Pourquoi il faut vraiment éviter les aliments ultra-transformés si vous voulez perdre du poids

En matière de santé, la nourriture ultra-transformée est pointée du doigt pour de nombreux problèmes de santé, parmi lesquels l'obésité. D'après une récente étude américaine, ces aliments nous pousseraient à consommer plus de calories et donc à prendre du poids. Des variations hormonales pourraient en être la cause.

Il n’y a sur le sujet aucune ambiguïté : les aliments ultra-transformés sont en grande partie responsables de la hausse alarmante de l’obésité, qui a, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), presque triplé dans le monde depuis 1975. Glucides, sucres ajoutés, sel et matières grasses, allègrement incorporés dans ce type de nourriture, font partie de la liste des accusés.

Mais selon une petite, mais très sérieuse étude américaine publiée jeudi 16 mai dans le journal Cell Metabolism, ces aliments pousseraient à ingurgiter davantage de calories qu'un régime sain équivalent en termes d'apports énergétiques et engendreraient une prise rapide de poids. Cela pourrait être dû, selon les chercheurs, à des changements hormonaux liés à l'alimentation.

Des régimes différents aux apports équivalents

Pour cette étude, les scientifiques ont recruté vingt participants - dix hommes et dix femmes - âgés de 31 ans en moyenne. La première moitié s’est nourrie de manière équilibrée et l’autre s’est alimentée avec de la nourriture ultra-transformée. Trois repas par jour, plus des en-cas, leur ont été proposés dans des quantités non limitées. Un petit-déjeuner ultra-transformé pouvait par exemple consister en un bagel avec du fromage à tartiner et du bacon de dinde, alors que le repas "plus naturel" proposait du gruau avec des bananes, des noix et de lait écrémé, détaillent dans un communiqué de presse les National institutes of health. Pour les deux régimes, les chercheurs se sont assuré qu'ils fournissaient à peu près la même quantité de calories, de glucides, de graisses et de sucres.

500 calories de plus par jour et une prise de poids importante

La batterie de tests destinés à évaluer l'évolution du poids, de la masse graisseuse ou encore des hormones, à laquelle ont été soumis les participants aurait donc du, en théorie, révéler des conclusions similaires. Il s'est pourtant avéré que la nourriture ultra-transformée a conduit les individus à consommer 500 calories de plus que les autres par jour. Des apports supplémentaires qui ont entraîné la prise d’en moyenne 900 grammes en deux semaines.

"Il s’agit d’une quantité de calories considérable, et elle s’est traduite par une modification importante du poids et de la graisse corporelle sur une période relativement courte", s’étonne auprès du New York Times Kevin Hall, l’auteur principal de l’étude et spécialiste de l’obésité à l’Institut national de diabète, de la digestion et des maladies rénales. "J’ai été surpris par l’ampleur des changements que nous avons pu observer". Les participants qui ont mangé équilibré, eux, ont perdu du poids.

Plusieurs pistes de recherches

Pour les chercheurs, les raisons de ces différentes évolutions restent encore inexpliquées. Interviewé par ABC News, Kevin Hall fait remarquer que les participants soumis au régime ultra-transformé avaient tendance à manger plus vite que les autres, ce qui ne laisserait pas le temps à leur corps de signaler à leur cerveau qu'ils sont repus. "Cela pourrait s'expliquer par une question de texture ou de propriétés sensorielles des aliments", soulève-t-il. Le scientifique note aussi les aliments proposés dans le régime ultra-transformé sont plus denses en calories que les autres. "Étant donné que ce sont des portions plus petites, si vous mangez à peu près le même nombre de grammes de ces aliments, vous recevrez naturellement plus de calories."

Une analyse du taux d'hormones des participants soulève une autre hypothèse : le niveau de l’hormone destinée à couper l’appétit, PYY-36, a augmenté chez les personnes se nourrissant d'aliments non transformés, tandis que l’hormone qui stimule la faim, la ghréline, a chuté. Kevin Hall et son équipe comptent désormais réaliser d’autres études pour comprendre pourquoi l’alimentation ultra-transformée pousse ses consommateurs à ingurgiter davantage de calories et à prendre du poids.