Faire le choix entre ses deux amours est si difficile...

"Sous l’apparence d’une petite vie bien rangée se cache une histoire bien complexe qui me dépasse. J’ai tellement besoin d’aide, de soutien, de savoir que d’autres, peut-être, ont vécu des parcours aussi chaotiques et que tout a fini par s’arranger.

Tout commence en pleine adolescence. J’ai vécu un amour passionnel avec mon premier petit ami, à un âge où, sans doute, nous n’étions pas prêts à vivre un amour si fort. Notre passion devenait destructrice et son incapacité à intégrer la société m’insécurisait. Je l’ai alors quitté.


Quelques temps plus tard, j’ai connu celui qui deviendra vite mon époux. Quelqu’un de bien, pour qui j’ai un amour simple, sans passion, « raisonnable et rationnel », basé sur une coopération, sur des projets… qui me laisse un sentiment de fadeur à côté de mon précédent amour. Mais c’était mieux ainsi. Du moins, je m’en étais convaincue.



J’ai revu une fois mon amour passionnel et je suis tombée enceinte. Je n’avais pas de certitudes sur le père de ce bébé. J’ai choisi ce qui s’imposait : un père protecteur, plutôt qu’un père un peu marginal. Je n’ai confié mes doutes à personne. Je les ai gardé au fond de moi comme un poids d’une lourdeur infinie. Et j’ai continué « comme si de rien n’était ». Et puis j’ai eu deux autres enfants dont le père est avec certitude mon mari. 


Il y a deux ans, mon « amour passion » m’a recontacté. Nous nous sommes revus. Je l’aime toujours aussi intensément mais sans le côté destructeur. Il sait que j’ai des doutes sur le père de mon premier enfant, lui-même y a souvent pensé. Il rêve de vivre avec moi et mes enfants. Mais cela reste du domaine du rêve… Je n’arrive pas à quitter mon mari. Comment quitter un « homme parfait »? 


Je n’arrive pas à m’ôter la culpabilité de cette folle situation. Priver mes trois enfants de leur père ou priver le probable père de mon premier enfant de ne pas voir grandir son fils ? Vivre pleinement ma vie de femme ou continuer à simuler mon rôle de bonne épouse et de mère ? C’est comme une équation avec un facteur en trop… Et j’ai tendance à me dire que, finalement, le facteur le plus facile à supprimer, c’est moi. Je suis vraiment perdue."

Manon S.

Photo d'illustration