érotiques dans quelque chose de contrôlé, de limité et de dicible.
On entre alors dans des mécanismes de défense de l'ordre de la mentalisation, de la rationalisation, etc., dont la fonction première est la réassurance, le sentiment de contrôle.”
Source : Autre presse
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