Mon mariage arrangé est devenu une histoire d’amour : mon parcours.
Je n’oublierai jamais le jour où ma mère est venue s’asseoir à côté de moi, ce soir-là, pour m’annoncer que ma famille avait quelqu’un en tête pour moi.
Je savais que ce moment arriverait un jour, mais je n’étais pas prête. Pas prête à confier ma vie à un homme que je ne connaissais pas. Pas prête à laisser les traditions décider de mon avenir sentimental. Pourtant, j’ai hoché la tête, par loyauté, par respect, peut-être aussi par peur de décevoir.
Le premier regard
Quand j’ai rencontré Souleymane pour la première fois, je n’ai rien ressenti. Rien de ce qu’on lit dans les romans ou qu’on voit dans les films. Il était poli, calme, posé. Moi, j’étais nerveuse, intérieurement en colère. Je le regardais comme on regarde un avenir que l’on n’a pas choisi.
Le jour du mariage, tout s’est déroulé dans un tourbillon. Les sourires, les félicitations, les musiques, les prières… Je me suis retrouvée mariée presque sans m’en rendre compte, comme si la vie m’avait poussée dans une direction sans me demander mon avis.
Les premiers jours : deux étrangers sous le même toit
Les premiers mois ont été les plus difficiles. Nous partagions la même maison, mais pas nos émotions. Il y avait entre nous un mur invisible, fait de prudence, de timidité et d’une forme de tristesse que je n’arrivais pas à nommer.
Pourtant, Souleymane ne m’a jamais brusquée. Il respectait mes silences, mes limites, ma distance. Parfois, je le surprenais à me regarder comme s’il cherchait un moyen de me mettre à l’aise, puis il baissait les yeux, comme pour ne pas m’effrayer.
Le début d’une brèche
Un soir, sans trop savoir pourquoi, nous avons parlé. Pas des banalités, pas de la famille, pas du quotidien. Nous avons parlé de nous.
Je lui ai confié que je rêvais d’apprendre à voyager seule. Il m’a raconté comment, enfant, il se voyait devenir professeur. J’ai souri, pour la première fois devant lui. Ce sourire, je m’en souviens encore. C’était comme un fil fin qui venait relier nos deux univers.
À partir de ce jour, quelque chose a changé.
Quand l’amitié s’installe
Il s’est mis à préparer le thé comme je l’aimais. Je lui laissais un mot discret lorsqu’il rentrait tard : "Bonne nuit, repose-toi."
C’était simple, c’était doux, c’était naturel.
Sans que je m’en rende compte, j’attendais nos conversations du soir. Je riais à ses plaisanteries. Je lui racontais ma journée avec plus de détails qu’avant. Et lorsqu’il traversait une mauvaise semaine, je sentais mon cœur se serrer. Une amitié était née.
Le moment décisif
Je me souviens d’un soir, sur notre balcon. Il faisait frais, le ciel était clair. Nous parlions, encore, comme toujours. À un moment, il m’a regardée un peu trop longtemps. J’ai senti mes joues chauffer.
Et c’est là que j’ai compris : j’étais en train de tomber amoureuse de mon mari.
Pas d’un mari imposé. Pas d’un inconnu. Mais de cet homme-là, celui qui m’écoutait, celui qui me respectait, celui qui me donnait de l’espace pour être moi-même.
De l’obligation au choix
Aujourd’hui, lorsque je pense à notre histoire, je souris.
Ce mariage, je ne l’ai pas choisi au départ. Mais l’amour, lui, oui.
Souleymane et moi avons bâti quelque chose de solide, de doux, de vrai. Rien n’a été précipité. Rien n’a été imposé. Nous nous sommes apprivoisés, lentement, patiemment, et l’amour a fait le reste.
Si je raconte mon histoire aujourd’hui, ce n’est pas pour défendre le mariage arrangé. Ce n’est pas non plus pour en faire un modèle.
C’est simplement pour dire que la vie surprend. Que l’amour peut naître là où l’on ne s’y attend pas. Et que parfois, les chemins les plus inattendus mènent aux plus belles rencontres.
Adama Doumbia
Photo d'illustration
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