Le Kenya, une destination prisée pour les pêcheurs à la mouche

Si la pêche récréative est encore parfois regardée avec méfiance par les Kényans, car considérée comme un vestige de l'ère coloniale, elle attire de plus en plus de passionnés.

Le Kenya voudrait développer la pêche récréative, une activité sportive qui engendre des milliards de dollars à travers le monde.
Le pays est aujourd’hui l’un des plus importants fournisseurs mondiaux de "mouches", ces appâts artisanaux plébiscités par les pêcheurs du monde entier.

La truite arc-en-ciel et la truite brune originaire des Etats-Unis ont été introduites dans de nombreuses rivières du Kenya par les colons britanniques au début du XXe siècle. Se développe alors une pêche récréative, la pêche à la mouche.


Le Kenya est devenu au fil des décennies, une destination prisée des touristes. Si les poissons n'attirent pas encore autant que les grands félins des savanes, des passionnés viennent des quatre coins du monde pour aussi pratiquer la pêche dans les rivières et les lacs de montagne de la région de Mathioya. 

"Ici c'est le paradis. A deux heures de Nairobi, vous trouvez des rivières aux eaux cristallines, un village paisible, de la verdure... Les opportunités sont illimitées", déclare le propriétaire d’un complexe hôtelier surplombant la rivière Mathioya, qui descend du massif des Aberdare. "Imaginez passer la matinée (...) à pêcher et l'après-midi à faire des photos d'animaux sauvages. Où ailleurs pouvez-vous trouver ça ?", explique-t-il à l’AFP. 

Mais dans cette région qui a longtemps été un foyer de résistance aux Britanniques (en 1895, le pays est placé sous protectorat britannique avant de devenir une colonie en 1920, NDLR), "la pêche sportive est considérée comme un vestige de l'ère coloniale et faite pour les ‘mzung’ (les Blancs) pas pour les Africains", ajoute le propriétaire. Avant l'indépendance en 1963, et même encore après, de nombreux Kényans n’osaient pas se montrer avec une canne à pêche. 

Né dans un camp d'internement britannique, John Ngaii Moses est aujourd'hui guide de pêche. Mais si, comme ce professionnel qui aime raconter pouvoir "attacher une mouche de nuit sans lumière", un nombre croissant d'individus et d'entreprises s'intéressent à ce sport, ce sexagénaire fait figure d'exception dans un pays où la pêche récréative n'est pas encore très répandue.    LUIS TATO / AFP

Les Kényans pêchent avant tout pour se nourrir. Quand ils voient les pêcheurs à la mouche remettre à l'eau les poissons qu'ils attrapent, entre autres pour éviter la surpêche, pour eux c’est "une folie".   
Mais "les temps changent", explique Musa Ibrahim, administrateur et membre depuis 20 ans du Kenya Fly Fishers’ Club (KFFC) créé en 1919, devenant ainsi le plus ancien club de pêche d'Afrique. Il ajoute : "En ce moment, nous avons beaucoup de Kényans indigènes qui pêchent. Je suis l'un d'entre eux."Lire plus francetvinfo