Faire l'amour : je veux mais tu ne veux pas, comment nous accorder ?

L’amour vrai n’est pas la domination de l’autre, mais le don total et réciproque. Dès lors, mon désir n’est pas directement le résultat de mes pulsions, mais de ma conscience du désir de celui que j’aime, et de l’appréciation que ce désir va dans le sens de ses valeurs à lui. L’entente va alors se porter sur le besoin du couple.

Nous pourrions nous fixer comme but « je ne m’occupe plus de mon désir sexuel, mais je m’occupe du désir sexuel de mon conjoint, et je lui laisse le soin de s’occuper du mien »

Il s’agit en effet d’une partition qu’il faut écrire et jouer à deux si on veut éviter les dissonances.
Il y a certes des moments où, même si l’on tient à respecter l’autre, l’abstinence de rapport sexuel peut-être très dure à vivre pour celui qui est le demandeur. Car il a l’impression que ces demandes ne sont pas prises en considération. Il est vrai dans l’autre sens que la dimension sexuelle est compliquée et que les désirs ne sont pas toujours aussi forts de chaque côté. Quand un désir n’est pas satisfait, il risque d’augmenter.

Et si nous avions des relations sexuelles uniquement quand les deux personnes sont au top de leur désir, nous aurions peu de rapports sexuels. N’oublions pas que l’appétit vient en mangeant. Certaines personnes acceptent de vivre un rapport avec leur conjoint même si elles n’en ont pas le désir, à condition et que cela soit par amour et non par faiblesse. Cette concession n’est bonne que si elle est faite en pleine liberté. Cette concession faite par amour doit être exceptionnelle et évidemment libre et non forcée sinon l’acte devient un viol.

Chaque couple trouve sa propre manière de s’accorder et cela peut prendre parfois beaucoup de temps. D’après certains sexologues, les couples mettent en moyenne une dizaine d’années. Il y a une véritable gestion du désir à faire : pour l’homme, pour la femme, pour le couple, et cela s’apprend.

Florence Bayala