Budget couple : qui paye quoi (et pourquoi c'est super important)

Après avoir listé pour vous les solutions pratiques pour gérer votre budget en couple sans risque d'engueulade, il est temps d'aborder les questions qui fâchent. Qui paye quoi ?

Car il faut bien décider de la façon dont la cagnotte commune sera alimentée. Qui met quoi ? Pour quel type de dépense ? Rien n'est anodin. Comme il en va du bonheur de votre couple, nous avons vous proposons un petit tour de la question, témoignages et conseils d'expertes à l'appui.

Chacun-e paye la moitié

Lorsque les revenus sont à peu près égaux, la question se pose peu, c'est le 50 / 50 qui s'impose. Les dépenses communes sont divisées en deux, et les dépenses personnelles sont payées individuellement.

Simple, non ? Attendez… car il faut s'entendre sur ce qui est une dépense commune. Toute la nourriture 50 / 50 ? Ou bien est-ce que chacu-ne paye : qui ses légumes biologiques, qui ses barres vitaminées, qui sa viande, etc.

Pour éviter les disputes et les reproches, il faut d'emblée poser les bases de ce qui se partage en commun, et pourquoi. Sans se dire que c'est une fois pour toutes ! Mettons que votre moitié ne soit pas prête à payer la moitié des croquettes, ce ne sera peut-être plus le cas dans 6 mois après s'être rendu compte du bonheur de la vie avec un chat !

Se répartir les dépenses par catégories

Autre méthode très répandue : répartir les dépenses par catégories. Pierre et sa compagne ont testé cette méthode : “tu as fait les courses, du coup, je paie le resto”.

Passe encore pour des situations quotidiennes, mais pour les grosses dépenses, c'est une autre paire de manches. Alexandra et son compagnon répartissent les dépenses en fonction de leur situation. Elle est l'unique propriétaire de l'appartement et rembourse donc seule le prêt, tandis que son compagnon paie les charges, et chacun y trouve son compte.

“Je vois beaucoup de répartitions comme celle-ci. En général, celui qui gagne le plus paie les grosses factures et l'autre paie le quotidien”, nous expose Cécile Agon, conseillère conjugale à Paris.

Ce cas de figure peut se révéler problématique. Pour Hélène Belleau, sociologue québécoise et co-auteure du livre L'amour et l'argent, guide de survie en 60 questions, il y a en effet une division genrée des dépenses bien présente dans cette répartition.

“Madame paie le liquide, et monsieur paie le solide. Cela pose problème, car en cas de séparation, madame repart avec ses sacs d'épicerie vides et monsieur repart avec la voiture.”

Ce qui paraît pratique à l'instant T, peut donc être à double tranchant. Évidemment le but n'est pas d'envisager la séparation dès l'élaboration du budget, mais de penser “équitable” et non pas “pratique” d'entrée de jeu.

Pour être équitable : diviser les dépenses en fonction du salaire de chacun-e?

Que se passe-t-il quand les deux membres du couple n'ont pas autant de ressources l'un-e que l'autre, ou un gros écart de salaire ? La division au prorata des revenus, qui consiste à impliquer chaque partenaire à hauteur de ce qu'il peut, apparaît alors comme une bonne solution.

“Il est important que la répartition se fasse en pourcentages, estime Cécile Agon, conseillère conjugale à Paris. Faire 50-50 peut être perçu comme une injustice pour celui qui gagne moins”.

Pour Muriel Beaujean, elle aussi conseillère conjugale à Paris, cela va encore plus loin que l'argent : “Je crois que la position la plus équilibrée, c'est quand la répartition des charges prend en compte l'ensemble des ressources des partenaires, c'est-à-dire l'argent, la disponibilité, la créativité...”

Concrètement, il s'agit de prendre en compte l'investissement global dans le couple : il ne serait pas juste que celui ou celle qui passe le plus de temps à s'occuper du foyer (que ce soit pour les tâches ménagères, administratives, ou encore la garde des enfants) soit aussi celui ou celle qui apporte la plus grosse contribution financière.

Attention cependant à ne pas se faire piéger au foyer. Si la personne qui gagne le moins prend en charge l'entretien du foyer pour payer moins, elle n'aura pas forcément le temps et les ressources pour chercher un travail qui lui permet de gagner autant que son ou sa partenaire. C'est donc un équilibre des tâches et des dépenses à rediscuter régulièrement pour que chacun-e puisse s'épanouir.

"Inégalité de salaire : quelles difficultés ?

Autre difficulté de cette répartition au prorata avancée par Hélène Belleau, c'est que “souvent, la personne qui gagne le moins finit par s'appauvrir”. Car, si “au début de la relation celui qui gagne le plus s'adapte à celui qui gagne le moins, cela ne dure pas”.

Au bout d'un certain temps, celui ou celle qui gagne le plus sera lassé-e de vivre en dessous de ses moyens et voudra faire plus de dépenses. Même si la répartition est équitable, le volume global augmente et la personne qui gagne le moins finit par vivre au-dessus de ses moyens.

Il faut donc réfléchir à séparer quelques dépenses spécifiques, notamment de loisirs, de cette répartition des dépenses… Sans non plus partir dans l'excès inverse, avec la personne qui gagne le plus qui offre tout le temps des choses à l'autre.

Nastasia, qui gagne plus que son compagnon, l'a envisagée pour son futur emménagement : “On a prévu de faire au prorata de nos revenus, tout en faisant en sorte qu'il ne soit pas en situation de “dépendant” et moi de “castratrice”.”

Pour elle, il faut veiller à ne pas donner un sentiment d'infériorité à celui des deux qui gagne le moins. “Si je me mettais systématiquement en position de pourvoyeuse, ça déstabiliserait mon couple”.

“La différence de salaires peut devenir un problème si l'argent est associé à un statut qui donnerait certains droits sur l'autre”, analyse Muriel Beaujean. “C'est une question de légitimité, celui qui gagne le moins se sentira moins légitime à dépenser”, complète Hélène Belleau.

Budget couple : Chacun pour soi et l'extinction du désir

Petit détour par une situation moins courante; mais qui mérite d'être évoquée. Il arrive qu'un membre du couple ne souhaite pas mettre en commun son argent avec l'autre. Une telle décision unilatérale peut avoir de lourdes conséquences.

L'autre conjoint peut percevoir cette décision comme un manque d'investissement affectif dans la relation, explique Muriel Beaujean. Elle prend pour preuve l'histoire d'un couple de sa ‘’patientèle’’.

L'homme, qui est cadre supérieur, refuse de mettre son argent en commun avec sa femme, qui est enseignante à temps partiel. “Elle le vit très mal et ne le sent pas pleinement investi dans leur vie conjugale, elle ne ressent plus aucun désir”.

Rien n'est anodin donc.